Monaco-Matin

« Il ne faut pas péter les plombs »

Questions à Jean-Pierre Dick, 4e du Vendée Globe en 2013 et 2017, vainqueur du Tour de France en 2001

- RECUEILLI PAR C.R.

Jean-Pierre, vous connaissez bien le Tour, à quel final s’attendre aujourd’hui ?

On assiste à des régates de très haut niveau, avec ce duo qui s’est dégagé (Beijaflore et Cheminées Poujoulat, ndlr). La course n’est pas jouée et ce sera un beau final, surtout dans des airs légers et un peu évanescent­s. Ce qui va faire la différence, ce sont les nerfs. Chacun va devoir jouer sa partition. Il ne faut pas péter les plombs et réussir à se préoccuper de l’adversaire sans tomber dans l’excès. Comme une finale de Ligue des champions de football, ça va se jouer sur des détails, où le diable se cache. Il va falloir une cohésion entre les équipiers, sans perdre son influx. Cinq points d’écart, avec des points qui compteront double lors de la Super Finale, ça peut aller vite.

Quels souvenirs gardez-vous de votre victoire sur le Tour en , même si le format était différent, construit autour de la course au large ?

Il y avait quand même des régates en stades nautiques. Et ce dont je me souviens, c’est de l’énergie que j’avais pu mettre dans ce projet, notamment dans les réglages de tous les éléments, que ce soit sur terre et en mer. Avant de gagner en , ça a été plusieurs participat­ions, je pense à celle de . C’est trouver l’alchimie avec l’équipage. C’est quelque chose d’important sur le Tour de France.

Ce Tour a lancé votre carrière…

Il m’a permis d’avoir mes premiers sponsors, de fidéliser Virbac. Quand vous gagnez un tel événement, vous êtes un peu sur un nuage pendant quelques mois. Vous pouvez ensuite proposer un projet plus ambitieux à vos équipes, aller voir d’autres horizons. C’est un tremplin. Moi, lorsque j’ai gagné, je suis allé voir mes sponsors pour leur parler du Vendée Globe et ils ont mordu. Ça a déclenché quelque chose. J’avais gagné en crédibilit­é.

Quel coureur a marqué votre esprit dans ce cru  et pourrait voir plus loin ?

Je suis assez proche de Robin Follin

(le skipper de Cheminées Poujoulat, e du général). Il est un peu Niçois parce qu’il est Maximois. J’ai navigué avec lui aussi. J’ai des accroches. Je suis attentif également à la démarche de Valentin (Bellet, skipper de Beijaflore, le leader de la flotte) .Ilaeuune frustratio­n l’an dernier (après sa e place finale) et je trouve remarquabl­e qu’il ait su maintenir la barre. J’aime cette ténacité. Lorina l’an dernier était vraiment très consistant et difficile à battre.

Là, il peut aller au bout.

Où en est le développem­ent de votre circuit Easy to Fly (petits catamarans volants grâce aux foils) ?

Il avance bien. Cette année, on a réussi à faire une très belle saison, avec quatre étapes européenne­s. Le Team ABC/Ville de Nice a terminé en seconde position de ces Easy to Fly Series. On parle de bateaux de régates dotés de la même technologi­e que celle des Ultim (classe de bateaux de

 m qui incarne l’avenir de la voile).

La première année nous étions cinq embarcatio­ns, sept cette saison.

Mon ambition, c’est d’être huit ou neuf à l’avenir.

La course au large, c’est définitive­ment derrière vous ?

Non, je maintiens le lien. Je reviens d’ailleurs d’une transatlan­tique entre Newport (Etats-Unis) et Cowes (Angleterre), dans un objectif de formation de gens qui rêvent de faire de la course au large. Un retour un jour sur le Vendée ? J’ai tourné une page. On est trois dans ce monde à en avoir quatre dont trois de terminés. Je peux être fier de ça (sourire). Je me suis toujours inscrit dans une démarche pour gagner les courses. Il y a tout le temps eu un petit grain de sable sur le Vendée, ça reste une frustratio­n sportive. J’ai estimé qu’à  ans l’âge pour gagner le Vendée était passé.

Si je reviens sur cette course un jour, ce sera pour le plaisir.

 ?? (Photo C.R.) ??
(Photo C.R.)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco