Monaco-Matin

Le bon réflexe des cheminots de l’autorail X-

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La rupture du barrage de Malpasset aurait pu faire des victimes supplément­aires. Heureuseme­nt, le sangfroid de quelques cheminots a permis de ne pas alourdir le bilan. Le chef de gare de Fréjus prit d’abord la bonne initiative de bloquer les trains en provenance de Nice. Ceux-ci ont été stoppés à temps. Dans l’autre sens, l’autorail X 2804, venant de Marseille, quittait la gare de Puget-surArgens. Son conducteur, Jean Dumontet, a fait, quelques jours plus tard dans Nice-Matin, le récit de cette nuit, où, avec ses collègues, ils ont eu le bon réflexe.

Un tronc d’arbre et un bidon

Il a raconté que vers 21 h 50 ce 2 décembre 1959, alors que la motrice et trois remorques roulaient à environ 110 km/heure, un disque à côté de la voie, c’està-dire un signal ferroviair­e, lui donna l’ordre de « marche à vue », donc d’avancer au ralenti. À cet endroit-là, rien, ni eau ni matériaux, ne pouvait lui indiquer ce qui attendait le convoi. Un peu plus loin en revanche, un tronc d’arbre et un bidon étaient couchés sur les rails. Il stoppa l’autorail et descendit avec le chef de train principal Paul Filippi. Des voyageurs les avertirent alors par leurs cris de l’arrivée d’un torrent, à gauche, qui commençait à gagner les voitures et à monter. Les cheminots ont eu alors l’idée suivante : la motrice étant plus lourde que les remorques, ils ont fait transborde­r les passagers dans celle-ci. L’eau atteignait déjà 1,20 m environ. Brisant les vitres avec les marteaux de secours et franchissa­nt les attelages, Maurice Dumazer chef de train, Filippi et Antoine Toesca ont aidé les voyageurs, montés sur les sièges, à se mettre à l’abri dans la motrice. Quelques instants plus tard, deux remorques cassant leur attelage étaient emportées par l’eau avec deux passagers, qui ont pu être sauvés plus tard par des soldats. Selon Jean Dumontet, «les voyageurs étaient très calmes, aucune panique, aucun affolement, mais des angoisses bien visibles sur les visages. Fort heureuseme­nt, j’avais réussi à maintenir l’éclairage et le chauffage, l’éclairage surtout, sans lequel on ne sait pas ce qu’il aurait pu se passer ».

L’eau a commencé à baisser un peu plus tard. Un automobili­ste, dont le véhicule avait été renversé par les flots, est allé à la nage vers la motrice. C’est lui qui a informé les passagers et l’équipage de la rupture du barrage.

« Personne n’a été blessé, sauf mes camarades Paul Filippi et Antoine Toesca, coupés aux mains en brisant les vitres des voitures », a souligné M. Dumontet.

Les voyageurs ont été évacués à partir de 4 heures du matin le lendemain par des soldats, les blessés transporté­s à l’hôpital et les autres en bus vers leur destinatio­n finale, Cannes ou Nice.

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La motrice et une remorque sont restées sur les rails, mais deux remorques ont été emportées. (Photos DR)
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Repeint en bleu, l’autorail est resté en service jusqu’au début des années . Il est conservé depuis  à l’éco-musée de Breil-surRoya, sous la responsabi­lité de Michel Braun.

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