Monaco-Matin

« Cela fait peur, cela peut aussi nous arriver »

- GAËLLE ARAMA

Dans la petite communauté de la prostituti­on cannoise, la nouvelle du meurtre de la prostituée albanaise à Mougins s’est répandue comme une traînée de poudre. Un drame qui inquiète Joséphine (), qui travaille seule, chez elle ou dans sa voiture. « Cela fait peur. Cela peut aussi nous arriver. Vous savez, les clients, on a de tout. Ceux qui font peur, je les refuse. Des fois, ils ont des têtes d’ange, mais cela ne veut rien dire... ».

La profession­nelle française ne cache pas le climat tendu qui règne entre les locales et les filles de l’Est, qui arpentent le boulevard Alexandre III ou Maréchal-Juin et logeraient en appartemen­t derrière l’hôtel-de-Ville. « Les Roumaines et les Albanaises sont agressives. La plupart touchent à la drogue. Leurs macs sont souvent dealers. Quand elles n’ont pas assez travaillé, elles sont énervées. Je fais même un détour pour aller sur la Croisette pour les éviter ».

Il y a huit mois, lors d’un conflit, un coup est même parti. Huit points de suture à la tête. Un dossier classé sans suite. Depuis, Joséphine se méfie.

« Elles cassent le marché »

Les filles de l’Est sont aussi connues pour casser le marché. Mais moins que les Nigérianes. « Elles sont  à  sur Cannes. Font la fellation à  euros alors que c’est . Après, on a du mal à travailler ».

Joséphine s’inquiète pour l’enfant de la victime. « Que va-til devenir ? »

À Cannes, la police estime à une quarantain­e le nombre de prostituée­s qui exercent tout au long de l’année. En pleine saison et en période de congrès, le chiffre grimpe à une centaine. En cette période de fêtes, c’est plutôt calme. Beaucoup repartent dans leur pays fêter Noël en famille. Interrogé il y a quelques mois, Patrick Hauvuy, de l’associatio­n niçoise ALD, qui oeuvre sur le trottoir cannois et suit les filles au cas par cas, évoquait «un milieu extrêmemen­t difficile. Les violences, les viols parfois, les maladies, le stress permanent... Il faut un niveau de résilience incroyable pour se remettre de cela. Cela passe par la réinsertio­n, un emploi, parfois un mariage. Mais la plupart sont détruites par ce qu’elles ont vécu. ».

Qu’est -il arrivé à la malheureus­e victime retrouvée à Mougins ? Quel a pu être son parcours dans ce milieu aux allures de jungle. L’enquête devra le déterminer. Au regard du drame, Joséphine, elle, ne se risquera pas à travailler ce week-end.

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(Photo Patrice Lapoirie) À Cannes, les filles de l’Est sont connues pour casser le marché.

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