Le quatuor à cordes manquait de pinces à linge
Lorsque le vent s’est mis à souffler, vendredi, le Quatuor Ébène, a été interrompu dans sa sublime interprétation de Beethoven
Il devait être aux environs de minuit, vendredi soir, sur le Parvis Saint-Michel. Le lieu baignait dans ce silence religieux qui règne lorsque le public est en communion parfaite avec la musique et avec ses interprètes. La bouleversante interprétation du 7e quatuor de Beethoven par le Quatuor Ébène avait plongé l’auditoire dans une sorte d’extase, en particulier lors de l’adagio joué avec des pianissimos angéliques. Soudain, un souffle de vent inattendu. La partition du premier violon s’envole. Le musicien s’arrête ainsi que l’ensemble du quatuor. Le public retombe du petit nuage sur lequel il planait. Qui aurait imaginé une aussi cruelle interruption ?
Se méfier des caprices de la météo
Aurait-on pu éviter l’incident ? Oui, avec une simple pince à linge maintenant la partition sur le pupitre. La pince à linge est un accessoire indispensable lors des concerts en plein air. On ne dira jamais assez son importance lors des festivals d’été ! On peut avoir des violons Stradivarius, des pianos millionnaires, des flûtes en or, s’il manque ce petit accessoire en bois ou en plastique, le concert peut être ruiné.
Les musiciens du Quatuor Ébène avaient négligé d’en faire usage car le temps était, ce soir-là, d’un calme absolu sur Menton. Il faut toujours se méfier des caprices de la météo. Il n’empêche, on a eu droit, ce vendredi, à l’une des plus belles interprétations beethovéniennes qui se puissent entendre. Il n’est pas étonnant que le Quatuor Ébène ait été engagé pour une tournée mondiale de cent concerts pour célébrer l’« année Beethoven » 2020 (voir notre édition de vendredi).
Gérard, mélomane récompensé
Le Quatuor Ébène a ses fans à travers le monde. A Menton se trouvait vendredi soir un mélomane toulonnais, Gérard Gabert, médiateur cultuel à la retraite, qui en l’espace de quelques mois cette année est allé l’entendre à Toulon mais aussi à la Nouvelle Orléans, à Berlin, et, donc, vendredi à Menton.
Au gré des concerts, il constitue ainsi son audition intégrale des quatuors de Beethoven par le Quatuor Ébène. Il n’a pas encore fixé la date ni le lieu de son prochain concert. Pour le récompenser de sa fidélité, les musiciens l’ont fait poser avec lui devant l’affiche du Festival. Ainsi se tissent les liens entre musiciens et public.