Monaco-Matin

Les revirement­s de Moussa Coulibaly

- CÉLINE MARTELET

Verdict attendu aujourd’hui dans le procès de l’attaque au couteau contre trois militaires varois de l’opération Sentinelle, le 3 février 2015, à Nice. Lundi, à l’ouverture de son procès Moussa Coulibaly avait reconnu les faits avec aplomb. Hier, avec ce même aplomb, il est revenu sur ses aveux. Pour la première fois, l’accusé était interrogé hier sur les faits. Debout dans le box, Moussa Coulibaly explique au président : « Lundi, j’étais abattu d’être là devant vous, je voulais que ça finisse vite alors je vous ai dit que je reconnaiss­ais les faits. Mais en fait non. Je conteste tout : le départ pour rejoindre la Syrie, la tentative d’assassinat et la préméditat­ion. » En face, les magistrats se redressent, surpris par ce changement de version. L’accusé livrera par la suite, pendant plus de trois heures, un flot presque ininterrom­pu d’explicatio­ns alambiquée­s sur ses faits et gestes avant l’attaque à Nice. Immobile, les mains jointes, Moussa Coulibaly a réponse à tout : il a acheté à Paris un long couteau de cuisinier parce qu’il avait peur d’être victime d’une agression islamophob­e. Il est parti à Nice, en Corse puis en Turquie, sans prévenir sa famille, pour faire du tourisme. « Je voulais enterrer ma vie de garçon avant de me marier au Sénégal », assure l’accusé. En face, le président semble perdre patience et lui lance : « Et vous faites un enterremen­t de vie garçon tout seul ? » Moussa Coulibaly ne réagit pas, poursuit sa démonstrat­ion et en arrive au récit de l’attaque sous les arcades de l’avenue Jean-Médecin. « En passant devant les militaires, je me suis souvenu d’un hadith [(texte religieux, ndlr] qui dit qu’il faut repousser ceux qui empêchent les musulmans de vivre. J’ai agressé le militaire au visage exprès parce que ça laisse une trace c’est tout, mais à aucun moment j’ai touché une partie vitale. Je ne voulais pas le tuer. »

Sur les images de vidéosurve­illance de l’attaque diffusées mardi, on voit Moussa Coulibaly poignarder violemment un premier militaire puis être jeté au sol par un autre soldat de l’opération Sentinelle. Sur ces images toujours, l’accusé se débat et tente d’attraper l’arme du militaire. Là encore, Moussa Coulibaly a une explicatio­n : « Il y avait de la poussière au sol, ça m’a bouché les yeux mais à aucun moment je n’ai voulu saisir l’arme. »

« Je me suis interdit de regretter »

Visiblemen­t agacé, le président de la cour finit par lui demander : « Vous regrettez aujourd’hui ce que vous avez fait ? » La réponse de l’accusé est directe : « Je me suis interdit de regretter ces faits par compassion pour les musulmans victimes de bombardeme­nts. »

Sur le banc des parties civiles, l’un des militaires victimes de l’attaque craque, se lève et quitte la salle précipitam­ment. Il reviendra trente minutes plus tard sans un regard pour Moussa Coulibaly. Pressé par les questions de son avocat, Me Money, l’accusé finira par reconnaîtr­e que cette attaque était « une erreur ». Ce matin, après le réquisitoi­re de l’avocat général et la plaidoirie de la défense, l’accusé aura une dernière fois la parole. Moussa Coulibaly risque la réclusion criminelle à perpétuité pour tentative d’assassinat.

 ??  ??
 ??  ?? Une image de vidéosurve­illance de Moussa Coulibaly transmise à la France par le bureau du Premier ministre turc. (Photo AFP)
Une image de vidéosurve­illance de Moussa Coulibaly transmise à la France par le bureau du Premier ministre turc. (Photo AFP)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco