Étranges lumières dans le ciel : une constellation de nanosatellites
Francesco Bongiovanni, fondateur et p.-d.-g.d’Orbital Solutionsà Monaco, confirme que les observations se rapportent au déploiement de petits satellites par la société SpaceX
Vous avez été nombreux mercredi, jeudi et hier soir encore à pouvoir observer un alignement de points lumineux dans le ciel. Un phénomène insolite et spectaculaire qui en a surpris plus d’un (lire notre édition d’hier), en témoignent les publications, images à l’appui, qui ont constellé la toile. Explication : il s’agit en fait d’une constellation de petits satellites. Pour y voir un peu plus clair, nous avons tendu le micro à un expert. Lui n’a pas vu passer ces points lumineux dans le ciel le soir de Noël. Peut-être trop occupé à sa tache : celle de développer le premier programme spatial de la Principauté de Monaco.
Dans un laboratoire de Fontvieille, Francesco Bongiovanni avec sa société Orbital Solutions est en train de construire un satellite de petite taille – nanosatellite – qui devrait rejoindre l’espace courant 2020, avec pour mission de récolter des données atmosphériques.
Une première qui change de dimension la conquête spatiale et met en lumière cette technologie, dont il détaille les intérêts.
Avez-vous été étonné de ce vol de nanosatellites déployés par la société SpaceX et observé en France ?
Pas vraiment, s’il s’agit de la constellation d’Elon Musk, ils vont en lancer beaucoup encore. Ce doit être seulement une première grappe. Je ne sais pas leur taille exacte mais ce sont de petits satellites qui sont en orbite basse. Et quand le soleil se reflète sur eux, ils deviennent un peu visibles. D’une manière générale, on devrait voir plus fréquemment dans le ciel, dans les prochains mois, ces nanosatellites. Encore faut-il qu’ils captent le bon angle de la lumière.
Un nanosatellite remplace-t-il un satellite classique, avec les mêmes fonctionnalités ?
Pas exactement. Un nanosatellite pèse de à kg. La force est que l’on peut les fabriquer et les tester en quelques mois, là où il fallait des années. Ils peuvent avoir certaines mêmes fonctions que les gros satellites, mais ne peuvent pas tout faire. Ne serait-ce que pour une question de puissance, car ils n’ont pas de grands panneaux solaires, ni d’instrumentation optique de grande dimension. Les petits satellites ne remplaceront pas les gros, ils seront complémentaires. Et vont devenir primordiaux dans certains domaines.
Lesquels ?
Je pense à la récolte de données climatiques, où ils vont devenir prépondérants. Ils sont intéressants, par exemple, pour surveiller la propagation de gaz à effet de serre. De multiples applications peuvent être envisagées. C’est un secteur en plein boom, qui est juste en train de naître, qui bouge beaucoup.
Le nanosatellite que vous développez en Principauté, justement, devrait permettre la captation de données atmosphériques ?
En effet, nous avons prévu son lancement, fin mars avec la fusée Vega d’Arianespace à Kourou. Et il contiendra cette technologie qui permet de mesurer des données climatiques. Notre société a été formée en juin. Si notre premier satellite va en orbite en mars, ce sera un record mondial, en moins d’un an. Mais c’est du travail heures par jour ! Nous avons en projet pour les prochains mois d’en construire avec les élèves des écoles de Monaco. C’est important d’intéresser les jeunes à la technologie spatiale. Le nanosatellite aura comme mission de prendre en photo les calottes polaires.
Avec cette « démocratisation » de la technologie spatiale, vous pourriez répondre à des sollicitations pour construire des satellites pour des sociétés, des particuliers ?
C’est une possibilité. Mais notre business model ,est plutôt basée sur le développement des satellites pour fournir des flottes naissantes. Nous voulons garder une certaine flexibilité et avoir des clients du monde entier qui viennent chercher cette technologie en Principauté. Notamment pour mesurer et récolter des données sur l’environnement, domaine dans lequel Monaco est reconnu pour être actif.