Eze : l’agression violente avait été filmée en direct
Devant les jurés varois, Riad Hafiane fait appel de sa condamnation à vingt ans de réclusion pour un vol à domicile. Les coups reçus par une victime avaient entraîné la perte d’un oeil
Il a déjà passé vingt-quatre ans en prison. Ce qui pour Riad Hafiane, 47 ans, représente plus de la moitié de sa vie. Natif d’Antibes et demeurant à Cagnes-sur-Mer, il est depuis hier dans le box de la cour d’assises du Var.
Il a fait appel de sa condamnation le 5 octobre 2018, par les assises des Alpes-Maritimes, à vingt ans de réclusion pour un vol avec violences commis le 24 octobre 2015 à Èze.
Des coups et une infirmité
Une agression particulièrement violente, au domicile d’un couple de retraités aisés, à la suite de laquelle l’épouse a perdu l’usage de l’oeil droit.
Pour Riad Hafiane s’ajoute également la récidive légale, puisqu’il a déjà été condamné à deux reprises aux assises, en 1996 et en 2005, pour des vols à main armée. Ce qui lui fait encourir trente ans de réclusion.
« On m’accuse de faits graves et lourds, a-t-il déclaré hier à l’ouverture de son procès. Mais ce n’est pas moi. Il y a des éléments dans la vidéo qui m’innocentent. » La vidéo qui a été présentée à la cour est très courte (une minute et quatre secondes), mais aussi très violente. C’est le film en direct de l’agression subie par les victimes qui, après un précédent vol avec violence, avaient fait équiper leur villa d’une vidéosurveillance.
Dans les cris des agresseurs, les hurlements des victimes et les aboiements désemparés de leur petit chien, où y voit un des deux hommes en noir, surgis par la baie vitrée, foncer directement sur l’épouse et lui enchaîner, comme sur un ring de boxe, un gauche-droite-gauche au visage qui l’a jetée au sol.
Puis on voit l’homme lui faire une clé au bras, pour tenter de lui arracher ses bagues, sans y parvenir. Il finit par partir, non sans donner un ultime coup de poing au visage du mari.
Poursuivis jusqu’à la mer
Paul Ginines, coauteur de cette agression, pour laquelle il a été condamné à dix ans de réclusion sans faire appel, avait indiqué que son rôle s’était limité à maîtriser le mari, sans le frapper. Ce que montre d’ailleurs cette fameuse vidéo choc.
Les deux hommes, repartis à moto, avaient été pris en chasse par les policiers municipaux d’Èze, qui les avaient poursuivis jusque sur la plage à Villefranche-sur-Mer. Toujours sous le regard des vidéosurveillances municipales, ils s’étaient débarrassés de leurs casques, gants, cagoules et surcouches de vêtements, dans des bennes à ordures.
Sur ces éléments matériels ont été retrouvés les ADN des deux agresseurs, mais aussi celui d’un troisième complice, qui avait participé à un repérage quelques jours auparavant.
Un cas d’école
Cerné sur la plage, Riad Hafiane s’était jeté à la mer, mais avait bu la tasse et risquait de se noyer. Les policiers municipaux étaient parvenus à le repêcher en bateau, en état d’hypothermie.
« Ils lui ont sauvé la vie », a commenté le gendarme de la section de recherches de Nice qui a dirigé l’enquête. Pour lui, celle-ci était un cas d’école.
« Il y avait tellement d’éléments : des images des faits, de l’ADN, des vidéosurveillances de la fuite et même une description du repérage pendant lequel les auteurs avaient été pris en filature par la BRI. » La cour entendra les victimes ce matin, puis viendra l’interrogatoire de l’accusé.