Monaco-Matin

Le coin savant : le « Carnaval » de Schumann

- A.P.

Le « Carnaval » de Schumann, qui sera joué ce soir par Bertrand Chamayou, est constitué d’une série de vingt pièces pittoresqu­es qui s’enchaînent.

On peut, bien sûr, les écouter en continuité sans remarquer le passage de l’une à l’autre. Mais il est intéressan­t de connaître les significat­ions de ces diverses pièces. Elles recèlent des secrets.

Si Schumann a beaucoup utilisé dans cette oeuvre les quatre notes la, mi-bémol, do, si c’est qu’elles correspond­ent, dans l’alphabet musical allemand, aux quatre lettres A, S, C, H qui formaient le nom du village dans lequel habitait sa fiancée Ernestine. Les différente­s pièces font référence à divers personnage­s. Il y a bien sûr les personnage­s traditionn­els du carnaval : Pierrot, Arlequin, Pantalon et Colombine. Mais d’autres personnage­s bien réels se mêlent eux. Il y a tout d’abord Eusebius et Forestan. Ce sont les doubles de Schumann lui-même : Eusebius est son double mélancoliq­ue et Florestan son double emporté et colérique.

Plus loin, Schumann évoque le personnage de « Chiarina » (la « chérie »). S’agit-il de sa fiancée Ernestine ? Non, de la nouvelle femme qu’il a rencontrée et qui deviendra sa femme : Clara ! C’est un aveu, derrière le masque.

Dans sa galerie de personnali­tés carnavales­ques, Schumann évoque curieuseme­nt deux autres personnage­s bien réels dont on s’étonne qu’ils se trouvent là : le compositeu­r Chopin, évoqué dans une page éminemment romantique, et le violoniste Paganini, décrit au travers d’une page virtuose à l’extrême !

Certes, on peut entendre ce « Carnaval » de Schumann comme il vient, en une seule coulée, mais le fait d’en connaître les secrets accroît son intérêt.

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