Chasse sous-marine et pêche : y’a de la friture dans l’eau !
La prud’homie de pêche cannoise s’oppose vivement à une compétition organisée demain par les Amis de Neptune si elle se déroule (comme prévu) dans le périmètre des îles de Lérins .Rififi!
C’est un bras de fer, voire un bras de mer. Entre pêcheurs et chasseurs, ça tire sur la ligne ce week-end. Et les uns menacent de sortir les filets, si les autres dégainent partout le fusil harpon. Objet de ce courroux entre gens de l’amer ? Une compétition de chasse sous-marine organisée ce samedi, par l’association Les Amis de Neptune… mais certainement pas ceux de la prud’homie de pêche cannoise !
Du moins aux yeux de son président, Franck Dubbiosi, qui estime que les hommesgrenouilles font un abus de territoire, à l’heure où la pêche est loin d’être miraculeuse. De 8 heures à 15 heures, la chasse était censée couvrir un large périmètre de la pointe de Bacon à l’est du cap d’Antibes jusqu’à la
pointe Notre-Dame à l’ouest du port de la Figueirette, ce qui englobe également les îles de Lérins.
Dialogue de sourds
Pour les pêcheurs à moteur, il n’en est pas question, alors que la plaisance estivale les oblige déjà à ronger leur ancre sur le secteur. « Nous ne sommes pas moins de 32 patrons pêcheurs à Cannes, et depuis mai, à cause de la plaisance, on ne peut déjà pas travailler normalement dans les eaux de Lérins, car la cohabitation est périlleuse pour nos engins et nos filets. On est obligés d’attendre octobre pour retrouver une activité normale, explique Franck Dubbiosi. Nous, on n’est pas opposés à cette compétition, mais à condition qu’elle soit restreinte au littoral, et ne passe pas les îles. » Mercredi, une réunion informelle s’est tenue entre les acteurs concernés, et la direction des affaires du territoire, pour tenter de concilier les points de vue. Malgré les discussions, ça ne va pas être une partie de pêche !
« On ne voit pas pourquoi la prud’homie de pêche cannoise nous impose un tel diktat !, s’insurge Patrick Bonnet. Nous, plongeurs, on ne chasse pas sur le sable. On ne va pas attendre deux heures sur le rivage un poisson qui risque de ne jamais passer, on est obligés d’aller sur les zones d’enrochement. » Les Amis de Neptune proposent néanmoins de réduire leur zone demain, en excluant La Vaquette (Théoule) et l’île Saint-Honorat. Une concession qui risque de ne pas suffire à calmer la colère des pêcheurs cannois.
« Si les Amis de Neptune s’obstinent, certains sont prêts à caler des filets sur les îles de Lérins pour monopoliser la zone. Et on ira à l’abri du Béal, d’où est lancée la compétition, pour manifester », prévient F. Dubbiosi.
La paix des braves ?
Demain, quinze bateaux avec trois plongeurs (mais toujours un à bord pour éviter de racler les posidonies) doivent prendre le départ. « En cinq heures de compet’, on pêche 1 à 2 kilos de poissons par plongeur, ce n’est pas le massacre décrié ,précise Patrick Bonnet. On n’a jamais eu de problème avec quiconque, et dans le Var, la prud’homie enlève ses filets durant deux jours quand on organise une chasse. Il n’y a qu’à Cannes que c’est différent. Peut-être que M. Dubbiosi a des motivations électoralistes, lui qui prône l’interdiction de la chasse sous-marine. »
Du côté des Affaires du territoire et de la mer, c’est le monde du silence : on se refuse à commenter le dossier. Mais l’on précise qu’une telle compétition, soumise au respect des règles en vigueur, n’a pas besoin d’autre autorisation. Alors à moins d’une paix trouvée hier soir, la chasse risque bien d’être houleuse.