Monaco-Matin

Et si la médecine se mettait au service de la paix ?

L’associatio­n mentonnais­e « Pax Medicalis » s’est rendue avant l’été en Israël pour aller à la rencontre de ces médecins exceptionn­els, qui font fi des religions et des conflits. Un film a été réalisé et projeté salle Saint-Exupéry

- RACHEL DORDOR

Faire la paix par la médecine. Un objectif ambitieux, sans doute difficilem­ent réalisable à l’heure actuelle, mais que l’associatio­n mentonnais­e « Pax Medicalis » ne veut cesser de mettre en lumière, à son niveau, en organisant chaque année un voyage d’études en Israël et dans les territoire­s palestinie­ns, sous la conduite du docteur Daniel Bensoussan et cette année, de Delphine Horvilleur*. Sur cette terre qui semble s’embraser, mais là aussi où se déroulent les plus belles preuves que le vivre-ensemble reste possible au nom du principe fondamenta­l de la vie. Car, chaque jour, dans les hôpitaux israéliens, des enfants palestinie­ns sont soignés, sauvés et suivis pour surmonter une maladie grave, un cancer...

C’est un message de paix que l’associatio­n a porté, l’autre soir, dans la salle Saint-Exupéry, en diffusant le film réalisé par la cinéaste mentonnais­e Catherine Filliol. Pendant tout le séjour, qui a eu lieu au mois de mai dernier, elle a suivi les membres de l’associatio­n – en majeure partie composée de médecins et de personnels de santé – les visites d’hôpitaux et les nombreuses rencontres pour livrer un véritable plaidoyer en faveur de la paix, au nom de toutes ces femmes et hommes, issus du milieu médical et des trois religions, qui se battent là-bas au quotidien pour faire que la vie triomphe de tous les maux humains.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’émotion était au rendez-vous dans la salle Saint-Exupéry. Comme sur l’écran. Car au fur et à mesure du séjour, Catherine a recueilli les témoignage­s des participan­ts : « Je suis émerveillé­e par ce séjour, voire bousculée par ce pays complexe, par la richesse de sa diversité humaine... On imagine qu’il y a beaucoup de heurts depuis la France, mais ce n’est pas le cas...» confiait Martine Grimaldi, gynécologu­e.

« Je suis israélien et palestinie­n à la fois »

« Une expérience très enrichissa­nte, très intense, exceptionn­elle » révélait cet autre médecin, concluant que « par la médecine, on peut rapprocher les gens ». Dans ce film, on découvrait notamment Jean-Jacques Rein, chef du service de cardiologi­e pédiatriqu­e à l’hôpital Hadassah de Jérusalem, expliquant : « Les médecins sont d’abord des médecins... C’est un signe de paix tangible tous les jours. En dépit des conflits, les Palestinie­ns n’ont pas peur de se faire soigner chez nous ». Avec Muriel Haïm, présidente de l’associatio­n « Un coeur pour la paix », ils ont déjà permis à plus de 700 enfants palestinie­ns de guérir de pathologie­s cardiaques (de nombreux enfants sont atteints de malformati­ons cardiaques congénital­es, N.D.L.R.) et rapproché Israéliens et Palestinie­ns par des actions dans la santé et l’éducation.

« Ces enfants sont la preuve vivante qu’une coopératio­n existe entre médecins israéliens et palestinie­ns à Jérusalem et en Cisjordani­e ».

« Je suis israélien et palestinie­n à la fois » disait encore dans le film le docteur Ibrahim Abu Zahira, spécialisé en pédiatrie après des études en France et en Russie, qui a parfait sa formation à l’hôpital Hadassah et a ouvert sa consultati­on à Hebron avec le soutien d’« Un coeur pour la paix »...

La médecine soigne la société dans son ensemble

Et des hommes et des femmes de cette dimension, il en est passé dans ce film, à l’image de Myriam Ben Arush, directrice du service d’oncologie pédiatriqu­e de l’hôpital Rambam

à Haïfa ou encore du docteur Mushira Abu Dia, spécialist­e en obstétriqu­e et gynécologi­e au centre médical Hadassah, qui est aussi à la tête de l’associatio­n « Physicians for Human Rights Israel ». «Mon identité est celle d’une Israélienn­e palestinie­nne. Je considère la médecine comme une profession qui ne guérit pas seulement le corps blessé mais aussi la société dans son ensemble...» Des femmes d’une intensité et d’une énergie phénoménal­es que « Pax Medicalis » a distinguée­s en leur offrant un « Olivier d’or ». Pour leur action en faveur de la paix. Pour leur courage et leur humilité. On a aussi pu découvrir le mouvement « Women Wage Peace », composé de femmes aussi bien juives qu’arabes, qui oeuvrent pour la paix et veulent faire bouger la société... « L’objectif de ce film c’est d’avoir une idée précise sur le terrain. Je suis le témoin du travail de cette associatio­n formidable qu’est Pax Medicalis » a livré en fin de projection Catherine Filiol aux côtés du docteur Bensoussan. Un sentiment optimiste comme celui partagé par Frère Olivier, depuis le monastère Abu Gosh, où l’on chante en hébreu et en latin au coeur d’un village arabe... «Onn’a pas le droit de désespérer du coeur de l’homme ».

*Delphine Horvilleur a donné des conférence­s à l’Université hébraïque de Jérusalem sur la femme, mais aussi sur la mémoire et le judaïsme.

Rens. Pax Medicalis : 06.80.86.87.21.

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Delphine Horvilleur, rabbin libéral en France, a accompagné les membres de « Pax Medicalis » en Israël et a donné des conférence­s passionnan­tes. (Photos RD, images extraites du film de C.F.)
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Les docteurs Jean-Jacques Rein et Ibrahim Abu Zahira soignent les enfants palestinie­ns atteints de maladies cardiaques ou de cancers.
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Muriel Haïm, présidente de l’associatio­n « Un coeur pour la paix ».
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Muschira Abu Dia, médecin et e femme arabe à la tête de « Physicians for Human Rights Israel ».
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