Meurtre de Mougins : « Tous choqués par la mort d’Olivia »
Il est vraisemblable qu’Olivia, prostituée albanaise découverte assassinée à Mougins, a été tuée la nuit de Noël. La jeune femme, discrète, vivait avec son fils en bas âge au centre de Cannes
Je l’ai serrée dans mes bras le 24 décembre. C’était une fille adorable, formidable, qui venait régulièrement déjeuner ici. » Au bord des larmes, Mireille, cuisinière dans un restaurant cannois, évoque avec émotion le souvenir d’Olivia. « On a vu grandir son petit qui doit avoir trois ans. On a encore une de ses poussettes dans l’arrière-boutique. Vous savez, ici, à SaintJean, ça fonctionne comme un village... Alors tout le monde est choqué par la mort d’Olivia. »
C’est sous ce prénom que tout un quartier connaissait cette femme de 37 ans, originaire d’Albanie. Son corps sans vie a été découvert par une joggeuse, le matin de Noël, à l’étang de Fontmerle à Mougins. L’enquête pour meurtre se concentre désormais dans le milieu de la prostitution cannoise. « Nous savions de quoi vivait Olivia, poursuit Mireille. Mais c’était une fille bien. Son fils était toujours tiré à quatre épingles. Il était tout pour elle. La nounou s’inquiétait de ne pas voir Olivia venir chercher son fils le 25 décembre. Quand les gendarmes sont arrivés dans le quartier, on a compris... » La diffusion de la photo de la victime, dans les services d’enquête, a permis de mettre un nom sur le visage de la malheureuse retrouvée à moitié dénudée, bottes aux pieds, la poitrine en partie calcinée. C’est un policier en charge de la lutte contre le proxénétisme à Cannes qui a identifié Olivia. Dotée de documents d’identité italiens, elle se prénommait en réalité Brunilda.
« Une fille discrète »
L’information sur son identité a été confirmée par Fabienne Atzori, le procureur de la République de Grasse.
Une avancée décisive pour les gendarmes chargés de retrouver le ou les meurtriers (lire ci-contre). Quartier Saint-Jean, à Cannes, les rideaux bleus de la salle de bains sont tirés. En façade, les volets restent désespérément clos. L’ambiance est lourde dans cette vaste demeure cannoise où cohabitent six locataires. Olivia a emménagé ici avec son bambin en 2017, selon un voisin. « C’était une fille très discrète, qui parlait peu français. Je lui en faisais le reproche d’ailleurs. On communiquait en italien. »
Une fleur de Noël
Le plus souvent, Olivia, silhouette fluette, cheveux blonds bouclés en chignon, déambulait la journée sans maquillage, vêtue d’un jogging. Le soir venu, vers 22 h 30, elle se métamorphosait et partait en hauts talons racoler les clients. « Elle ne ramenait jamais d’homme à son domicile », croit savoir le voisin. Il a découvert la véritable identité d’Olivia quand les gendarmes ont déposé les scellés sur l’appartement. Au premier étage de cette maison centenaire, auquel on accède par un escalier en tomettes, la fleur de Noël posée sur le sol a du mal à égayer le palier. « Pour moi, ça a été un choc, chuchote un témoin entendu par les enquêteurs. J’ai cru au début qu’il y avait eu un meurtre dans l’appartement. »
Manifestement, rien ne s’est passé ici. Les techniciens en investigation criminelle ont ausculté le logement. Le propriétaire de cet appartement modeste, d’une quarantaine de mètres carrés, pensait louer à une femme de ménage. Olivia ne lui a jamais révélé qu’elle vivait en réalité de ses charmes.
Le soir, elle confiait souvent son fils à une nourrice albanaise du quartier et partait travailler. « Quel malheur !, s’exclame un retraité : « Je pense à son petit tout beau tout bouclé. Ça me rend triste pour elle, si jeune pour mourir, et pour cet enfant si mignon, orphelin. » Cette mère de famille a-telle été tuée par un client détraqué ? Ou par un proxénète qui souhaitait l’avoir sous sa coupe ? Aux enquêteurs de trouver la réponse.