Monaco-Matin

TOUS DERRIÈRE CHARLES LECLERC !

Dans quelques heures le drapeau à damier s’agitera pour la dernière fois de la saison sur la piste d’Abu Dhabi. Les proches du pilote monégasque rembobinen­t une saison forte en émotions

- Propos recueillis par Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr

Vous avez été nombreux à lui transmettr­e des messages de félicitati­ons et d’encouragem­ents avant le e et dernier Grand Prix de la saison de Formule  à Abu Dhabi. Cet après-midi, le pilote monégasque de chez Ferrari tentera de finir dans le top  final. Le bonheur serait total.

On pourrait épiloguer sur son talent, encenser ses manoeuvres, vanter sa communicat­ion, recompter ses trophées, imprimer son sourire, débattre de ses erreurs, commenter celle de son coéquipier, même clouer Ferrari au pilori pour ses frustrante­s stratégies. On pourrait rembobiner mille fois le scénario de la saison qu’au final, rien ne saurait mieux résumer l’ascension de Charles Leclerc qu’une course de… taxi. Dimanche 8 septembre. Monza. Les tifosis, en liesse, quittent le temple de l’auto repus de bonheur. Paré du rouge passion, un Monégasque aux traits juvéniles vient de mettre un terme à la disette du Cheval cabré en terre sainte. À la nuit tombée, le héros passe le volant et monte dans un taxi, en famille. La suite, c’est l’aîné de la fratrie Leclerc, Lorenzo, qui la conte…

“Thérapie-taxi”

« Le chauffeur a demandé à Charles s’il était allé voir le Grand Prix et lui a dit que ça faisait dix ans que la Formule 1 ne l’intéressai­t plus, mais que ce jeune Monégasque avait l’air vraiment fort.

J’étais au fond du taxi et Charles s’est retourné pour nous demander s’il devait lui dire qui il était. Je lui ai dit que oui, que ça lui ferait sa journée. Quand Charles lui a annoncé, le chauffeur a pilé [rire]. Il était sous le choc d’avoir Charles à côté de lui. Ils ont fait des photos et il lui a demandé un autographe. » En ces temps de starificat­ion des sportifs, où le culte de l’ego devient baromètre du talent, Charles Leclerc garde les pieds sur terre. « C’est ce que l’on répète à tout le monde, il est resté exactement le même, confirme son ami d’enfance, Guillaume. On continue à faire nos restos entre amis, il nous tient au courant de ses résultats les week-ends de course, on se voit dès qu’il rentre à Monaco… »

Et au rendez-vous des souvenirs, tous les proches du chouchou de Monaco sont unanimes : Monza est gravé à jamais dans les coeurs. « C’est antinomiqu­e. On a envie de retenir Spa, parce que c’est la première victoire, mais elle est trop connotée par la perte d’Anthoine (Hubert) », confesse Thierry Manni, l’oncle de Charles « L’Éclair ».

“Hors-pistes”

« Mon meilleur souvenir sportif, c’est bien évidemment Monza, poursuit Thierry. C’était juste hallucinan­t, en tant que Monégasque, de gagner devant les tifosi avec une Ferrari. J’en ai encore des frissons de le voir rentrer sur le podium avec cette ligne droite bondée de fans qui chantent l’hymne italien ».

« On a tous vu les images à la télévision mais quand on y est, dans les tribunes, comme j’y étais avec sa maman et un ami, face à la ligne de départ, c’était une grande fierté de voir Charles toucher au but. Enfin, un but, car son but c’est d’être champion du monde un jour », confie Guillaume. Arthur, le frère cadet, luimême pilote, insiste sur la manière. La patte Leclerc en ce jour de triomphe. « Il a vraiment dû se battre, avec la pression d’Hamilton derrière. On s’est pris dans les bras, je l’ai félicité mais je ne sais même plus ce qu’on s’est dit dans le feu de l’action » ,Des instants figés dans le temps pour Lorenzo. « J’ai suivi la course depuis les stands et le souvenir est toujours aussi fort des mois après. »

D’autres moments, plus intimes, ont échappé à la curiosité des caméras. Comme le soir de la première victoire en F1 de Charles, à Spa-Francorcha­mps. Quand son chauffeur l’accueille à l’aéroport de Nice et prétend devoir faire le plein d’essence… « On a tous débarqué avec la famille, les copains et les enfants, même s’il y avait école le lendemain, raconte Thierry Manni. Intérieure­ment l’émotion devait être très forte mais quand Charlot nous a vus à la station-service, il a dit : “Qu’est-ce que vous foutez là ?” [rire] .»

“Station-surprise”

Les yeux « écarquillé­s » face à un Charles coupe en mains, la poignée de clients de la station-service est alors témoin d’une réunion de famille impromptue. Inoubliabl­e pour ses acteurs. « C’était un moment épris d’émotion avec le décès d’Anthoine la veille », témoigne Thierry, la voix engluée.

« Une chose qui m’a surpris cette année, en tant que frère, c’est l’évolution de Charles dans les paddocks, son gain de maturité, conclut Lorenzo. Il a les épaules très solides et encaisse les différente­s pressions inhérentes à la Formule 1, à Ferrari, ou à tous les problèmes et frustratio­ns qu’il a pu rencontrer. Il a mûri d’un coup et, aujourd’hui, il est capable de mener son équipe vers la victoire. » Une dernière pour la route ?

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(©Ferrari) Son oncle : « J’en ai encore des frissons de le voir sur le podium à Monza. »

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