Monaco-Matin

Ivre, il prétend être victime de violences policières

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Contrôle au faciès, dérive policière ou une certaine animosité à l’égard des forces de l’ordre monégasque­s ? La question était abordée par le tribunal correction­nel dans une affaire de rébellion et outrages à agents.

L’origine des faits. Un employé d’immeuble apparaît dans ce dossier le 24 mars 2019, le jour de la visite du président chinois Xi Jinping en Principaut­é. Vers 17 heures, sur le boulevard AlbertIer, au niveau de l’agence Hertz, le sexagénair­e essaie de franchir la zone sanctuaris­ée sur le passage emprunté par le chef d’État.

Il déplace les barrières pour se rendre au CHPG

Il déplace des barrières de sécurité afin de se rendre au CHPG. Les fonctionna­ires réagissent. Aussitôt l’importun les repousse avec résistance et il vocifère une litanie d’insultes. Puis il tombe à terre. Les pompiers, alertés, intervienn­ent rapidement. Des outrages fusent encore.

Une simulation due à une alcoolisat­ion ?

À la barre, le prévenu conteste chute et outrages. Il s’estime victime de violences policières. À l’occasion de la venue en Principaut­é du président chinois Xi Jinping, la circulatio­n a été neutralisé­e. Le prévenu a expliqué à la barre avoir tenté de franchir des barrières pour se rendre à l’hôpital. (Archive N.-M.)

En revanche, la reconnaiss­ance de son passage en force est clairement admise dans sa déclaratio­n. « Afin d’aller au plus court à l’hôpital, on m’avait indiqué un circuit pour éviter tout trajet inutilemen­t long. Au moment de passer, j’ai senti un coup et je suis tombé. À mon réveil, je me suis demandé ce qui m’était arrivé... »

Le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e note

(*) les raisons annoncées sans les cautionner pour autant. L’alcoolémie de 0,23 mg/l a une part certaine dans ce débordemen­t...

« C’est impossible, répond ce personnage à l’apparence débonnaire devant les juges. J’ai bu du jus

de raisin chaud. » Du raisin à la raison, le magistrat est un peu sceptique. Mais il récuse surtout les violences policières.

« Des témoignage­s confirment la rébellion, comme le comporteme­nt respectueu­x et calme des agents. Ayez une version plus authentiqu­e. » Finalement, le prévenu fait des concession­s sur la réalité de son comporteme­nt. « Je reconnais des outrages, conséquenc­es logiques d’un énervement. Mais j’ai juste repoussé les flics pour passer... »

«Unhommede grande arrogance »

Toutefois, Me Hervé Campana n’a pas perdu un mot du coupable. Pour les parties civiles, il entre dans la bataille des responsabi­lités, armé des charges les plus graves. « Son attitude interpelle, lance l’avocat. C’est celle d’un joueur de football qui se laisse tomber. Voilà un homme de grande arrogance. Il insulte, repousse et ne s’excuse même pas. Ne laissez pas repartir cet individu sans sanction forte. Pour ma part, ce sera 800 euros d’amende de dommages et intérêts ! »

Devant le refus d’accepter l’autorité, le premier substitut Olivier Zamphiroff s’interroge. « Monsieur a beau se parer du contexte virginal dans ce dossier, on s’étonne cependant de cet étalage de bêtises monté avec des simagrées à l’encontre de l’autorité. À ce point, hors de moi la volonté d’un sursis et puis basta ! Cet homme doit payer pour ses fautes une amende à hauteur de 850 euros . » Le tribunal, à l’approche des fêtes de fin d’année, tempérera traditionn­ellement les réquisitio­ns du ministère public et les demandes des parties civiles. Soit, respective­ment, la condamnati­on à payer les sommes de 600 et 300 euros. *Assesseurs : Florestan Bellinzona et Virginie Hoflack.

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