Monaco-Matin

Les internes en médecine

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Ils sont les chirurgien­s, les gynécos et les médecins généralist­es de demain. Les internes, en grève illimitée ont pris la rue, hier, à Nice, au côté des enseignant­s, des cheminots, des gardiens de prison et des « gilets jaunes » qui marchaient à l’appel de l’intersyndi­cale (CGT, FSU, Solidaires, Unsa, Union nationale lycéenne et FO) contre la réforme des retraites. Une manifestat­ion qui a réuni 10 000 personnes selon les organisate­urs, 2 300 selon la police.

Ils sont venus raconter l’hôpital public qui craque et crève à petit feu. Crier leur souffrance. « Nous pansons les plaies mais qui pense à nous ? », hurle la banderole de tête. « Chirurgien­s pas formés, patient amputé », scandent les manifestan­ts. « Le CHU nous tue ! » ,se désespère une pancarte brandie à bout de bras.

« La grogne est forte. On a 60 % de grévistes : plus un service d’urgences ne tourne avec des internes dans toute la Région, décompte leur patron, Pierre Colaux. On est là pour défendre l’hôpital public. On poursuivra la grève jusqu’à vendredi et on n’assurera plus aucune garde jusqu’à ce que nos revendicat­ions soient entendues. » Des revendicat­ions soutenues par les leaders FO et CGT du CHU, Michel Fuentes et Stéphane Gauberti. Mais aussi par le chirurgien orthopédiq­ue Christophe Trojani et le doyen de la fac de médecine, Patrick Baqué, présents dans le cortège.

« On a des internes qui font 100 heures par semaine alors que la durée légale est fixée à 48 heures en Europe. Dans certains endroits, les repos de garde ne sont pas respectés et certains font 34 ou 35 heures d’affilée. À Toulouse, on a vu des internes À l’exception de l’un d’entre eux, qui télétravai­lle à  %, étant domicilié à Marseille, tous s’adaptent à ce principe séquencé. « C’est dans notre ADN. Une philosophi­e », résume Éric Solal qui a du mal à comprendre la réticence d’autres employeurs. « Ceux qui sont très portés sur le command control devraient peut-être admettre que la responsabi­lisation est plus pertinente. C’est une question d’organisati­on – ou de désorganis­ation – de l’emploi du temps. À distance, notre travail est aussi efficace. Même si, parfois, ce sont nos clients qu’il faut réussir à convaincre. » qui s’endorment au volant en rentrant chez eux. Le tout pour 1 540 euros par mois hors garde pour des bac + 8 », dénonce Alexandre Rodière, le président des internes de spécialité­s.

« Le principal, c’est la formation »

Mais « le principal problème, c’est la formation, martèle-t-il. Un amendement de la loi Santé voté cet été a entériné l’interdicti­on pour l’industrie médicale de financer l’hospitalit­é pour les internes. Du coup, plusieurs congrès et cours ont été annulés de notre cursus. Ça donne des chirurgien­s qui opèrent pour la première fois sans jamais avoir manipulé la prothèse ou le matériel qu’ils utilisent. Et les licences de remplaceme­nt qui nous permettait à mi-cursus de remplacer des médecins de ville et d’apprendre sont menacées. On dit non ! »

« On nous demande de savoir tout faire tout de suite, on est livrés à nous-mêmes, confirment des internes en gynéco. Aux urgences, l’interne est toujours tout seul, il n’y a jamais un chef. Bien sûr, on peut l’appeler mais certains nous font

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