Le grand rabibochage de l’exécutif avant la journée test du décembre
Au côté de Muriel Pénicaud dans les Alpes-de-Haute-Provence, et en attendant de croiser Jean-Paul Delevoye dans la soirée à Pau, Edouard Philippe [photo AFP] a affiché, hier, son entente avec son équipe, malgré de récentes divergences publiques qui ont brouillé le message gouvernemental. Oublier les accrocs et notes dissonantes : dans un climat social de plus en plus tendu, marqué, hier, par des manifestations de personnels hospitaliers [lire ci-dessus], le chef du gouvernement a voulu projeter une image d’unité. Première étape : montrer que la connexion est désormais rétablie avec Muriel Pénicaud, après des mois de tensions en tout genre, entre désaccords de fond, fuites dans la presse et piques distillées en coulisses. Dernier avatar de ce feuilleton, une exonération sociale sur l’emploi à domicile pour les seniors, que la ministre du Travail voulait supprimer avant de subir un désaveu cinglant d’Edouard Philippe devant l’Assemblée. Presque deux mois plus tard, les deux ont échangé, côte à côte, hier après-midi, avec des apprentis et des étudiants en alternance des Alpesde-Haute-Provence, dans un centre spécialisé dans les métiers de la transition écologique, guidés par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, élu du département.
A cette occasion, le Premier ministre a loué les résultats de la réforme menée par sa ministre du Travail, assurant que l’apprentissage était « l’arme de destruction massive contre le chômage, la voie royale vers l’emploi, avec l’alternance ». Citant à plusieurs reprises la ministre du Travail, Edouard Philippe a notamment souligné le nombre d’apprentis record (458 000) atteint cette année. Dans la soirée, le Premier ministre devait retrouver à Pau le haut commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye lors d’une concertation citoyenne sur la future réforme des retraites.
Si ce déplacement en commun avait été prévu avant même le couac sur cette « clause du grand-père » (la réforme ne s’appliquerait qu’aux nouveaux entrants selon Macron), il doit permettre de s’exprimer à l’unisson sur un sujet qui mobilisera les syndicats, dans une ébauche de front unitaire le 5 décembre.
Rencontre avec Muselier
« La négociation continue, les ponts ne sont pas rompus et on a du grain à moudre. Delevoye joue un peu le rôle de “bad cop” [méchant flic, ndlr] et c’est Macron qui décidera à la fin, c’est normal », croit ainsi savoir un député cadre de la majorité. Cette grande journée rabibochage a aussi permis à Edouard Philippe de rencontrer dans la matinée à Marseille le président de la région Paca Renaud Muselier, qui vient de prendre les rênes de l’Association des régions de France, avec laquelle le dialogue est houleux sur plusieurs sujets (décentralisation, apprentissage, fiscalité...).
« On a beaucoup parlé entre deux vieux amis », a salué le Renaud Muselier, assurant que les deux hommes avaient «balayé » ensemble « toutes sortes de sujets ». Et à Pau, Edouard Philippe en a profité pour afficher sa réconciliation avec le maire emblématique François Bayrou. Les deux hommes ont semble-t-il trouvé depuis quelques mois la bonne fréquence, après une longue période de défiance.