Monaco-Matin

« Nul n’est prophète... »

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE DELGOULET

Olivier Jannuzzi a presque tout connu à l’OGC Nice. Il y a signé sa première licence en pupilles au milieu des années  avant d’y signer pro. Défenseur central, il a joué quelques matchs en D et en D sous le maillot rouge et noir avant d’aller voir du pays à Martigues, Nîmes et Lens. Puis, il est revenu à la « maison » au début des années  avec le survêt’ de coach. Il a entraîné l’école de foot, les  ans, les  ans et enfin l’équipe réserve des pros entre  et . L’histoire avec le Gym, son club, s’est arrêtée là. Depuis , Jannuzzi a intégré le staff du centre de formation de l’Olympique de Marseille où il se sent bien. Aujourd’hui âgé de  ans, il nous raconte son parcours.

Olivier, quel est votre rôle au centre de formation de l’OM ?

Cette saison, je m’occupe des U R et mon adjoint est Pancho Abardonado, lui aussi un ancien du Gym. L’ambition est de remonter en U nationaux puisque l’équipe est descendue en mai dernier. Pour l’instant, ça se passe bien. On est leader avec  victoires en  matchs. Mais ce n’est pas simple car toutes les équipes jouent le match de leur vie contre nous ! La saison passée, je m’occupais des U nationaux et les deux premières saisons des U nationaux. On avait d’ailleurs atteint la finale de la Gambardell­a en .

La vie à Marseille ?

J’y suis bien. L’OM est un des meilleurs clubs français. Je vis à Saint-Julien, pas très loin du centre d’entraîneme­nt de la Commanderi­e. Mais je rentre assez régulièrem­ent sur la Côte d’Azur où vivent ma famille, mes enfants, ma compagne. J’aimerais d’ailleurs les voir plus souvent. Une grande partie de ma vie reste à Nice.

Votre arrivée à Marseille ?

En , j’arrivais en fin de contrat à Nice et je n’ai pas été conservé. Ensuite je suis parti en Afrique, en Guinée, à l’AS Kaloum, club de Conakry. Une très belle expérience humaine. Quand on voit le quotidien de l’Afrique, on se rend compte qu’on n’est pas si malheureux en France. A mon retour, j’ai entraîné les U à Evian TG mais le club a déposé le bilan. Peu après,

Jean-Luc Cassini, directeur du centre de formation de l’OM à l’époque, m’a contacté car il cherchait un coach pour les U nationaux. Et j’ai signé là-bas !

Revenons sur votre parcours de joueur à l’OGCN...

Nice, ça reste mon club. J’y ai débuté en pupilles et j’ai enchaîné toutes les catégories. J’ai été aspirant, stagiaire puis pro. Un parcours classique. J’ai commencé en D et j’ai joué aussi un peu en D. Le coach était Jean Sérafin. La période (-, ndlr) était un peu difficile.

Un souvenir marquant ?

Le match retour de barrage pour la montée en D contre le Racing en . On gagne - à l’aller. Au retour, sous la pluie, à Colombes, on mène - sur un but de Guy Mengual. Puis la pluie redouble et l’arbitre décide d’arrêter le match... qui est donné à rejouer trois jours plus tard. Ce soir-là, même scénario, on mène - jusqu’à dix minutes de la fin. Le Racing revient à - puis tout s’enchaîne, des erreurs d’arbitrage, des penaltys généreux, les Parisiens marquent deux buts dans les deux dernières minutes. Ils mènent -. A l’époque, les buts ne comptaient pas double à l’extérieur et on était à égalité sur les deux matchs. Et on s’écroule dans la prolongati­on (-). Terrible... Je m’en rappellera­i toute ma vie.

Un meilleur souvenir ?

Un match contre l’OM en D au Ray en mai . C’était la fin du championna­t, on était sûr de se maintenir et Marseille jouait le titre. C’était le début de l’ère Tapie, il y avait Papin, Förster, Giresse, Sliskovic... Chez nous, Curbelo, Amitrano, N’Dioro... La rencontre était retransmis­e sur Canal +. C’était un petit événement à l’époque. On avait fait un super match et on les avait battus  ou - (-, ndlr) alors que la veille, on bronzait à l’entraîneme­nt.

Un joueur du Gym qui vous a marqué ?

Jean-François Larios. Quand il est arrivé à Nice, il était sur la fin de sa carrière mais il avait une sacrée stature. Il donnait beaucoup de conseils aux jeunes, nous racontait ses campagnes européenne­s avec Saint-Etienne, ses expérience­s avec les Bleus. J’ai aussi beaucoup apprécié Albert Gemmrich, Alsacien et lui aussi un ex-internatio­nal (à Nice de  à ). Il était très sympa et très ouvert. Un jour, il m’avait invité chez lui avec trois ou quatre autres jeunes du centre de formation à venir manger la choucroute ! Aujourd’hui, il a un poste important à la fédé (président de la Ligue Grand Est, ndlr).

Comment a débuté votre parcours d’éducateur ?

J’ai arrêté ma carrière de joueur pro vers  ans après une blessure aux croisés. Ensuite, j’ai un peu coupé avec le milieu du foot. Puis au début des années , je me suis rapproché du club. Il cherchait des éducateurs. J’ai commencé par m’occuper de l’école de foot. J’ai ensuite été l’adjoint d’Alain Wathelet l’année où les  ans nationaux ont été sacrés champions de France en  avec Lloris, Scaramozzi­no, Padovani... Puis j’ai eu la charge pendant  ou  saisons des  ans fédéraux avant de faire un break et de revenir m’occuper de la réserve pro pendant deux ans de  à .

Ce n’était pas une période très simple pour la réserve...

On jouait le maintien en CFA. Jusqu’au bout... Il y avait une belle génération – avec les Hassen, Rougeaux,

Constant, Leblanc – qui a gagné la Gambardell­a. Cette compétitio­n était la priorité et, du coup, on avait des problèmes d’effectif en championna­t. On s’est retrouvé à jouer des matchs avec seulement  joueurs et parfois quatre gardiens dont trois dans le champ ! On s’était finalement sauvé à la dernière journée au stade du Ray. C’était une année galère mais l’objectif Coupe Gambardell­a et maintien en CFA avait été atteint. L’histoire s’est bien terminée.

Les jeunes que vous avez entraînés et qui vous ont marqué ?

A Nice, Lloris, Scaramozzi­no, Modeste, Amavi... Bosetti aussi. A Marseille, Boubacar Kamara, on sentait que c’était très fort. Lucas Perrin aussi. D’ailleurs ces deux-là ont formé la charnière centrale de l’OM à Toulouse en Ligue  dernièreme­nt. Ça fait plaisir de les voir à ce niveau-là. Aujourd’hui, Isaac Lihadji, attaquant côté droit, et le gardien Simon Ngapandoue­tnbu sont promis à un bel avenir.

Pas de regrets de ne pas avoir poursuivi l’aventure au Gym ?

Non pas du tout. Je n’ai ni rancoeur, ni regret. La vie, le foot, c’est comme ça. Il nous mène là où le vent nous porte. Nul n’est prophète en son pays !

‘‘ Le barrage retour face au Racing, c’était terrible... Je m’en rappellera­i toute ma vie.”

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