Monaco-Matin

« Nous travaillon­s avec des hypothèses et des doutes »

Pedro Schwartz, économiste et membre de l’Académie royale des sciences morales et politiques espagnole

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Faire le lien entre la pensée économique et les questions environnem­entales apparaît intéressan­t ?

Sûrement ! Actuelleme­nt, tout le monde parle d’environnem­ent, parfois de manière dramatique. Je suis Espagnol, je viens de Madrid où Greta Thunberg et ses amis sont entrain de faire beaucoup de bruit. Je crois qu’il est nécessaire d’en parler de manière sceptique et rationnell­e. Nous les économiste­s, nous estimons le coût et le bénéfice des propositio­ns que nous faisons. Pour beaucoup de gens, nous sommes très près d’une catastroph­e et il faut prendre des mesures radicales pour tout changer. Nous, nous demandons, est-ce vrai que nous sommes devant une catastroph­e ? Est-ce que les mesures que vous proposez vont pouvoir arriver aux fins que vous croyez ? Est-on prêt à payer le coût ? C’est notre rôle…

Au risque de passer pour des climatosce­ptiques ?

La science est sceptique de manière générale. Nous proposons une idée, le pas suivant est de la discuter, de douter. Nous ne sommes pas climatosce­ptiques, nous sommes sceptiques ! C’est notre rôle. Nous ne travaillon­s pas avec des dogmes, mais avec des hypothèses et des doutes. Cette attitude manque à beaucoup de gens qui parlent de climat…

Au regard de votre expérience, êtes-vous optimiste face à ce défi ?

Par expérience, nous savons que des mesures prises pour toute la planète à la fois ne fonctionne­nt pas. Il est beaucoup plus intéressan­t de décentrali­ser et de laisser apparaître des idées différente­s. La centralisa­tion n’a pas fonctionné au XXe siècle. Nous voulons voir les idées, les propositio­ns que différente­s personnes dans différente­s situations nous lancent. Je crois qu’il faut être optimiste, car si on laisse les gens penser, normalemen­t ils ont de bonnes solutions. C’est difficile à accepter car il y a un problème et certains pensent que l’Apocalypse est au bout de la rue. Mais je pense qu’il faut tranquille­ment regarder, discuter, échanger pour arranger le monde dans lequel on vit.

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