Premier concert du festival dans la basilique... depuis ans !
Pour la première fois depuis dix ans, la pluie a obligé le concert de samedi à se dérouler dans l’église. Aujourd’hui, place à un quatuor à cordes au palais de l’Europe
Un vieux Mentonnais lui avait dit : « Si vous voyez des nuages sur le Berceau, c’est qu’il pleuvra le soir ». Alors, sur les coups de 20 heures, samedi soir, le directeur du Festival Paul-Emmanuel Thomas est allé voir s’il y avait des nuages au-dessus du Berceau – cette échancrure entre deux montagnes qui domine Menton au-delà du Garavan. Constatant, en effet, une présence nuageuse et prenant en plus l’avis de Météo-France sur son smartphone, Paul-Emmanuel Thomas décida pour la première fois depuis sept ans qu’il est directeur du Festival, que le concert aurait lieu dans la basilique et non sur le parvis.
Oubliées les conditions climatiques !
Bien lui en prit car lorsque les spectateurs commencèrent à arriver, la pluie se mit à tomber. Les spectateurs s’installèrent dans l’étuve de l’édifice religieux et, au milieu d’une chaleur moite, le concert put commencer. C’était celui du grand flûtiste Emmanuel Pahud avec ses trois camarades violoniste, altiste et violoncelliste du Philharmonique de Berlin. Cela faisait dix ans que les intempéries n’avaient contraint à un repli dans l’église. Les vieux festivaliers se souvenaient des concerts qu’y avaient été obligés d’y donner, il y a longtemps, le claveciniste Robert Veyron-Lacroix, puis, plus tard, le pianiste Christian Zaccharias, et plus près de nous la cantatrice Teresa Berganza ou la pianiste Elisabeth Leonskaïa. Il y en a certainement eu d’autres. Les lecteurs nous écriront. C’est la météo qui oblige. Elle arrive bien à arrêter le Tour de France, alors vous pensez le Festival de Menton !
Quelle que soit la beauté de la basilique, le charme du Festival demeure attaché au site du parvis, perché au-dessus de la mer sous le ciel étoilé. Hors du parvis, le Festival n’est plus le même. Donc, samedi soir, Emmanuel Pahud joua dans la basilique. La beauté de son jeu fut telle qu’on oublia rapidement les conditions climatiques. Sa flûte était en or – un or à 14 carats pour le corps de l’instrument fabriqué à Boston, et à 22 carats pour l’embouchure fabriquée à Paris. (On se croirait dans une chronique de la place Vendôme !)
Deux quatuors de Mozart répandirent leur grâce infinie. Lorsque s’acheva le Quatuor Américain de Dvorák (dont la partie originale de premier violon était jouée par le flûtiste), la salle se leva, transpirante, enthousiaste et admirative. Au bout du compte, le concert avait été un succès.
On pouvait transformer la célèbre expression « Mariage pluvieuxmariage heureux » en « Concert pluvieux- concert heureux ! »