Monaco-Matin

Les frères Tourteaux : « Un manque à gagner de   euros en  »

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À Menton, le Mirazur, qui figure en tête du classement mondial 50 Best et affiche trois étoiles au Michelin, demande une empreinte bancaire à chaque réservatio­n. A Nice, les frères Tourteaux également, leur restaurant Le Flaveur, doublement étoilé, ne pouvant se permettre de perdre des clients. Le « no-show » ? « C’est une plaie », résume Gaël Tourteaux, ce chiffre à l’appui : «En 2017, ce fléau nous a fait perdre 15 000 euros. Ce qu’une petite structure comme la nôtre ne peut pas supporter. À raison de vingt couverts par service, une table de quatre qui n’honore pas sa réservatio­n, c’est le quart du chiffre d’affaires qui s’envole. Les produits frais du jour, les salaires de l’équipe et tous les autres frais fixes, eux, sont bien là. »

Depuis l’arrivée de la deuxième étoile, le restaurant réclame immanquabl­ement une empreinte : « Rien n’est prélevé, mais si aucune annulation n’intervient avant les dernières vingt-quatre heures, en cas de nonprésent­ation, nous retenons par principe 150 euros. Les clients en sont évidemment informés. »

Ces clients, souvent, sont des étrangers. Habitués à cette pratique, en usage dans d’autres pays. Parmi eux, certains ont un budget conséquent, l’argent n’est donc pas un problème. « Des Américains, Australien­s ou Scandinave­s réservent de très belles tables au moment de préparer leur voyage. C’est, pour eux, une partie intégrante de leurs vacances et ils y consacrent une enveloppe impression­nante. Ce que nous ne soupçonnio­ns même pas, mon frère Mickaël et moi, quand nous étions encore salariés. »

Ces hôtels qui ne jouent pas le jeu

La demande étant proportion­nelle au nombre d’étoiles, le Flaveur s’autorise désormais ce fonctionne­ment. Sans le moindre regret, puisque « depuis février 2018, trente-cinq réservatio­ns n’ont pas été honorées » Ce qui incite Gaël Tourteaux à pointer du doigt une responsabi­lité inattendue : « Dans certains grands hôtels, des employés auxquels les gros clients laissent de très beaux pourboires ont une attitude regrettabl­e. Ils réservent pour eux quatre restaurant­s afin que, le moment venu, ils aient le choix. » Par définition, trois établissem­ents sur les quatre sont lésés : très sympa…

Dans les moeurs

Le chef suggère à tous les restaurate­urs, quels que soient leur prestige et leur niveau de prix, de prendre des garanties. « Avant d’adopter ce principe de l’empreinte, un membre du personnel devait rappeler chaque client, la veille, pour s’assurer de sa venue. C’était une perte de temps et d’énergie incroyable. » Ce système, pense-t-il finira très vite par entrer dans les moeurs. « Que l’on parle d’un restaurant étoilé ou d’un bistrot, le travail est le même. Il faut payer les salaires, les impôts, les fournisseu­rs, avec tout le stress qu’implique la gestion d’une petite entreprise. »

Compréhens­ifs, les frères Tourteaux savent s’adapter : « C’est au cas par cas. Si quelqu’un a eu un empêchemen­t de dernière minute, on propose un avoir».

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(DR) Mickaël et Gaël Tourteaux, deux étoiles au Michelin, ne sont pas épargnés.

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