Monaco-Matin

Caravelle Ajaccio-Nice :la thèse du missile « solide »

Le doyen des juges d’instructio­n, Alain Chemama, a fait savoir vendredi aux parties civiles, que la thèse d’un tir militaire accidentel était prise « très au sérieux ». Le crash avait fait 95 victimes

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Lorsque la Caravelle Ajaccio-Nice s’est abîmée en mer, le 11 septembre 1968, Mathieu Paoli avait 23 ans. Ses parents y ont laissé la vie. Ils font partie des 95 victimes du crash qui s’est produit au large du cap d’Antibes. Vendredi matin, Mathieu a été reçu avec son frère, Louis, par le doyen niçois des juges d’instructio­n, Alain Chemama. Les deux frères se battent pour obtenir la vérité et ont constitué une associatio­n de victimes.

Selon leur avocat niçois, Me Paul Sollacaro, le juge d’instructio­n a affirmé que la thèse du missile ayant touché l’arrière de l’appareil « devait être prise très au sérieux ». L’enquête officielle avait conclu à un incendie d’origine accidentel­le à bord.

Selon Me Sollacaro, le juge d’instructio­n a même estimé qu’elle était « plausible et solide ». Fait inhabituel, le doyen des juges d’instructio­n a reçu les parties civiles en présence de son successeur, le juge Maryline Nicolas. « C’est, me semble-t-il, la preuve qu’ils prennent ce dossier très au sérieux. » Le doyen Chemama doit en effet quitter ses fonctions à la rentrée.

Levée du secretdéfe­nse

Le 18 décembre 2018, le chef de l’État, Emmanuel Macron, avait adressé une lettre en réponse aux élus qui lui avaient demandé la levée du secret-défense, cinquante ans après le crash de la Caravelle Ajaccio-Nice. « Soyez certain que je partage votre volonté que la lumière soit faite sur cette tragédie. Nous le devons aux victimes et à leurs familles. » Une véritable avancée, se réjouissai­ent alors les parties civiles. Mais, depuis, la missive est restée lettre morte. Pire, selon les parties civiles, le juge d’instructio­n semble avoir toutes les difficulté­s à se faire transmettr­e les pièces demandées.

Depuis 2014, Alain Chemama cherche à établir s’il y a eu dissimulat­ion de preuves et entrave à la justice. En avril 2018, il avait demandé cette levée du secret-défense, afin de faire toute la lumière. Emmanuel Macron était donc allé dans son sens. «Lejugenous­aexpliqué qu’il avait le sentiment que, quelque part, on essayait de gagner du temps sur la recherche de documents dont il a demandé la transmissi­on. Le sentiment de se faire balader en quelque sorte. Un exemple, on lui explique que l’endroit, à la cave, où se trouvent certaines pièces, aux archives de Fontainebl­eau, est dangereux et qu’il est compliqué d’y descendre », explique Me Sollacaro. Pour l’avocat des parties civiles, ce rendez-vous est une nouvelle avancée majeure : « Qu’un juge d’instructio­n dise que la thèse qu’il développe, à savoir celle d’un missile, prévaut sur celle de 1968, c’est-à-dire l’accident, c’est d’une importance capitale pour les parties civiles. » Le 11 septembre prochain, cela fera 51 ans que la Caravelle s’est abîmée en mer. Mathieu Paoli aura 75 ans.

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La Caravelle F-BOHB avant son décollage de l’aéroport d’Ajaccio, le matin de la catastroph­e, le  septembre . (DR)

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