Monaco-Matin

Vingt ans de mariage pour devenir monégasque

Dix-neuf élus se sont prononcés en faveur du doublement du nombre d’années de mariage pour obtenir la nationalit­é. « Un sujet sensible » qui divise au sein même de la majorité

- JOËLLE DEVIRAS

Préserver le modèle social : c’est ce qui a motivé dix-neuf conseiller­s nationaux*, hier soir, qui ont voté en faveur de la propositio­n de loi N° 244 relative à l’acquisitio­n de la nationalit­é par mariage qui passe de dix à vingt ans le nombre d’années de noces nécessaire pour devenir Monégasque.

Vingt ans, une génération. Le sujet est sensible et les élus ne sont pas tous d’accord, dans les rangs mêmes de la majorité Primo ! Priorité Monaco.

Stéphane Valeri a expliqué sa position et donc celle de dix-huit conseiller­s nationaux qui le suivent : « Le législateu­r a souhaité rendre possible l’acquisitio­n de la nationalit­é monégasque pour les conjoints étrangers, par déclaratio­n, dans un premier temps après cinq ans de vie commune, puis dix ans de vie commune depuis 2011. Par ailleurs, la Principaut­é de Monaco dispose d’un modèle social exemplaire, (...) dont [elle] a toujours souhaité qu’il soit maintenu au plus haut niveau, mais qui présente néanmoins un coût pour l’État, car il implique, outre la délivrance de nombreuses aides aux nationaux, la constructi­on de nombreux logements domaniaux sur un territoire restreint. »

 % en plus dans  ans

C’est avec les chiffres de l’Imsee que le président du Conseil national appuie son analyse. « L’analyse de l’Institut monégasque de la statistiqu­e et des études économique­s projette que, d’ici 50 ans, la Principaut­é pourrait compter 14 700 nationaux, soit une augmentati­on de 62 % du nombre de Monégasque­s » par rapport à aujourd’hui.

Alors des noces d’étain, ça ne semble soudain plus suffire pour une parfaite intégratio­n… « Au cours des débats, il est rapidement apparu que le statu quo ne paraissait pas envisageab­le, le délai de dix ans de vie commune n’étant pas, aux yeux de la grande majorité des parties prenantes, suffisant pour assurer une bonne intégratio­n des conjoints dans la communauté nationale, tout en permettant de pérenniser durablemen­t, à un haut niveau de qualité, le modèle social monégasque. » Une position que ne suit pas Pierre Van Klaveren : « Il m’est totalement inconcevab­le de conditionn­er une nationalit­é à un nombre d’années de mariage. Serons-nous de meilleurs mari ou femme parce que nous sommes restés mariés vingt ans au lieu de dix ? »

Quant à Jacques Rit, il a voté en faveur de cette propositio­n de loi. Mais le conseiller national de la minorité Horizon Monaco dit être « intimement convaincu que l’effet recherché ne pèsera pas lourd sur la balance ». Son analyse est prospectiv­e. Il voit ainsi l’immense réserve foncière des eaux territoria­les comme une vaste perspectiv­e d’extension nationale dès lors que les moyens techniques la facilitero­nt.

Peut-être de quoi imaginer une nationalit­é acquise dès dix, voire cinq de mariage, en 2070… * 17 élus de la majorité et les 2 élus Horizon Monaco (Jean-Louis Grinda (Union Monégasque), étant absent, ne s’est pas exprimé). Fabrice Notari s’est abstenu. Guillaume Rose, Nathalie Amoratti-Blanc et Pierre Van Klaveren ont voté « contre ».

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(Photo Conseil national - Romain Fondacaro) Le Conseil national a voté en faveur de la propositio­n de loi n° .

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