En Grèce, la droite revient au pouvoir
Le Premier ministre grec sortant Alexis Tsipras a reconnu hier soir sa défaite aux législatives après la victoire sans appel de la droite. Pour ces premières élections parlementaires depuis que leur pays a échappé à la faillite, les Grecs ont choisi Kyriakos Mitsotakis, 51 ans, comme leur futur chef du gouvernement : sa formation Nouvelle Démocratie (ND) a obtenu 39,7 % des suffrages contre 31,4 % pour Syriza, celle de M. Tsipras, selon des résultats partiels portant sur plus de 50 % des bureaux de vote. À la Vouli, le Parlement grec, les conservateurs détiendraient ainsi 158 des 300 sièges, tandis que le parti de gauche radicale n’en conserverait que 86 sur les 144 qu’il avait dans l’assemblée sortante. Trois ans après avoir pris les rênes du parti conservateur, Kyriakos Mitsotakis, perçu comme un réformateur proche des milieux d’affaires, a promis de « relancer l’économie » et de « laisser la crise derrière nous ». Au siège du parti, hier soir, ses militants se réjouissaient qu’ «une page se tourne ». Efi Louka,
une employée de la compagnie de téléphonie publique OTE, a fait le déplacement depuis Lamia pour « fêter ce changement » : « La Grèce a besoin d’investissements, d’un État qui fonctionne. Seul un dirigeant éduqué et expérimenté comme Kyriakos Mitsotakis peut apporter un changement constructif », estime-telle.
Le retour de la « familiocratie »
L’élection de ce fils de Premier ministre, descendant d’une dynastie politique, signera le retour de la « familiocratie » au gouvernement grec – une tradition qu’Alexis Tsipras avait interrompue. Surgissant en janvier 2015 dans une Grèce en plein chaos, terrassée par la crise de la dette et la cure d’austérité imposée par ses créanciers, l’UE et le FMI, il avait suscité l’espoir chez un peuple abasourdi par les faillites et les plans sociaux. Mais le jeune leader de gauche radicale a ensuite fait volteface, forcé d’accepter un plan de sauvetage assorti de sévères mesures pour empêcher la sortie de la zone euro. Sonné par un échec cinglant aux élections européennes et locales, fin mai et début juin, Alexis Tsipras, dont le mandat s’achevait théoriquement en octobre, a tenté un coup de poker risqué en convoquant lui-même ces élections anticipées. Mais il a cette fois perdu son pari. « Nous avons appliqué une politique des finances impopulaire et pro-bancaire, une recette qui conduit à l’usure » ,a confié Nikos Xydakis, un exdéputé du Syriza et ancien ministre de la Culture, qui a reconnu que son parti avait fait « trop de promesses ».