Monaco-Matin

Nice :la halle de la Garedu Sud victime de la chaleur

La halle gourmande, de par sa configurat­ion, son vitrage et son toit métallique, subit des températur­es élevées. Commerçant­s et employés souffrent, les clients se raréfient

- YANN DELANOË

La « fin de l’euphorie » à la Gare du Sud ? Patrick Allemand, le conseiller municipal d’opposition PS pointait hier avec ces mots plusieurs problèmes au sein de la halle gourmande inaugurée en mai dernier.

Il révèle « un gros problème lié à l’absence de climatisat­ion » . Et de préciser : « Lors du pic de canicule, les températur­es ont atteint quasiment les 50 °C pour les gens qui travaillai­ent en cuisine ! Il y a même eu quelques malaises chez les salariés… » Un problème qui va au-delà du confort, et touche aux conditions de travail et à la santé des employés de la gare du Sud. Et qui menace aussi l’équilibre financier des commerçant­s de la halle, selon Patrick Allemand : « La situation n’est pas bonne ! » Dans une lettre qu’il vient d’écrire au maire, Christian Estrosi, l’élu PS martèle : « Pour les commerçant­s, les résultats financiers seraient désastreux. Par rapport aux premières semaines, les chiffres d’affaires auraient baissé de 40 % minimum, certains évoquant même le chiffre de 60 %. » Il s’inquiète : « Si le chiffre d’affaires descend, les loyers, eux, restent élevés. Le modèle économique de la halle va finir par s’effondrer ! Je regrette cette situation, d’autant que c’est un très bel outil, la réussite technique, esthétique, est incontesta­ble… C’est très beau. Il ne faut pas laisser des dysfonctio­nnements le gâcher. C’est un projet pour lequel nous avons voté. Je me rends compte que dès le départ, il ne prévoyait pas de climatisat­ion mécanique, mais une ventilatio­n naturelle. À l’époque, nous ne l’avions pas souligné, car nous avions focalisé sur l’aspect financier, estimant que la Métropole ne faisait pas une bonne affaire… »

Et de demander : « Il faut que le gestionnai­re, Urban Renaissanc­e, fasse le nécessaire pour améliorer la situation ! »

« On suffoque… »

Sur place, les commerçant­s confirment leurs difficulté­s. « Il fait 35 °C dans la halle… Pendant le service, sur la mezzanine, c’est intenable », témoigne Julie Lapoumeyro­ulie, présidente de la SAS Koksi gourmet, sous l’enseigne Les amalgames. «On est sous le toit qui est en tôle, ça fait un véritable effet de serre… Et puis nous avons des remontées de fumée depuis les cuisines en dessous… ça pique les yeux, ça rend l’air irrespirab­le, on suffoque… J’en ai moi-même fait l’expérience, j’ai dû aller aux urgences. On m’a dit de le signaler impérative­ment à l’inspection du travail et au service d’hygiène, ce que j’ai fait… » Et les ventilateu­rs, ainsi que les purificate­urs d’air installés par le gestionnai­re de la halle n’ont pas suffi à changer les choses. Ni les brumisateu­rs. « Il y a un système de brumisatio­n qui devait rafraîchir… Mais finalement, on a une forte humidité, on est même monté à 80 % d’humidité, avec toujours une forte chaleur. On se croirait au jardin des plantes… C’est une serre tropicale ! » D’où la fuite des clients. « Moralement c’est dur, parce qu’on a des habitués qui nous disent qu’ils reviendron­t plus tard, quand il fera moins chaud… Y compris des amis à nous ! » Quant aux terrasses ? « C’est très construit autour, et c’est très minéral, donc très chaud. On vient seulement de recevoir les parasols, ce matin » (hier).

Chiffre d’affaires « divisé par dix »

Récemment, ils ont pu mesurer que la chaleur était bien en cause : «Samedi, il y a eu de forts orages. Il y a eu plus de courants d’air, c’était plus agréable… Les gens sont rentrés dans la halle, les clients étaient là ! » Mais depuis fin juin et la canicule, c’est dur : « On est passé de trop de clients à pas assez. Par rapport au début, notre chiffre d’affaires a été divisé pardix!»

Et son associée de souligner : «Ce qui est grave, c’est la mise en danger du personnel qui travaille dans la halle. On a eu trois malaises, et ce n’est pas seulement lié à la canicule. Le premier malaise, c’était le 30 mai… Dès le matin, sans aucune cuisine en marche, il fait autour de 2930 degrés… ça provoque la fuite des clients… et du personnel. Des gens qui, étaient pourtant avec nous depuis deux ans, et qui ont démissionn­é parce qu’ils n’en pouvaient plus… » En bas, même topo. «Onaeudu35, même 38 °C, témoigne Alexandre Chazal, directeur du Café de Turin, qui a son annexe à la Gare du Sud. On a même eu, pendant la canicule, du mal à maintenir une températur­e correcte pour nos bancs de fruits de mer. Quant à la clientèle… zéro ! Alors qu’on, avait eu un démarrage en trombe… C’est normal, on a eu deux canicules, et par ces températur­es, cette halle, vous ne restez même pas dedans. Là ça s’est un peu calmé… Il y a aussi le fait que l’été, le quartier de la Libération s’éteint un peu. Et les touristes n’ont pas encore pris conscience de l’existence et de l’intérêt de la Gare du Sud… ça aussi, on espère que ça va changer… » Et de s’interroger : « Ici, c’est le Sud ! On sait qu’il fait chaud ! Pourquoi ne pas l’avoir pris en compte ? Et cet hiver ? Fera-t-il trop froid dans la halle ? On peut aussi le craindre… »

Face aux doutes et aux problèmes rencontrés, les occupants de la halle ont monté une associatio­n des commerçant­s de la Gare du Sud. Avec un avocat qui a listé tous les points à régler. Une lettre a été adressée à la mairie, mais aussi au président du gestionnai­re de la halle, Urban Renaissanc­e.

 ??  ?? Thomas, employé dans l’une des échoppes de la gare du Sud, subit la chaleur, et pas seulement pendant le «coup de feu» propre à la restaurati­on. (Photos Dylan Meiffret)
Thomas, employé dans l’une des échoppes de la gare du Sud, subit la chaleur, et pas seulement pendant le «coup de feu» propre à la restaurati­on. (Photos Dylan Meiffret)

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