COUPS DE CHAUD AUX URGENCES DU CHPG
La canicule ne passe pas inaperçue au centre hospitalier Princesse-Grace qui accueille chaque jour des patients déshydratés ou victimes de coups de chaud. Les médecins racontent.
Quel point commun entre un couvreur de moins de 25 ans qui oeuvre à l’étanchéité d’une terrasse en utilisant un chalumeau et un poète anglais octogénaire retrouvé hier matin mal en point par son infirmière ? Sans doute rien sinon un coup de chaleur hier matin !
« Il faisait 50 degrés dans l’appartement et le vieil homme avait 39 de fièvre, explique le docteur Frédéric Brod, chef de service adjoint des urgence du Centre Hospitalier Princesse Grace (CHPG). Ily a beaucoup de coups de chaleur en ce moment. Mais nous n’avons pas constaté de décès. »
Premières victimes de la canicule : les personnes âgées qui vivent seules chez elle. « Les déshydratations vont très vite et provoquent des confusions. C’est important de rester en contact avec le voisinage. »
Le Professeur Yann-Erick Claessens, chef de service des urgence a accueilli, lui, quelques heures plus tôt, le jeune ouvrier en bâtiment « totalement déshydraté ». « Quand les patients arrivent aux urgence parce qu’ils ont accumulé trop la chaleur, ils sont fébriles. Ils présentent des troubles de la vigilance et du comportement. Certains sont plus fragiles que d’autres, notamment les malades qui suivent un traitement cardiogénique qui doit être adapté quand il fait chaud. Or c’est très difficile de trouver un équilibre entre la
bonne hydratation, le bon dosage de médicaments et la chaleur inhabituelle. »
Ceux qui n’ont jamais soif
D’autres personnes, notamment les seniors, ont ainsi une diminution de la perception de soif. Les neuroleptiques ou les psychotropes altèrent aussi la sensation de soif. « C’est pour cela que les patients psychiatriques sont aussi à risques, souligne le chef de service des urgence. Chez eux, pas besoin de très grandes chaleurs pour les rendre très malades. » Avec des pics de température semblables à ceux de la canicule de 2003, peut-on craindre les mêmes effets dramatiques quant à la mortalité ? « Grâce à des campagnes dorénavant systématiques, la prévention fonctionne bien heureusement, note le professeur Yann Erick Claessens. Nous voyons donc les patients beaucoup plus précocement. En 2003, les vieillards arrivaient avec plus de 40 de fièvre et le mal était déjà fait. Aujourd’hui, ils sont mieux surveillés, les médecins ont appris à adapter certains traitements et les gens se sont dotés de ventilateurs ou de climatiseurs. Mais surtout, l’entourage est beaucoup plus sensible. »
Alors on ne le répétera jamais assez, la meilleure prévention, c’est l’absorption d’au moins un litre et demi par jour. De l’eau bien sûr, parce que « l’alcool déshydrate encore plus », explique le Docteur Frédéric Brod. Mais aussi se couvrir avec du linge humide, ne pas s’exposer au soleil, faire des courants d’air dans son logement et fermer les volets. Près pour une bonne sieste ?