À Caussols, on tire au laser sur les
Observatoire de Calern, sur le plateau de Caussols. Paysage… lunaire. Des coupoles blanches se détachent d’un décor aride. Au fond de cette sorte de camp de base, la plus grosse d’entre elles. Fendue en deux, ouverte en direction du ciel…
À l’intérieur, GéoAzur, un laboratoire de l’observatoire de la Côte d’Azur, rattaché administrativement
à Sophia Antipolis. Là, une équipe de dix personnes, sous la houlette du responsable de la plateforme, Clément Courde, étudie la géodésie spatiale : l’étude de la terre par des moyens spatiaux. Et pour cela, ils disposent d’un instrument hors norme : une station de télémétrie laser qui opère sur les satellites… Mais aussi et surtout sur la Lune. Un télescope éléphantesque – 1,5 m de diamètre pour 20 tonnes – avec lequel on ne regarde pas seulement les étoiles, mais « on tire au laser » sur l’astre lunaire. Un laser aux très hautes performances. « Un tir, c’est 3 gigawatts, 300 millijoules en 100 picosecondes. C’est une impulsion ultracourte et ultrapuissante », explique Clément Courde, ingénieur de recherche au CNRS. Il peut tirer dix fois en une seule seconde. De jour comme de nuit. La journée, le télescope « vise » les satellites. « En ce moment, au-dessus de nous, il y a trois Galileo de la constellation européenne. Dont Galileo 213, il est actuellement à 24 000 km et la lumière du laser met 161 millisecondes pour faire l’aller-retour. Il y a aussi un satellite de la constellation chinoise Bedou 3M10 », commente le jeune scientifique devant un écran de contrôle. GéoAzur est l’unique station de ce type en France. « Les premiers tirs ont été effectués au tout début des années 80. On travaille en réseau international : ILRS international laser ranging service », dévoile Clément Courde. Quarante stations à travers le monde font le même travail, mais quatre d’entre elles seulement sont capables de faire de la télémétrie laser sur la Lune : une aux États-Unis, une en Allemagne et une en Italie. Et GéoAzur est le leader. « On contribue à 93 % de données mondiales », révèle le patron de la plateforme. Qui poursuit : « Nos observations sont filtrées et ça sert à des chercheurs partout sur la planète. »
Ici, l’équipe s’occupe de tous les satellites entre 400 et 400 000 km. Et 400 000 km, c’est la Lune ! Mais comment font-ils pour que l’écho du laser revienne vers eux ? Pour la Lune, ils se servent d’éléments déposés par les différentes missions lunaires, dont celle d’Apollo 11 ! « Lors de leur mission en 1969, les deux astronautes ont déposé des appareils : un sismographe et un panneau avec 100 coins de cube à l’intérieur. Il fait 50 cm sur 50 cm. On tire dessus. » Vulgairement, un coin de cube est une sorte d’assemblement de miroirs qui a la propriété
‘‘
Seulement quatre stations dans le monde”
de renvoyer la lumière dans la même direction que le faisceau incident et ce, peu importe l’inclinaison de l’objet (lune ou satellite) sur lequel le laser tire. « Cela permet à toutes les stations de tirer en même temps. Avec un simple miroir ce serait quasiment impossible ».
La Lune est actuellement équipée de plusieurs de ces panneaux : un déposé par Apollo 11, le même par Apollo 14, un autre par Apollo 15 mais plus gros : 300 coins de