Affaire Matzneff : Bernard Pivot accusé de complaisance
Bernard Pivot sous le feu des critiques. Accusé de complaisance envers l’écrivain Gabriel Matzneff, l’ancien animateur de télévision s’est, en répondant, attiré les foudres de nombreux internautes.
« Dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la morale ; aujourd’hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c’est un progrès. Nous sommes plus ou moins les produits intellectuels et moraux d’un pays et, surtout, d’une époque », a écrit sur Twitter l’ancien président de l’Académie Goncourt. Il réagissait après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo exhumée par l’Ina. Dans cette séquence, vue près de 400 000 fois, il interroge sur un ton badin l’écrivain, en mars 1990, dans son émission Apostrophes. « Pourquoi vous êtes-vous spécialisé dans les lycéennes et les minettes ? », demande-t-il à celui qui n’a jamais fait mystère de son attrait et de ses relations sentimentales et sexuelles avec des « moins de 16 ans ».
La réponse de Bernard Pivot sur Twitter a suscité un torrent de réactions indignées.
« Aucune empathie »
« Vous avez été complaisant envers un pédocriminel » ,l’a interpellé dans un communiqué le collectif féministe #NousToutes. « Vous n’avez exprimé aucun dégoût, aucune indignation, aucune empathie envers les victimes. Vous avez utilisé le terme de “minettes” pour parler d’elles, pour les dénigrer, les ridiculiser, les disqualifier ». « J’ai beau chercher, je ne comprends toujours pas en quoi le fait de ne plus tolérer qu’un dandy pervers de 40 ou 50 ans mette son sexe dans la bouche d’une enfant de 13 ans ou exploite des petits garçons en Asie du SudEst est une menace pour la création littéraire… » , a estimé de son côté l’essayiste et homme politique Raphaël Glucksman. S’adressant à Bernard Pivot, la réalisatrice Andréa Bescond (Les Chatouilles, film sur la pédocriminalité inspiré de son enfance), a jugé qu’il aurait dû faire son « mea culpa ». « Peut-être vouliez-vous dire : “Dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la loi et le crime, il était temps que cela change, nous avons été des complices passifs, sans aucune morale, nous étions les produits d’une triste époque, nous aurions dû réagir, mea culpa.” »