LES BRAQUEURS DE CARTIER JUGÉS
Le Tribunal criminel juge depuis hier deux des quatre auteurs présumés du vol à main armée de la bijouterie Cartier de Monte-Carlo, commis le 25 mars 2017. Ils étaient repartis avec 6 M€ de butin.
Pléthore de policiers en état d’alerte et sécurité accrue dans le périmètre du palais de justice, hier matin, sur le Rocher. Ces forces de l’ordre apportaient protection au Tribunal criminel pour l’ouverture de la première des quatre journées consacrées au procès de deux braqueurs présumés de la bijouterie Cartier de Monte-Carlo : Walid Bekkada et Sofiane Gallah, respectivement 25 ans et 19 ans au moment des faits.
Deux autres malfaiteurs sont à ce jour incarcérés en France – ils seront jugés par la Cour d’assises des Alpes-Maritimes.
Dès l’arrivée des accusés, menottés dans le box, la présidente Françoise Carracha a orienté d’emblée les débats sur la reconstitution très précise du scénario de cette attaque à main armée digne des méthodes du grand banditisme.
Butin : M€
Le 25 mars 2017, en plein aprèsmidi, vers 15 h 45, une bande de malfaiteurs originaires des Hauts de Vallauris pénétraient avec les plus mauvaises intentions dans la luxueuse boutique de la place du Casino. Sept minutes plus tard, 127 bijoux pour un montant de 6 millions d’euros étaient dérobés – seules trois montres manquaient au moment de l’inventaire. Les services opérationnels de la Sûreté publique déployaient aussitôt le plan de bouclage de la Principauté et de nombreux policiers convergeaient vers la place du Casino. De fuite en poursuite sur le territoire monégasque, les fonctionnaires maîtrisaient deux individus connus pour leurs lourds antécédents judiciaires en France. Leur interpellation s’effectuait sans effusion de sang malgré deux des trois bandits armés de revolvers. Il n’y a eu ni tir de balles ni blessés, ni prise d’otage. Seulement sept personnes très choquées : les employés de chez Cartier. Au point de ne pas venir témoigner en personne à l’audience, hier, par peur de revoir ceux qui ont mutilé leur volonté de vivre normalement aujourd’hui. La crainte de représailles, les menaces de mort, les mots très durs prononcés le temps de dévaliser la boutique à l’époque ont altéré à tout jamais leur plaisir de vivre.
« Ils étaient agressifs »
Seul l’agent de sécurité, à force de thérapies propices à redonner confiance en soi, a eu la force et le courage de venir témoigner à la barre. De raconter son calvaire gravé dans ses chairs à tout jamais. Ce samedi-là, il pleuvait fort. L’agent de sécurité voit apparaître devant la porte un homme sans cagoule, les cheveux longs. C’est Walid Bekkada.
« J’ouvre et, aussitôt à l’intérieur, il est extrêmement agressif avec un pistolet. Je me suis retrouvé au soussol où j’ai passé sept minutes à genoux. C’est énorme avec des braqueurs très stressés. Ils m’ont demandé le nombre d’employés présents dans le magasin. J’ai répondu sept, car je n’avais aucune envie de me prendre un coup de crosse dans la tête. Ils voulaient simplement des diamants et savoir où se situait le coffre. Ils étaient vindicatifs, agressifs. Le meneur m’a averti : “Si jamais je retourne en prison, j’envoie quelqu’un pour vous tuer !” Un seul a eu de l’empathie (c’est Sofiane Gallah, ndlr). »
L’agent de sécurité ajoute : «Ce braquage a eu des conséquences catastrophiques sur ma santé. Il n’y avait aucun client au moment de cette action. La police a agi avec un grand professionnalisme en restant au dehors de la boutique pendant tout le temps du braquage. »
Le procès reprend ce matin à 9 h 30. * Conseillers : Adrien Candau et Carole Delorme-Le Floch.