Monaco-Matin

Le périple estival de Gérard Larcher

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Après le Grand Débat d’Emmanuel Macron, voici les grandes convention­s de Gérard Larcher. Le président du Sénat poursuit donc son tour de France qui, passant par les Hauts-de-France, fait aujourd’hui étape dans les Alpes-Maritimes. Avec un objectif à la fois simple et difficile. Simple, parce qu’il s’agit d’une démarche de terrain, faite pour rassembler la droite et le centre autour d’un projet commun, élaboré à partir de territoire­s pour refonder, comme il le dit, un projet, une pensée politique

à l’usage des Républicai­ns qui n’en ont plus beaucoup. Dans son périple, Gérard Larcher a pour lui une légitimité certaine : à la tête du Sénat, il fait preuve depuis des années d’une modération en même temps que d’une volonté de fer de maintenir à tout prix la cohésion des Républicai­ns, qui ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde, même dans un hémicycle aussi ouaté que celui du Palais du Luxembourg. Qu’il parte en croisade, en plein été, n’est au surplus pas étonnant : il sait que le visage du Sénat

peut changer du tout au tout si, à l’occasion des municipale­s, LREM réussit son OPA sur les élus Républicai­ns. Les sénateurs étant désignés par les grands électeurs locaux, plus il y a de Républicai­ns parmi eux, plus sûre est la reconducti­on d’une majorité Républicai­ne à la seconde Assemblée. C’est donc autant pour la stabilité du Sénat que pour la définition

d’une nouvelle stratégie, d’une pensée nouvelle des Républicai­ns que Gérard Larcher parcourt la France. S’il ne le fait pas, qui d’autre dans son mouvement serait plus qualifié pour le faire ? Il n’en reste pas moins que sa démarche est difficile. D’abord parce qu’elle est parallèle à la désignatio­n d’un nouveau président

« Gérard Larcher sait que le visage du Sénat peut changer du tout au tout à l’occasion des municipale­s. »

pour LR, pour lequel Christian Jacob semble tenir la corde. Il faudra bien que Larcher et Jacob accordent leurs violons. Et puis surtout parce qu’entre le centre libéral d’Emmanuel Macron et la droite autoritair­e de Marine le Pen, l’espace politique s’amenuise.

« On est devenu un Tea Party à l’américaine, on s’est éloigné d’un parti de gouverneme­nt », a déploré François Baroin vendredi dernier. À Gérard Larcher, parti en éclaireur, de retrouver la trace de ce parti de gouverneme­nt égaré.

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