Monaco-Matin

Naturalisa­tion explosent « Pour continuer à être des citoyens européens »

-

« Ce qui va se passer ce soir va changer beaucoup de choses, redoute Robert Waterhouse, 78 ans, qui vit en France avec son épouse Jane depuis vingt et un ans. Les bureaux de vote ferment vers 22 heures. A 23 heures, je pense que nous connaîtron­s les premières tendances à la sortie des urnes. Nous allons suivre tout cela sur Skynews, retransmis sur Youtube ».

Le couple, qui réside dans la vieille ville de Vence, après avoir habité à Antibes puis Nice, a déposé une demande de naturalisa­tion en mars 2017 et est dans l’attente d’une réponse ces prochaines semaines.

« En 1998, nous étions en préretrait­e et nous nous sommes dit pourquoi pas la France ? easyJet venait d’ouvrir une ligne directe Liverpool-Nice. Ça nous permettait de revenir parfois le week-end », détaille Robert, journalist­e et écrivain né à Bradford, dans le Yorkshire, époux de Jane, enseignant­e. Pour ce couple qui parle la langue, côtoie le pays depuis l’enfance et aime voyager, la Côte d’Azur est apparue comme « une bonne idée ».

« Passer le reste de nos vies ici »

« A ce moment-là, il était inconcevab­le que le RoyaumeUni

quitte l’Union européenne. Nous avons choisi de nous installer en France et nous souhaitons passer le reste de nos vies. Je ne me considère pas comme un Anglais mais comme un citoyen parmi les autres. Depuis notre arrivée en France en 1998, on a été si bien accueilli. On a vécu à Antibes, à Nice et maintenant à Vence sans jamais éprouver le sentiment d’être de trop, poursuit Robert qui a travaillé pendant dix ans comme traducteur pour l’édition anglaise du Monde diplomatiq­ue. Et Jane comme institutri­ce à l’école internatio­nale de Nice.

« C’est ici qu’on règle nos impôts, nos taxes foncières notre mutuelle. Nous n’avons aucun bien en Angleterre. Sans Brexit, on aurait continué comme avant, citoyens européens avec nos passeports britanniqu­es, sans besoin de papiers. Tout a changé à partir de 2016. Nous avons été abandonnés par notre pays natal. Ce n’est pas qu’on se sent moins britanniqu­es ou plus français. Cette naturalisa­tion c’est le me facilite les va et vient et me permet de vivre en France sans problème. La nationalit­é française m’a été accordée sous le régime d’étranger ayant contribué au rayonnemen­t de la France », précise cet ancien chargé de cours à l’université Sorbonne III Nouvelle, féru de l’histoire du socialisme français, qui a consacré sa thèse au rôle joué par Edouard Vaillant et Jean Jaurès dans la création du Parti socialiste unifié en France. Mais pourquoi un tel amour de la France ? « J’aime sa vie intellectu­elle, politique, les grands débats, la cuisine, la beauté de ses paysages, la langue aussi. » moyen essentiel pour nous permettre de continuer notre vie de citoyens européens .»

Il y avait des gens de toutes les origines. Beaucoup ont pleuré. J’ai fait un petit discours et j’ai moi-même pleuré, se souvient Rod Mitchell, naturalisé cette année. Je suis d’accord avec une de nos connaissan­ces qui nous adit: “Recevoir la nationalit­é française c’est comme

» Mais avant d’en arriver là, les demandeurs doivent déposer un dossier très fourni, se soumettre à des tests linguistiq­ues et passer un entretien. Ils font aussi l’objet d’une enquête sur leur comporteme­nt civique. L’administra­tion vérifie leur casier judiciaire.

« Le test de Français était plus compliqué qu’on ne le pensait, se souvient Janet Mitchell. IC’était un exercice de compréhens­ion avec  questions auxquelles il fallait répondre en cochant des cases».

Lors de l’entretien, qui a pour but de vérifier que le demandeur maîtrise la langue française, « je me suis présentée pendant quelques minutes puis on m’a proposé une sorte de jeu de rôle : entamer une conversati­on avec un collègue de travail qui semble triste », poursuit Janet. « On m’a invité à décrire ma vie en France, témoigne Rod. J’ai parlé de la Coupe du monde, de mon amour pour la culture française, des artistes français que j’aimais comme Niagara, Mylène Farmer, les Rita Mitsouko. On m’a demandé, enfin, de réciter les paroles de la Marseillai­se

».

 ??  ??
 ??  ?? Robert Waterhouse,  ans, vit depuis vingt et un ans en France. A Antibes d’abord, puis Nice et maintenant Vence. (Photo Dylan Meiffret)
Robert Waterhouse,  ans, vit depuis vingt et un ans en France. A Antibes d’abord, puis Nice et maintenant Vence. (Photo Dylan Meiffret)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco