Le périple estival de Gérard Larcher
Après le Grand Débat d’Emmanuel Macron, voici les grandes conventions de Gérard Larcher. Le président du Sénat poursuit donc son tour de France qui, passant par les Hauts-de-France, fait aujourd’hui étape dans les Alpes-Maritimes. Avec un objectif à la fois simple et difficile. Simple, parce qu’il s’agit d’une démarche de terrain, faite pour rassembler la droite et le centre autour d’un projet commun, élaboré à partir de territoires pour refonder, comme il le dit, un projet, une pensée politique
à l’usage des Républicains qui n’en ont plus beaucoup. Dans son périple, Gérard Larcher a pour lui une légitimité certaine : à la tête du Sénat, il fait preuve depuis des années d’une modération en même temps que d’une volonté de fer de maintenir à tout prix la cohésion des Républicains, qui ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde, même dans un hémicycle aussi ouaté que celui du Palais du Luxembourg. Qu’il parte en croisade, en plein été, n’est au surplus pas étonnant : il sait que le visage du Sénat
peut changer du tout au tout si, à l’occasion des municipales, LREM réussit son OPA sur les élus Républicains. Les sénateurs étant désignés par les grands électeurs locaux, plus il y a de Républicains parmi eux, plus sûre est la reconduction d’une majorité Républicaine à la seconde Assemblée. C’est donc autant pour la stabilité du Sénat que pour la définition
d’une nouvelle stratégie, d’une pensée nouvelle des Républicains que Gérard Larcher parcourt la France. S’il ne le fait pas, qui d’autre dans son mouvement serait plus qualifié pour le faire ? Il n’en reste pas moins que sa démarche est difficile. D’abord parce qu’elle est parallèle à la désignation d’un nouveau président
« Gérard Larcher sait que le visage du Sénat peut changer du tout au tout à l’occasion des municipales. »
pour LR, pour lequel Christian Jacob semble tenir la corde. Il faudra bien que Larcher et Jacob accordent leurs violons. Et puis surtout parce qu’entre le centre libéral d’Emmanuel Macron et la droite autoritaire de Marine le Pen, l’espace politique s’amenuise.
« On est devenu un Tea Party à l’américaine, on s’est éloigné d’un parti de gouvernement », a déploré François Baroin vendredi dernier. À Gérard Larcher, parti en éclaireur, de retrouver la trace de ce parti de gouvernement égaré.