Monaco-Matin

PORTRAIT YANNIS PELÉ Passion triomphant­e

En 2016, Yannis Pelé a chuté en vélo et s’est retrouvé cloué dans un fauteuil. A force de passion et de travail, il a récupéré l’usage de ses jambes et dévale à nouveau les sentiers

- GREG GERMAIN

S’il est vrai que les plus grands champions se caractéris­ent, au-delà de leur talent, par un mental à toute épreuve et une incroyable déterminat­ion, Yannis Pelé est certaineme­nt l’un de ceux qui l’incarnent le mieux sur la Côte d’Azur. Pourtant, ces qualités, il n’a malheureus­ement pas pu les mettre à profit pour briguer les podiums internatio­naux dont il rêvait petit, mais pour relever un défi encore plus grand... En juillet 2016, alors qu’il vient de signer un beau top 20 en Coupe du monde juniors de descente, ce jeune pilote prometteur originaire de Saint-Dalmas-le-Selvage fait une terrible chute sur la Coupe de France de SerreCheva­lier. Il se fracture deux vertèbres et se retrouve paralysé.

« J’étais certain que je remarchera­is »

Opéré d’urgence à Grenoble, on lui annonce à son réveil qu’il ne remarchera jamais. « C’était pour moi impossible d’y croire, et j’étais certain que je remarchera­is et remonterai­s sur mon vélo un jour ! »

Défiant les pronostics médicaux et la fatalité, Yannis débute alors de longs mois de rééducatio­n pour se donner raison, d’abord à l’hôpital René Sabran sur la presqu’île de Giens pendant six mois, puis au Centre européen de rééducatio­n pour les sportifs (CERS) à SaintRapha­ël pendant six mois supplément­aires. Plus déterminé que jamais à retrouver l’usage de ses jambes et les activités qui donnent du sens à sa vie, et superbemen­t entouré par sa famille, ses amis, et quelques grands champions comme Guillaume Néry et Fabien Barel, Yannis se remet debout en trois mois. « C’était le plus beau jour de ma vie », assure-t-il avant de rapidement de nouveau marcher avec des béquilles. Le plus dur est fait, le chemin est encore long, mais la motivation est décuplée ! Deux ans plus tard, nous lui rendons visite dans son village, et c’est à vélo qu’il vient nous accueillir. Yannis Pelé nous dévoile la piste qu’il vient de shaper dans les forêts.

« J’ai cette nature de ne jamais rien lâcher »

Dès les premiers mètres, le voyant marquer les appuis dans chaque courbe et s’envoyer des jumps impression­nants, on mesure avec émotion le chemin qu’il a parcouru et le plaisir qu’il prend à rouler de nouveau. Il faut dire qu’il s’est donné les moyens... Encadré par Melvin Pons et Loic Gambardell­a, il a mis entre parenthèse­s ses études pour se consacrer entièremen­t à sa rééducatio­n. Et ça paye : il a retrouvé son VTT, mais il fait également de l’escalade, de belles randos, et du ski. « J’ai cette nature de ne jamais rien lâcher et quand j’ai une idée en tête, il est difficile de me l’enlever. Je récupèrera­i à 100%, j’en suis certain ! Aujourd’hui, je peux de nouveau rouler et faire plein d’activités, je me fais plaisir comme avant, et je ne veux pas m’arrêter en si bon chemin. »

Quelques jours après l’avoir rencontré, Yannis Pelé a pris la direction du Canada avec des potes pour rider quelques unes des plus belles pistes du monde. L’Azuréen compte bien raccrocher bientôt une plaque de course sur son bike pour retrouver les sensations de la compétitio­n, et mettre le point final à ce formidable combat qu’il mène depuis trois ans. Yannis n’aura peutêtre plus l’occasion d’étoffer son palmarès mais il est, sans nul doute, un immense champion. Il nous livre ici une superbe leçon de vie. Sa plus belle victoire. ✓ Suivez-le sur les réseaux sociaux : @Yannis_Pelé

✓ Lisez sa longue interview sur www.1001sentie­rs.fr

 ?? (Photo G. Germain) ?? Yannis Pelé compte bien un jour participer à nouveau à des compétitio­ns.
(Photo G. Germain) Yannis Pelé compte bien un jour participer à nouveau à des compétitio­ns.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco