Monaco-Matin

Le quatuor à cordes manquait de pinces à linge

Lorsque le vent s’est mis à souffler, vendredi, le Quatuor Ébène, a été interrompu dans sa sublime interpréta­tion de Beethoven

- Textes : André PEYRÈGNE menton@nicematin.fr

Il devait être aux environs de minuit, vendredi soir, sur le Parvis Saint-Michel. Le lieu baignait dans ce silence religieux qui règne lorsque le public est en communion parfaite avec la musique et avec ses interprète­s. La bouleversa­nte interpréta­tion du 7e quatuor de Beethoven par le Quatuor Ébène avait plongé l’auditoire dans une sorte d’extase, en particulie­r lors de l’adagio joué avec des pianissimo­s angéliques. Soudain, un souffle de vent inattendu. La partition du premier violon s’envole. Le musicien s’arrête ainsi que l’ensemble du quatuor. Le public retombe du petit nuage sur lequel il planait. Qui aurait imaginé une aussi cruelle interrupti­on ?

Se méfier des caprices de la météo

Aurait-on pu éviter l’incident ? Oui, avec une simple pince à linge maintenant la partition sur le pupitre. La pince à linge est un accessoire indispensa­ble lors des concerts en plein air. On ne dira jamais assez son importance lors des festivals d’été ! On peut avoir des violons Stradivari­us, des pianos millionnai­res, des flûtes en or, s’il manque ce petit accessoire en bois ou en plastique, le concert peut être ruiné.

Les musiciens du Quatuor Ébène avaient négligé d’en faire usage car le temps était, ce soir-là, d’un calme absolu sur Menton. Il faut toujours se méfier des caprices de la météo. Il n’empêche, on a eu droit, ce vendredi, à l’une des plus belles interpréta­tions beethovéni­ennes qui se puissent entendre. Il n’est pas étonnant que le Quatuor Ébène ait été engagé pour une tournée mondiale de cent concerts pour célébrer l’« année Beethoven » 2020 (voir notre édition de vendredi).

Gérard, mélomane récompensé

Le Quatuor Ébène a ses fans à travers le monde. A Menton se trouvait vendredi soir un mélomane toulonnais, Gérard Gabert, médiateur cultuel à la retraite, qui en l’espace de quelques mois cette année est allé l’entendre à Toulon mais aussi à la Nouvelle Orléans, à Berlin, et, donc, vendredi à Menton.

Au gré des concerts, il constitue ainsi son audition intégrale des quatuors de Beethoven par le Quatuor Ébène. Il n’a pas encore fixé la date ni le lieu de son prochain concert. Pour le récompense­r de sa fidélité, les musiciens l’ont fait poser avec lui devant l’affiche du Festival. Ainsi se tissent les liens entre musiciens et public.

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Le Quatuor Ébène a livré l’une des plus belles interpréta­tions beethovéni­ennes.
(Photo Jean-François Ottonello) Le Quatuor Ébène a livré l’une des plus belles interpréta­tions beethovéni­ennes.

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