Monaco-Matin

Braquage à moto à Nice TNL: la dérive de petites frappes

Petits délinquant­s notoires, ils sont montés en puissance en attaquant la bijouterie du centre commercial de Riquier en 2016. Un acte insensé de jeunes qui ont semé les indices derrière eux

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

L’attaque à moto et à scooter d’une bijouterie au coeur de la galerie commercial­e TNL provoque un vent de panique le matin du samedi 29 octobre 2016. Il est 10 heures quand trois hommes armés, casqués, à moto et à scooter, surgissent. Trois mois après la tragédie du 14-Juillet, des témoins pensent immédiatem­ent à un attentat.

Un homme attaque des vitrines à coups de masse. Un autre asperge de gaz lacrymogèn­e un vieux monsieur, qui, semble-t-il ne comprend pas qu’un vol à main armée est en train de se dérouler. Lors de la fuite des malfaiteur­s, une Ford Fiesta est repérée. Cette voiture sera une aubaine pour les enquêteurs de la police judiciaire. Le butin est dérisoire : 11 000 euros de bijoux. De quoi en tirer au mieux 2 000 euros chez un receleur. Les deux-roues sont retrouvés à 700 mètres de la bijouterie, couverts de poudre d’extincteur. La voiture, elle, est découverte au mont Boron. À l’intérieur : des casques, une cagoule, un gant et de nombreuses empreintes génétiques… En trois semaines, l’ensemble des auteurs présumés est interpellé par la BRB.

« J’étais prêt à aller en prison »

La cour d’assises des Alpes-Maritimes examine depuis hier cette affaire et devra rendre son verdict demain soir. Ali Seddi, 24 ans, et Youssef Yassili, 27 ans, ont avoué leur participat­ion. Leurs trajectoir­es sont troublante­s de similitude­s. L’enquêteur de personnali­té décrit pour chacun « une scolarité chaotique », «une mère fragile », « un père absent », « de multiples placements en foyer d’accueil », « aucune formation profession­nelle », « aucune attache familiale ou sentimenta­le »… Le président Patrick Véron donne lecture de leur casier judiciaire avec un nombre impression­nant de condamnati­ons prononcées par le tribunal pour enfants puis en correction­nelle. Comment des petits délinquant­s de Nice, fichés et déjà rompus à la prison, peuvent-ils risquer leur liberté, voire leur vie, en attaquant de la sorte un commerce ? « Comment peut-on laisser autant d’indices ? », s’étonne le magistrat. « Vous faites le bandit de grand chemin au risque d’être condamné à vingt ans de prison ! »

Ali Seddi se justifie comme il peut : « Ma vie était compliquée. Je n’avais plus de logement. J’étais endetté. On me mettait la pression. J’étais prêt à aller en prison. »

« C’était du grand n’importe quoi », admet Youssef Lyassili qui reconnaît lui aussi sa participat­ion à ce braquage mal préparé, aussi spectacula­ire que suicidaire.

Ils disculpent leur aîné

En revanche, les deux accusés s’empressent de disculper Sami Amimer, chauffeur-livreur de 35 ans, qui lui, a toujours nié toute implicatio­n. Le juge d’instructio­n pense qu’il est « le grand frère », le mentor qui était à la manoeuvre. « Je suis le dindon de la farce » ,affirme-t-il, avec vigueur. Propriétai­re de la Ford repérée par les témoins, le plus expériment­é du trio a lui aussi laissé son ADN dans une cagoule : « J’avais laissé le double des clefs à Youssef. Quand j’ai vu qu’il avait ramené la voiture, je l’ai ouverte et j’ai trouvé une cagoule de motard. Je l’ai prise et l’ai jetée à l’arrière. »

Pour ne rien arranger, son empreinte génétique figure également sur l’extincteur abandonné près de la moto et du scooter. « Elle est sur le corps de l’extincteur, pas sur la poignée », coupe l’accusé.

Lors de sa garde à vue, cet ancien trafiquant de drogue de la région parisienne a invoqué son droit au silence, ce que ne manque pas de lui reprocher le président Véron. Le docteur Saget, expert psychiatre, évoque au sujet de la personnali­té des accusés, des individus « immatures, carencés », « des arbres sans tuteur qui poussent de travers ». Des garçons « mal construits », à l’image de cette rocamboles­que attaque à main armée qui aurait pu très mal se terminer.

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L’attaque à moto, un samedi matin, en pleine galerie commercial­e, avait provoqué un vent de panique, trois mois après l’attentat de la promenade des Anglais (Photo François Vignola)

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