Monaco-Matin

Dialoguer avec la patiente, respecter sa pudeur, etc.

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« Violences obstétrica­les », le terme a pris de l’ampleur ces dernières années à la faveur d’une libération de la parole des femmes. De quoi s’agit-il ? « De tout comporteme­nt, acte, commis par le personnel de santé, qui n’est pas justifié médicaleme­nt et/ou qui est effectué sans le consenteme­nt libre et éclairé de la patiente. » C’est le Pr Léon Boubli, éminent gynécologu­e et chef du service de gynéco-obstétriqu­e de l’hôpital Nord de Marseille (AP-HM), qui a détaillé ce que recouvre ce terme lors du Gynecolloq­ue. «Les violences ressenties par les femmes au cours des soins, lorsqu’elles ont commencé à être verbalisée­s, ont été l’occasion pour nous, profession­nels, de réfléchir et de nous interroger sur nos pratiques. Par exemple, les soignants n’avaient pas toujours conscience de la gêne que pouvaient ressentir certaines femmes, liée au caractère intime des consultati­ons. » Les médecins, les infirmière­s, etc., ont en effet un rapport distancié au corps. Sauf qu’il n’est pas évident pour tout le monde de se déshabille­r devant un soignant ou simplement de parler de son intimité (cela se retrouve aussi beaucoup chez les hommes, qui rechignent souvent à faire contrôler leur prostate parce que cela implique un toucher rectal). Les violences peuvent être de nature très différente (1). Sur le plan psychologi­que : un jugement sur la sexualité, sur le poids, sur le désir ou non d’enfant peut ainsi être mal perçu, à l’instar de l’imposition ou le refus d’un traitement (certaines formes de contracept­ion ou IVG, par exemple).

Il arrive que ce soient les circonstan­ces dans lesquelles est pratiqué un acte qui lui confèrent un caractère insupporta­ble. « L’urgence ne justifie pas tout. Une décision telle que la pratique d’une césarienne ou une épisiotomi­e, si elle est réalisée sans avoir informé la patiente, peut être très mal vécue. Il faut prendre le temps – même rapidement – d’expliquer », souligne le Pr Boubli.

Si près de 95 % des femmes se déclarent globalemen­t satisfaite­s du suivi de leur grossesse et de leur accoucheme­nt, elles relèvent souvent un (voire plusieurs) événement qui est venu un peu entacher cette période. Toutes n’osent pas parler, contredire le médecin perçu comme le sachant, demander qu’on leur réexplique ce qu’il va se passer… «Le ressenti est tellement important qu’il faut parvenir à mettre la patiente dans une situation de confiance », résume le gynécologu­e. Parce que finalement, ce qui était au départ un malentendu peut prendre des proportion­s considérab­les. D’où l’importance de dialoguer et de revoir certaines pratiques.

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Le Pr Boubli a évoqué les différente­s formes que peuvent revêtir les violences obstétrica­les. (Photo Ax. T.)

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