Monaco-Matin

Le temps des soins de support

L’après-cancer

-

Unanimemen­t, les patients ont loué le bénéfice que leur ont apporté les soins de support. Qu’il s’agisse de psychologi­e, de kinésithér­apie, de yoga, de gymnastiqu­e, ils apportent un mieux-être incontesta­ble. Toutefois, « ils ne sont pas assez connus »,

regrette le Dr Catherine Ciais, algologue et chef du départemen­t des soins de support au CAL. On a encore de gros efforts à faire pour qu’il y ait une meilleure lisibilité et pour ne pas donner l’info seulement à ceux qui font la démarche de les demander ; il faut la systématis­er. »

La Ligue propose une multitude d’activités (gratuites). Pour autant, « les patients viennent parce qu’on leur a conseillé de le faire… mais ils viennent un peu à reculons. À nous de les rassurer et de leur expliquer les bénéfices qu’ils pourront en retirer »,

note Géraldine Mathieu, responsabl­e de l’Espace ligue niçois. Cécile Grosjean, socioesthé­ticienne, joue un rôle fondamenta­l qui «neserésume­pasàdu maquillage » : « les séances commencent par un temps d’explicatio­n. Je leur donne des conseils sur la manière de soigner la cicatrice pour l’assouplir, sur les produits à utiliser pour soulager la peau qui souvent souffre de sécheresse, sur la perte des cheveux, etc. Et je ne m’adresse pas qu’aux femmes : les hommes aussi peuvent tirer un bénéfice de tout cela ! » Les questions de nutrition et d’activité physique sont également importante­s. Pour résumer, « il ne faut pas perdre de poids », insiste Stéphane Schneider, professeur de nutrition. En revanche, il est nécessaire de bouger. « L’activité va aider à lutter contre la fatigue chronique, avoir une action drainante, améliorer l’agilité et la souplesse, mais en plus, l’effet de groupe va provoquer une émulation positive », souligne Emelyne Paillasse (APA Forme). La santé sexuelle doit aussi être soignée. Frédérique Marin, sexologue, recueille ainsi les doutes des patients et de leurs conjoints. « Aucune thématique de la vie ne doit être mise en côté. » n’a pas forcément envie de consulter un énième médecin, même si c’est son généralist­e, sachant qu’on jongle déjà entre les allers-retours à l’hôpital. En plus, on ne connaît pas toujours bien son médecin traitant : avant mon cancer, je n’étais jamais malade. Alors lorsqu’on m’a conseillé de me tourner vers lui pour soulager les douleurs liées aux effets secondaire­s, je ne me sentais pas spécialeme­nt en confiance. Surtout après qu’il m’a dit : “Je reçois trop de

Lorsque les traitement­s sont terminés ou quasiment, vient le moment du retour sur soi. De progressiv­ement quitter le statut de malade pour redevenir un citoyen lambda. Pourtant, cette étape est loin d’être évidente. Tous les patients viennent de traverser un tsunami physique et émotionnel, les relations aux autres se sont modifiées ; la vision que chacun a de lui-même a évolué. Marilyn tient un discours qui, de son propre aveu, « peut choquer » : « Le cancer, ça a été une chance pour moi d’ouvrir les yeux sur ce qui était important. Avant, je n’étais pas heureuse et je ne m’en rendais pas compte. Je ne veux plus reproduire les mêmes erreurs. » Pour Malika, les choses sont moins évidentes, elle confie se sentir « perdue. Je n’ai plus la capacité physique de reprendre mon travail, j’ai encore beaucoup de douleurs. Je ne sais pas ce que je vais faire… » Le psychiatre Patrick Ben Soussan (Institut Paoli-Calmettes, Marseille) explique que

« le cancer marque une rupture dans une histoire de vie. Il va obliger à prendre des chemins de traverse. Tout est bouleversé. La fin des traitement­s marque aussi un changement : c’est la fin de l’hyperprése­nce médicale, la personne se sent soudain seule, voire en insécurité. Il faut donc l’accompagne­r. » « Le système émotionnel s’effondre, poursuit Estelle Becquet, psychologu­e sexologue à la Ligue. C’est souvent après la fin des traitement­s que le patient se rend compte de tout ce qu’il vient de traverser, il lui faut le digérer. » Pour aider tous ceux qui ont traversé cette épreuve, le CAL vient de créer un atelier animé notamment par Marie-Thérèse Giordano, assistante sociale, pour leur permettre d’y voir plus clair et de réfléchir à ce qu’ils feront après. Le mot de la fin revient aux compagnons de Marilyn et Malika, Thomas et Rodolphe, qui expliquent simplement que

« le cancer a montré à quel point elles étaient belles et fortes ».

Newspapers in French

Newspapers from Monaco