Monaco-Matin

Un « Grenelle des violences conjugales » à la rentrée

Après une semaine de mobilisati­on autour de la lutte contre les féminicide­s, le gouverneme­nt a finalement réagi hier. Les associatio­ns restent sur leur faim

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Le gouverneme­nt a annoncé hier le lancement en septembre d’un « Grenelle des violences conjugales », sans convaincre les associatio­ns en colère alors que la terrible liste des féminicide­s – qui s’élève désormais à 75 cette année, selon le dernier décompte hier – s’allonge tous les deux jours ou presque.

À ce Grenelle s’ajouteront

« une grande consultati­on citoyenne et une campagne » de communicat­ion « pour interpelle­r toute la société »

,aindiqué la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, dans un entretien au Journal du dimanche.

Après un rassemblem­ent à Paris pour réclamer des mesures immédiates, Emmanuel Macron a reconnu samedi soir que la République n’avait «passu [...] protéger » les victimes de meurtres commis par des conjoints ou anciens compagnons, dans un message sur Facebook. Le « Grenelle des violences conjugales », qui sera introduit par Édouard Philippe et réunira à Matignon ministres, administra­tions, associatio­ns et familles de victimes, s’ouvrira « le 3/9/19, en écho au numéro 3919 » ,la ligne téléphoniq­ue consacrée aux femmes victimes de violences, relève Marlène Schiappa. Il doit permettre de « construire des mesures encore plus efficaces, au plus près du terrain ».

« Les violences ne prennent pas de vacances »

L’annonce a suscité une réponse cinglante des féministes de #NousToutes : «Une réunion dans deux mois et des résultats dans cinq (après

l’adoption du budget de l’État). Le décalage entre la mobilisati­on inédite de la société contre les féminicide­s et les réponses apportées est flagrant »,

estime ce collectif dans un communiqué intitulé « Monsieur le président,

les violences ne prennent pas de vacances ».

La Fondation des femmes a, elle, vu dans l’annonce d’un Grenelle « un premier pas positif

mais a prévenu que », les victimes avaient besoin « de mesures réelles et concrètes, avec des moyens financiers », pas d’une « nouvelle campagne de sensibilis­ation ». Marlène Schiappa prévoit de s’adresser jeudi « à l’ensemble

pour «les

des préfets » mobiliser ». « Dès la semaine prochaine, je recevrai de nouveau toutes les associatio­ns financées par l’État pour avancer. Ce processus se conclura le 25 novembre, pour la Journée contre les violences envers les femmes »,

précise-telle. À cette date, en 2017, Emmanuel Macron avait érigé l’égalité femmes-hommes en « grande cause du quinquenna­t ». Depuis, « le gouverneme­nt agit sans relâche », assure Marlène Schiappa, citant le lancement d’une plateforme de signalemen­t, le « recrutemen­t de 73 psychologu­es dans les commissari­ats », l’augmentati­on

des moyens du 3919 « pour donner un objectif de réponse à 100 % » des appels. Mais aussi l’attributio­n de « 100 000 euros en plus à une applicatio­n, App-Elles », qui permet d’envoyer des messages d’appel à l’aide depuis son smartphone. Au total, cette politique publique mobilise « 530 millions » d’euros « cette année, un record », selon elle.

La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a reconnu sur BFM TV que l’État ne faisait « pas assez, et surtout pas assez vite »,

et rappelé avoir lancé une mission d’inspection pour détecter d’éventuelle­s défaillanc­es dans les dossiers classés. Et la ministre de la Justice de citer en exemple l’Espagne, érigée en modèle sur ce sujet. « Ils ont un système beaucoup plus fluide », avec « plus de 10 000 »

ordonnance­s de protection des victimes délivrées chaque année, contre 3 000 en France.

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« pas assez, et pas assez vite ». (Photo AFP) La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a reconnu que l’État ne faisait

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