Une pluie d’hommages pour Henri Biancheri
Joueur puis dirigeant, Henri Biancheri symbolisait l’AS Monaco, club qu’il portait dans son coeur. Il est parti à l’âge de 87 ans
Henri Biancheri est mort un dimanche de pluie. Un jour triste pour l’AS Monaco qui a perdu l’un des siens. Un des héros de l’âge d’or du club. Ces années soixante qui ont vu l’ASM décrocher les premiers trophées de son histoire avant de parader en micheline rouge et blanche ou en Floride décapotable dans une cité en joie. Henri Biancheri a été un grand joueur avant d’être un grand dirigeant. Il était un milieu de terrain précieux au jeu subtil qui savait la donner ou la mettre au fond. L’équipe monégasque jouait alors un football léger, joyeux, pétillant avant d’ouvrir le champagne. Le coach s’appelait Lucien Leduc. Les joueurs l’adoraient. Il veillait sur eux comme sur ses enfants. Monsieur Leduc savait mettre le football en musique. En quatre saisons, l’ASM allait remporter deux titres de champion (1961-1963) et deux coupes de France (1960-1963). Henri Biancheri était à l’avant de cette génération dorée qui a été la première à porter la mythique diagonale rouge et blanche. Un maillot était né. Une ambition aussi.
De Marseille à Monaco
Henri Biancheri a fait ses premiers pas à Marseille, tout près du Vélodrome, mais il n’a jamais joué à l’OM. Il a commencé au SMUC avant de se révéler à Sochaux et d’exploser à Angers. En 1957, il signe des débuts fracassants avec l’ASM claquant deux buts au vieux Louis-II face à Sochaux, Serge Roy se chargeant de marquer les trois autres (5-2). A l’époque, la famille habite la pension hôtel Boeri à Beausoleil. C’est là qu’on loge les nouveaux.
Henri Biancheri se sent bien à Monaco. Bien dans son jeu, bien dans sa peau. Une vie de prince. C’est sur le
Rocher qu’il vivra les plus grands moments de sa carrière remportant quatre titres en sept ans. Des victoires, du bonheur, mais aussi des soirs de désillusion comme lors du premier match européen de l’ASM dans un vieux Louis-II trempé jusqu’aux os face aux Glasgow Rangers (2-3). Une douche écossaise. Après avoir raccroché les crampons du côté du Racing Paris, Henri Biancheri aurait pu devenir sélectionneur des Bleus en 1967. Mais l’adjoint de Just Fontaine (’’Justo’’ qui ne resta que deux matchs pour autant de défaites à la tête de l’équipe de France) resta fidèle à son ami. Il déclina la proposition, lui qui avait pourtant remporté ses deux rencontres avec les A’. «Je suis venu avec lui, je repars avec lui », aurait-il dit.
Un dirigeant reconnu
Directeur chez Adidas, il quitte la marque aux trois bandes pour son club de coeur : l’AS Monaco. En 1986, Jean-Louis Campora le nomme directeur technique. « Il était compétent et professionnel. Henri représentait parfaitement le club car il en était l’un des symboles. Il avait un oeil sur tout. Sur les pros, sur les jeunes, sur le mercato, sur les adversaires. Et il ne se trompait pas. Il respirait le football. Il a contribué à la réussite de l’AS Monaco. L’ASM a perdu un de ses grands serviteurs et moi un ami », confie le président emblématique de l’ASM pendant près de 30 années.
Henri Biancheri a des idées, des contacts et du flair. Les venues de Weah, Djorkaeff ou Rui Barros en Principauté : c’est lui.
« Il voyait juste. Il savait ce qu’il fallait pour l’équipe. Les moments passés avec lui étaient toujours agréables. Henri aimait l’ASM, il aimait le foot, il aimait gagner. Et il aimait aussi fumer le cigare... », se souvient JeanLuc Ettori, inoubliable gardien du temple. Les journalistes n’ont pas oublié, eux non plus, celui qui s’asseyait à leur table avant un grand match. « Il sillonnait l’Europe. Après, c’est lui qui nous parlait de l’adversaire des Monégasques. Il était disponible et d’une extrême gentillesse. C’était une mine d’or pour les infos. Mais il ne lâchait jamais ce qui était top
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Il a joué 261 matchs (30 buts) sous le maillot de l’AS Monaco remportant deux titres de champion de France (1961, 1963) et deux Coupes de France (1960, 1963). Il fut directeur technique de l’ASM
(de 1986 à 2005).
secret : Henri défendait les intérêts du club avant tout. Il avait un respect infini pour l’ASM. Grâce à lui, j’ai écrit des centaines d’échos...», souffle Jean Chaussier ancienne plume du service des sports de Nice-Matin. En 2005, l’ami des princes et des sans-grade, le dirigeant reconnu, l’homme bien s’est retiré sur la pointe des pieds. Mais il n’était jamais bien loin de l’ASM. Henri Biancheri est mort dimanche au centre Rainier III des suites d’une longue maladie. Le soir du report de Monaco-PSG. Comme un signe. Celui d’une journée particulière. Sombre et pluvieuse.
La Coupe et les amis pour l’éternité (ci-dessous Henri Biancheri et Michel Hidalgo en ).