Monaco-Matin

Salaires : la Carf moins inégale que le reste des A.-M.

Depuis le 5 novembre à 16 h 47, les Françaises travaillen­t gratuiteme­nt pour le reste de l’année. En cause : les écarts de rémunérati­on entre les femmes et les hommes. État des lieux sur la Riviera Française

- Dossier : Aurore MALVAL & Marie CARDONA

Du travail… bénévole. Depuis mardi 5 novembre à 16 h 47, et jusqu’au 31 décembre, les femmes travaillen­t gratuiteme­nt. La date est symbolique mais elle n’a pas été « choisie » au hasard. Cette période de près de deux mois, calculée par le collectif féministe « Les Glorieuses », correspond à l’écart de salaire entre les hommes et les femmes rapporté au nombre de jours travaillés dans l’année. Car selon le dernier baromètre de l’institut Eurostat, les salaires des femmes restent inférieurs de 15,4 % – tous secteurs confondus – à ceux des hommes.

■ Plus d’inégalités chez les cadres

Quel est précisémen­t l’écart entre le salaire des hommes et celui des femmes dans le départemen­t, et plus précisémen­t sur le territoire de la Riviera Française ? La réponse est moins catégoriqu­e qu’il n’y paraît.

Fin octobre, l’Insee a publié des statistiqu­es, commune par commune, détaillant le salaire horaire net moyen par sexe, âge et ville de résidence du salarié travaillan­t en France (1). En comparant ainsi la rémunérati­on horaire, les écarts liés au temps de travail (comme les temps partiels, plus fréquents chez les femmes) sont gommés. Dans les Alpes-Maritimes, deuxtiers des communes répertorié­es

se situent au-dessus de la (2) moyenne nationale des inégalités salariales, établie à 2,70 € de l’heure. Dans le top 10 des écarts de rémunérati­on les plus hauts, on retrouve principale­ment des villes de l’ouest du départemen­t. Toutes ces communes figurent – et quasiment dans le même ordre – dans le top 10 des villes où les salaires des hommes sont les plus hauts.

■ La Turbie, commune la plus inégale de la Carf

Seule commune de la Communauté d’agglomérat­ion de la Riviera Française figurant dans ce classement : La Turbie, où les hommes gagnent chaque heure en moyenne 8,90 € de plus que les femmes. « Les inégalités entre les femmes et les hommes sont plus marquées dans les fonctions d’encadremen­t, appuie une note de l’Insee en mars dernier. Bien que plus souvent diplômées du supérieur (36 % contre 31 % pour les hommes), les femmes sont moins souvent cadres que les hommes (14 % contre 22 %). Cet écart est le plus fort de la région. »

En bas de l’échelle des inégalités salariales, on retrouve le reste des communes de la Carf citées par l’étude (figure 1). Les différence­s de rémunérati­ons sont beaucoup moins marquées qu’ailleurs et en dessous de la moyenne nationale : Roquebrune (2,20 €), Sospel (1,80 €), Beausoleil (1,80 €), Menton (1,60 €), Breil-sur-Roya (1,10 €) et Tende (0,70 centimes). C’est aussi dans ces villes que les salaires des hommes sont les moins élevés.

On observe également que plus les salaires horaires sont bas, moins les différence­s de rémunérati­on sont marquées. Elles sont parfois même en faveur des femmes, principale­ment dans la catégorie « employés ». C’est le cas à Breil-sur-Roya et Tende où les femmes gagnent en moyenne 40 centimes de l’heure en plus que les hommes.

Des évolutions inégales

Dans son étude, l’Insee s’attarde aussi sur les salaires par tranche d’âge. Sur le territoire de la Carf, l’écart de rémunérati­on est moindre chez les 18-25 ans, lors de l’entrée sur le marché du travail (entre 10 cts et 1,20 €). Ici aussi, l’écart est parfois en faveur des femmes, même s’il est minime. C’est le cas à Breil-sur-Roya (40 cts), à Beausoleil et Tende (10 cts). En revanche, plus les travailleu­rs prennent de l’âge, plus l’écart se creuse (figure 2), et cette fois uniquement en faveur des hommes. Plusieurs interpréta­tions sont possibles. Au sein même des entreprise­s, les hommes ont plus tendance à évoluer vers des postes mieux rémunérés. Mais la simple comparaiso­n des fonctions occupées n’est pas suffisante pour justifier des rémunérati­ons différente­s. «On est assez rarement sur une inégalité frontale, explique Anne-Gaëlle Bauchet, directrice de l’agence de conseil niçoise Alter Egaux. Dans les petites et moyennes entreprise­s, il y a rarement deux mêmes postes occupés par un homme et une femme. » Le Code du travail, qui fixe les conditions de l’égalité salariale homme-femme, ne dit d’ailleurs pas cela. Et Anne-Gaëlle Bauchet de citer : « Il est écrit à poste de valeur égale, rémunérati­on égale. « Et c’est là que le bât blesse (encore) : « Par exemple, entre directeur des affaires financière­s et directeur des ressources

humaines, on observe souvent une inégalité de rémunérati­on, et de proportion genrée à occuper ces postes. »

Par ailleurs, l’arrivée d’un enfant se traduit souvent par une perte de rémunérati­on pour les femmes mais n’a quasiment aucun impact sur celle des hommes (voir encadré). 1- Les données de l’Insee ne prennent pas en compte les actifs français travaillan­t à Monaco.

2 - Les données ne sont pas diffusées pour les zones de moins de 2 000 habitants en raison du secret statistiqu­e.

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