Monaco-Matin

Jugés pour avoir « libéré » des dindes, ils veulent faire le « procès de l’élevage »

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

La meilleure défense, c’est la contre-attaque. Tel semble être l’axe choisi par l’associatio­n Boucherie Abolition, à la veille du procès de quatorze militants antispécis­tes, ce vendredi, devant le tribunal correction­nel d’Evreux (Eure). Un Niçois se trouve parmi eux.

L’affaire avait défrayé la chronique, illustrant la montée en puissance d’une frange radicale parmi les mouvements animaliste­s. Le 21 mai dernier, les gendarmes réalisaien­t un coup de filet entre la région parisienne, Tours, Toulouse et Nice. L’enquête portait sur des intrusions, vols et dégradatio­ns dans des exploitati­ons en Normandie. Des actions « commandos » pilotées par Boucherie Abolition, qui assimile l’élevage à de l’esclavage. En décembre 2018, des militants s’étaient introduits dans un élevage de volailles de l’Eure, pour en ramener deux dindes et le plein d’images choc. Le 14 avril 2019, trois actions de « libération » consécutiv­es visaient la même ferme, ainsi que deux établissem­ents dans l’Orne et l’Eure-et-Loir. Le coup d’éclat, visant à libérer des « prizoonier­s politiques »

(sic), s’était soldé par la mort de 1 500 dindes ; elles s’étaient piétinées et étouffées entre elles.

« Les tueurs en série de l’élevage »

Loin de plaider coupable, Boucherie Abolition adopte une posture offensive à l’approche de l’audience, vue comme une tribune médiatique. « Le 20 septembre la résistance en fera le procès de l’élevage, cet esclavage des chairs. Parce que nous n’abandonner­ons jamais les victimes », clame l’associatio­n sur Facebook. S’affichant le visage et les mains peints couleur sang, ces militants radicaux n’hésitent pas à dénoncer les « tueurs en série de l’élevage », «le viol inséminuat­eur », « le génocide industriel » et « l’holocauste des zoonimaux ». Ce seront pourtant bien eux qui comparaîtr­ont à la barre. Car leurs actions ont été mal digérées par les agriculteu­rs et le parquet d’Evreux. Aux douze militants interpellé­s le 21 mai, sont venus s’ajouter deux autres prévenus, pour recel de vol.

Le Niçois renvoyé devant le tribunal est impliqué dans les trois actions d’avril 2019.

Mesures de sécurité

Selon le procureur d’Evreux, Dominique Puechmaill­e, «il lui est reproché l’entrave à la liberté du travail, la violation de domicile, les dégradatio­ns en réunion, la participat­ion à un groupement en vue de commettre des dégradatio­ns ». Le procès permettra d’établir son rôle exact. Aux yeux du ministère public, «saparticip­ation a été active, ne serait-ce que par le déplacemen­t en Normandie depuis Nice ! » En théorie, il risque jusqu’à 7 ans d’emprisonne­ment. Le procureur précise que « des mesures de sécurité sont prises pour éviter tout incident ». La police veillera donc au grain, au cas où les militants de Boucherie Abolition souhaitera­ient transforme­r un procès judiciaire en happening revendicat­if.

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(Photo Facebook) Les militants de Boucherie Abolition se mettent en scène sur leur page Facebook, avant leur procès vendredi au tribunal correction­nel d’Evreux.

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