Les Républicains déterminés à « relever la tête »
Le parti de droite tenait hier son Conseil national à Paris. L’occasion de réaffirmer un positionnement « ni LREM, ni RN » et d’évoquer les futurs forums thématiques
Concertation : c’était le mot d’ordre des Républicains hier à Paris, où le Conseil national a longuement donné la parole à ses délégués, souvent déboussolés face à la menace LREM ou à l’« union des droites », qui ébranlent le parti à quatre mois des municipales.
Au siège du parti où les 300 conseillers étaient réunis, une « vieille militante » a attaqué le débat bille en tête, sur le thème explosif de l’« union des droites ». Suscitant des murmures désapprobateurs dans la salle, elle a dit ne pas « apprécier du tout la procédure d’exclusion » visant Erik Tegnér, un jeune militant proche de Marion Maréchal, ex-députée du Front national et nièce de Marine Le Pen.
« Le courage n’est pas de se vendre aux plus offrants »
Le sujet empoisonne LR, alors qu’à Sète, le patron démissionnaire de la fédération, Sébastien Pacull, vient d’annoncer qu’il allait conduire une liste « d’union des droites » soutenue par le Rassemblement national. « Le courage aujourd’hui n’est pas de se vendre au plus offrant, ni à la macronie ni à Marion Maréchal » ,arépondu le secrétaire général Aurélien Pradié, pour qui « la droite n’a pas à choisir entre être l’arrière-boutique de la macronie ou l’arrière-boutique de l’extrême droite ».
Les Républicains tenaient leur premier Conseil national depuis l’élection en octobre de Christian Jacob, qui s’est attelé à reconstruire par la base le parti héritier d’une droite hier hégémonique, mais tombée à 8,5 % aux européennes de mai. « Quand on a perdu, on est humbles, on a le courage et l’honneur de retourner sur le terrain » a affirmé M. Jacob en préambule. Mais « on ne va pas baisser la tête, raser les murs, se recroqueviller », a-t-il ajouté, en appelant à « ouvrir les portes et les fenêtres » avec un « travail de fond » pour redevenir « crédibles, audibles » afin de « reconstruire un projet d’alternance ».
LR mise sur la concertation avec douze forums thématiques, qui plancheront à partir de janvier et jusqu’à un « congrès des idées » prévu début juillet. Autorité de l’État, création d’emplois, réchauffement climatique ou ascenseur social : « Tous nos fondamentaux, mais aussi les grandes questions qui émergent aujourd’hui » seront abordées, a résumé Annie Genevard, présidente du Conseil.
« On n’a pas besoin d’être de gauche pour parler de culture ou de solidarité, ni d’être au RN pour parler d’immigration ou de laïcité », a insisté le chef du groupe parlementaire, Damien Abad. LR veut aussi se doter d’un « grand mouvement de jeunesse » autonome, qui se réunirait en septembre 2020.
« Remettre du foin dans le râtelier »
Dans un parti en affaiblissement constant depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, M. Jacob doit aussi lutter contre la tentation de la dissidence. À Marseille, Bruno Gilles, président de la fédération départementale, a refusé de jeter l’éponge après que LR a confié son investiture à sa rivale Martine Vassal, et à Paris le maire LR du XVIIe Geoffroy Boulard vient de lancer sa campagne sans allusion à aucun parti.
Face aux brebis égarées, «onvaremettre du foin dans le râtelier, ça peut les faire revenir », a lancé M. Jacob, qui est éleveur de métier.
Mais comment faire face à La République en marche, qui rogne sur l’électorat ? « Il est indispensable que notre mouvement trouve un marqueur », a estimé une déléguée inquiète.
« Nous n’avons rien à voir avec Emmanuel Macron », a tranché le numéro 2 du parti, Guillaume Peltier, pour qui il faut « redéfinir la carte d’identité de la droite française » .Le chef de l’État a certes pu tenir un discours pouvant « résonner de façon plutôt douce à l’oreille des électeurs de droite », a reconnu M. Jacob. Mais il est aussi celui des « fausses promesses» ,des « erreurs » et de « l’incapacité à réformer », a-t-il ajouté. À quatre mois des municipales, LR veut croire en ses chances : « Nous devons les gagner et nous allons les gagner », a affirmé le député niçois Éric Ciotti. Au-delà, la droite convalescente ne se projette pas encore. Mais M. Jacob a ménagé Valérie Pécresse, « avec qui on est capables de pouvoir se retrouver sur certains combats ». Et M. Ciotti a salué « avec beaucoup d’amitié » François Baroin, présent dans la salle, en lui disant « notre confiance et aussi notre espérance ».