Le camp des Fourches rénové à la Bonette
Voilà une plante qui a beaucoup fait parler d’elle ces derniers jours, alors qu’elle est de nature discrète. Plusieurs amoureux de la montagne sont tombés sur des saxifrages en fleurs, ce qui n’arriverait « qu’une fois par siècle », selon les commentaires réguliers. C’est le cas de Fabien Girardi, habitant d’Auron et photographe amateur, qui a publié la trouvaille sur les réseaux sociaux. « J’ai eu la chance de les observer sur les crêtes autour du lac des Babarottes en haute Tinée. Je suis tombé sur toutes ces saxifrages en fleur, elles étaient réunies dans un rayon de 100 m. J’en ai compté six avec des tailles différentes. J’avais déjà pu observer leur belle rosace sur quelques crêtes dans le Mercantour mais jamais en floraison ».
Entre et ans avant de fleurir
Cette plante est endémique au parc national du Mercantour, dont elle a été l’emblème à sa naissance, en 1979. « Elle pousse uniquement dans le Mercantour, côté Français et Italien, confirme Emmanuel Gastaud, chargé de communication au parc national. Cette plante est difficile à voir, il faut bien ouvrir les yeux : elle se loge dans les fissures des falaises, en altitude, ne fleurit qu’une fois. Elle forme une sorte de pédoncule de 10 à 20 cm de haut, avec plein de petites fleurs qui vont former des capsules, avec les graines qui vont se répandre. Et puis la plante meurt : tout sèche, jusqu’à la racine ».
Une floraison unique, qui rend le phénomène rare. « C’est difficile à dire, mais la plante met entre 40 et 70 années à fleurir » . Et même si elle a été la vedette des réseaux sociaux la semaine dernière, «ilnes’agitpas d’une année exceptionnelle, assure Emmanuel Gastaud. Les plantes ne vont pas toutes fleurir en même temps. Mais pour quelqu’un qui s’intéresse à la botanique, c’est exceptionnel et c’est ce qui fait tout le charme du parc du Mercantour : la conservation de la faune et de la flore ». Le camp des Fourches, situé sur la commune de Saint-Dalmas-le-Selvage à quelques kilomètres du sommet du col de la Bonette a vécu un moment particulier, samedi. Venue de tout le département, une foule immense a participé à l’inauguration des travaux de restauration et de mise en valeur des bâtiments dont la construction s’est achevée en 1896. Un événement rehaussé par la présence du 6e bataillon de chasseurs alpins et animé par l’Association d’histoire vivante et d’archéologie expérimentale (AHVAE) et son président, Alain Fine. Le conseil départemental et le parc national du Mercantour ont choisi, depuis 2014, de s’unir pour la préservation de ce patrimoine, haut lieu de mémoire qui rappelle le sacrifice des chasseurs alpins pendant la Première Guerre mondiale, et de son environnement. Une réhabilitation en trois axes : restauration, sauvegarde et évocation du bâti.
Les fresques des années conservées
Un accompagnement écologique exigeant a permis de réaliser cela en protégeant plantes et animaux, notamment avec l’installation d’habitats artificiels comme des nichoirs. Des fresques peintes par des chasseurs alpins au début du siècle dernier témoignent de leur présence dans le bâtiment 16 où des grilles de ventilation et une porte ont été posées. Elles illustrent le besoin d’évasion avec humour et invitent à se souvenir du quotidien de ces hommes implantés au camp des Fourches dès 1889 en hivernage puis au quotidien à partir de 1892. Composé de vingt-six baraquements – pour beaucoup, la maçonnerie a été consolidée et les toitures refaites –, le site abritait environ 1000 hommes en autonomie totale et se voulait adapté à la haute montagne pour les chasseurs alpins défendant le territoire dans l’hypothèse d’une invasion italienne venant du col de Pouriac. Jean-Pierre Issautier, maire de Saint-Dalmas-le-Selvage, a remercié tous ceux «qui ont participé à la restauration de ce site unique ». Charles- Ange Ginesy, président du Département, et Eric Ciotti, son prédécesseur, ont confirmé « l’étroite collaboration entre le Département et le parc national du Mercantour dans ce dossier complexe qui allie la mémoire des batailles alpines et le respect de l’environnement ».