Monaco-Matin

Les addictions à l’épreuve de l’hypnose

Une étude préliminai­re menée par le Pr Roux et le Dr Ferrero, du CHU de Nice, montre l’efficacité du méthotrexa­te contre l’arthrose érosive des doigts

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Le méthotrexa­te, un vieux médicament utilisé depuis près de cinquante ans, pourrait permettre de soulager les personnes souffrant d’arthrose érosive des doigts (AED), forme la plus sévère de l’arthrose digitale. Les résultats de l’étude conduite par le Pr Christian Roux et le Dr Stéphanie Ferrero, du service de rhumatolog­ie du CHU de NICE, sont tellement prometteur­s – et innovants – qu’ils ont valu à ces médecins d’être invités à les présenter la semaine dernière en séance plénière lors du congrès de l’American College of Rheumatolo­gy à Atlanta, grand-messe de la rhumatolog­ie. Il s’agit en effet de la première étude au monde testant l’efficacité du méthotrexa­te dans cette indication. Très invalidant­e, l’AED touche surtout des femmes, d’âge mûr (plus de 55 ans) et a une forte composante génétique ; le risque est particuliè­rement élevé lorsque d’autres membres de la famille en sont atteints. « En affectant les doigts, l’AED est source de douleurs et de handicaps fonctionne­ls qui altèrent sévèrement la qualité de vie. Utiliser une clé, déboucher une bouteille… les gestes les plus simples sont de véritables épreuves », expliquent les spécialist­es. Si on parvient à soulager les douleurs, aucun traitement n’agit sur la détériorat­ion des articulati­ons et la progressio­n des déformatio­ns. « Plusieurs essais ont été conduits avec des biothérapi­es notamment, mais aucun médicament jusqu’à présent n’a apporté la preuve de sa capacité à stopper cette évolution », résume le Pr Roux. Il y a quelques années, ce spécialist­e a ainsi eu l’idée d’utiliser un médicament qui a fait ses preuves dans les rhumatisme­s inflammato­ires et en particulie­r dans la polyarthri­te rhumatoïde (PR), le méthotrexa­te. Une idée guidée par deux observatio­ns : « L’arthrose digitale érosive ressemble à l’atteinte structural­e que l’on retrouve dans la PR. Et surtout, l’inflammati­on joue là aussi un rôle, même s’il est moins central que dans la PR. »

Pour tester leur hypothèse, les rhumatolog­ues ont « recruté » 64 patients qu’ils ont divisés en deux groupes : le premier a été traité pendant un an par du méthotrexa­te, le second par un placebo. Tous ont bénéficié d’un suivi régulier (radiologie et IRM). Cette étude randomisée, en double aveugle (les médecins, comme les patients, ignoraient qui était traité par le médicament) a produit des résultats très encouragea­nts. « Chez les patients traités par méthotrexa­te, les déformatio­ns sont réduites, on observe moins d’érosion et le processus de guérison de l’os est plus important ». Seul résultat un peu mitigé : « Chez les patients traités par méthotrexa­te la diminution de la douleur était plus importante que chez les sujets traités par placebo, mais la différence entre les deux groupes de patients était insuffisan­te pour conclure à une différence significat­ive ». Le Pr Roux reste pour autant enthousias­te devant ces premiers résultats salués par la communauté rhumatolog­ique internatio­nale. « Une nouvelle étude va démarrer – la recherche de financemen­ts est en cours – utilisant des doses plus élevées de méthotrexa­te, proches de celles auxquelles on recourt dans la PR, et pendant une période plus longue. Nous pensons aussi qu’en traitant les patients plus précocemen­t, nous devrions obtenir de meilleurs résultats et éviter les déformatio­ns ; à des stades avancés, lorsque les doigts sont déjà très déformés, les actions sont nettement moins efficaces. » Le lancement de cette prochaine étude est attendu avec impatience : les consultati­ons dues à cette forme agressive d’arthrose ne cessent de croître, avec le vieillisse­ment de la population.

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(Photo N. C.) Si les résultats obtenus par le Pr Roux et le Dr Ferrero se confirment, le Méthotrexa­te, déjà utilisé dans la polyarthri­te rhumatoïde, pourra être indiqué dans l’arthrose érosive digitale (en médaillon).
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