BOL D’OR AU CIRCUIT PAUL-RICARD « Très envie de le reconquerir »
Guère verni à domicile en 2017 et 2018, le team varois SRC Kawasaki France redémarre aujourd’hui auréolé du titre EWC. Tour de chauffe avec Gilles Stafler, un patron revanchard
Kawasaki en , Suzuki en , Yamaha en , Honda en : depuis son come-back au Castellet, ce cher vieux Bol d’Or, un tantinet volage, en voit de toutes les couleurs. A qui s’offrira-t-il dimanche quand sonnera le carillon de heures ? À peine un mois et demi après la finale nippone du championnat du monde d’endurance (EWC), les gros cubes entament la saison nouvelle aujourd’hui entre enchaînement de la Sainte-Baume et double droite du Beausset. Fondé il y a pile dix ans par Gilles Stafler, le team SRC Kawasaki France s’est offert un somptueux cadeau d’anniversaire en coiffant sur le fil sa première couronne suprême, le juillet à Suzuka. C’est donc auréolé d’un statut inédit de tenant du titre que le commando varois basé au Cannet-des-Maures reprend la piste. Mais aussi nanti d’une féroce volonté de conjurer le sort qui s’est acharné sur lui lors des deux éditions précédentes (casse moteur éliminatoire minutes après le départ en , victoire envolée en vue de l’arrivée à cause d’une panne électronique l’an dernier). Rencontre avec un patron qui n’a pas la mémoire courte...
Gilles, si on vous avait dit à l’arrivée du Bol d’Or que l’équipe SRC coifferait la couronne EWC dix mois plus tard...
À ce moment-là, on était loin du compte... En tête avec cinq tours d’avance, la victoire nous tendait les bras au Castellet, mais un couac électronique est venu nous mettre des bâtons dans les roues à deux heures et demie de l’arrivée. Impossible de localiser véritablement le mal, donc on finit comme on peut pour arracher une e place très décevante au regard du travail accompli auparavant.
Pensez-vous alors qu’il n’y a plus aucune chance d’être titré ?
Le titre, je n’y pensais pas. De toute façon, les Heures de Suzuka ne figuraient pas encore sur notre feuille de route. Aller au Japon, ça coûte cher. Pas question de faire le déplacement si les carottes sont cuites avant. Il y a des conditions à remplir pour obtenir le feu vert. Bon, nous avons redressé la barre en . On a seulement dix points de retard sur la Suzuki du SERT en arrivant à Oschersleben, puis on passe devant. De quoi pouvoir jouer notre chance jusqu’au bout. Une fois ce premier titre en poche, à chaud, vous avez déclaré qu’il ne s’agissait pas de votre plus belle saison. Vous persistez ? Absolument. J’ai vécu des meilleures saisons. Sans couronnement à la fin parce que les portes du Japon restaient closes. Cette fois, on a eu l’opportunité et on l’a saisie. Avec un zeste de réussite. La chance, ça fait partie de la course, hein ? Quand sonne l’heure du bilan, seul le résultat compte.
Peut-on dire que c’est la récompense de la persévérance ?
Ah oui ! À deux reprises, on n’a pas pu concrétiser faute de moyens. Tenez, en , après avoir gagné les Heures et le Bol, il suffisait d’aller à Oschersleben et de finir e pour rafler la mise, sans même se rendre à Suzuka. Aujourd’hui, la finale nippone distribue beaucoup plus de points. On ne peut pas faire l’impasse. Quelle a été la clé de la réussite selon vous ? (Du tac au tac) On ne lâche jamais rien. En Slovaquie, le moteur cassé au bout d’une heure de course agit comme un coup de massue. Mais on s’en relève et on joue notre va-tout à Oschersleben en prenant beaucoup de risques avec la consommation d’essence. La Suzuki fait une erreur. Voilà ce qui déclenche tout. Un mois avant le jour ‘‘J’’, je ne savais pas que nous irions au Japon... Vous redémarrez avec les mêmes pilotes. On ne change pas un trio qui gagne ?
Mêmes pilotes, oui. Et même staff technique aussi. Pour moi, c’était une priorité. Il y a une super osmose entre eux trois. Mais pas seulement. Dans tout le team ! Nous l’avions perdu ces dernières saisons. Donc je tenais vraiment à reconstituer un équipage aussi homogène que ceux de la période -.
Jérémy Guarnoni, Erwan Nigon, David Checa : quelle est la qualité
numéro de chacun, en quelques mots ? Jérémy, c’est le jeune. Quand je lui demande d’aller au charbon, il y va, ça lui plaît, parce qu’il vient de la vitesse contrairement à ses deux partenaires, purs piliers de l’endurance. Erwan, tout le monde le connaît. On avait déjà fait un bout de chemin ensemble en et , à l’époque où j’étais directeur technique du team officiel Kawasaki France. Il a toujours fait de l’excellent travail, il se remet en question en permanence. Quant à David, c’est un bûcheron ! Faut foncer, enchaîner les relais. Doubler, c’est jamais un problème... En résumé, ce sont trois profils différents mais complémentaires. En fonction des circonstances de course, je peux toujours m’appuyer sur l’un ou l’autre.
La nouvelle Kawasaki ZX-RR étrennée en début d’année a-t-elle encore une grosse marge de progression ?
Le modèle a conservé la partie châssis de la version . La principale évolution se situe donc côté moteur. Celui-ci possède une culasse à linguet et des bielles en titane qui permettent de prendre plus de tours. On continue de plancher sur le développement.
Pour l’instant, la fiabilité est au rendez-vous. Pourvu que ça dure...
Les deux éditions précédentes du Bol, vous les gardez en travers de la gorge ?
(Ton sec) Ouais. Ici, on joue un peu à domicile. J’habite à côté. Dès que possible, nous venons nous entraîner au Castellet, même sur le tracé , km. Donc je ne vous cache pas qu’on a très envie de le reconquérir, ce Bol.
‘‘
Trois pilotes différents mais complémentaires”
Êtes-vous déjà certain de pouvoir défendre votre titre mondial ?
Voilà une question qui tombe à pic ! (Sourire) Figurez-vous que nous venons de recevoir la confirmation en début de semaine. Kawasaki France et ses principaux partenaires ont constitué l’enveloppe nécessaire pour disputer les cinq manches du calendrier -. C’est bien. On a l’opportunité d’honorer dignement notre nouveau numéro . À nous de jouer maintenant...