Les addictions à l’épreuve de l’hypnose
Une étude préliminaire menée par le Pr Roux et le Dr Ferrero, du CHU de Nice, montre l’efficacité du méthotrexate contre l’arthrose érosive des doigts
Le méthotrexate, un vieux médicament utilisé depuis près de cinquante ans, pourrait permettre de soulager les personnes souffrant d’arthrose érosive des doigts (AED), forme la plus sévère de l’arthrose digitale. Les résultats de l’étude conduite par le Pr Christian Roux et le Dr Stéphanie Ferrero, du service de rhumatologie du CHU de NICE, sont tellement prometteurs – et innovants – qu’ils ont valu à ces médecins d’être invités à les présenter la semaine dernière en séance plénière lors du congrès de l’American College of Rheumatology à Atlanta, grand-messe de la rhumatologie. Il s’agit en effet de la première étude au monde testant l’efficacité du méthotrexate dans cette indication. Très invalidante, l’AED touche surtout des femmes, d’âge mûr (plus de 55 ans) et a une forte composante génétique ; le risque est particulièrement élevé lorsque d’autres membres de la famille en sont atteints. « En affectant les doigts, l’AED est source de douleurs et de handicaps fonctionnels qui altèrent sévèrement la qualité de vie. Utiliser une clé, déboucher une bouteille… les gestes les plus simples sont de véritables épreuves », expliquent les spécialistes. Si on parvient à soulager les douleurs, aucun traitement n’agit sur la détérioration des articulations et la progression des déformations. « Plusieurs essais ont été conduits avec des biothérapies notamment, mais aucun médicament jusqu’à présent n’a apporté la preuve de sa capacité à stopper cette évolution », résume le Pr Roux. Il y a quelques années, ce spécialiste a ainsi eu l’idée d’utiliser un médicament qui a fait ses preuves dans les rhumatismes inflammatoires et en particulier dans la polyarthrite rhumatoïde (PR), le méthotrexate. Une idée guidée par deux observations : « L’arthrose digitale érosive ressemble à l’atteinte structurale que l’on retrouve dans la PR. Et surtout, l’inflammation joue là aussi un rôle, même s’il est moins central que dans la PR. »
Pour tester leur hypothèse, les rhumatologues ont « recruté » 64 patients qu’ils ont divisés en deux groupes : le premier a été traité pendant un an par du méthotrexate, le second par un placebo. Tous ont bénéficié d’un suivi régulier (radiologie et IRM). Cette étude randomisée, en double aveugle (les médecins, comme les patients, ignoraient qui était traité par le médicament) a produit des résultats très encourageants. « Chez les patients traités par méthotrexate, les déformations sont réduites, on observe moins d’érosion et le processus de guérison de l’os est plus important ». Seul résultat un peu mitigé : « Chez les patients traités par méthotrexate la diminution de la douleur était plus importante que chez les sujets traités par placebo, mais la différence entre les deux groupes de patients était insuffisante pour conclure à une différence significative ». Le Pr Roux reste pour autant enthousiaste devant ces premiers résultats salués par la communauté rhumatologique internationale. « Une nouvelle étude va démarrer – la recherche de financements est en cours – utilisant des doses plus élevées de méthotrexate, proches de celles auxquelles on recourt dans la PR, et pendant une période plus longue. Nous pensons aussi qu’en traitant les patients plus précocement, nous devrions obtenir de meilleurs résultats et éviter les déformations ; à des stades avancés, lorsque les doigts sont déjà très déformés, les actions sont nettement moins efficaces. » Le lancement de cette prochaine étude est attendu avec impatience : les consultations dues à cette forme agressive d’arthrose ne cessent de croître, avec le vieillissement de la population.