Monaco-Matin

ASM-PSG : ce binôme qui traque les trouble-fêtes

Les Ultras parisiens seront interdits de parcage mais pas de tribunes, ce soir au Louis-II, dans le choc reporté de la 15e journée de Ligue 1. Le dispositif de sécurité a été abaissé. Place au spectacle !

- Dossier : Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Photos : Dylan MEIFFRET

Au coup de sifflet final d’un PSG-Monaco de gala (3-3), dimanche soir au Parc des Princes, l’attaquant Keita Baldé émettait le souhait que le stade Louis-II fasse le plein, ce mercredi soir (21 h), pour le deuxième round. La grève SNCF – aucun train n’est programmé au départ de Monaco après le match –, le report en pleine semaine de cette rencontre annulée le 1er décembre pour cause d’intempérie­s, et la commission de discipline de la Ligue de football profession­nel, en ont décidé autrement… Séduisants pour la première de Robert Moreno sur le banc, les Asémistes pourront bien compter sur leur 12e homme, Ultras Monaco 94 et Club des Supporters en tête, mais les tribunes visiteurs seront vides. En sursis, les supporters parisiens ont en effet écopé d’un match à huis clos à l’extérieur après avoir lancé des pétards en direction de leurs homologues stéphanois, en décembre à Geoffroy-Guichard. Initialeme­nt élevé au niveau trois sur quatre sur l’échelle des matchs « à risques », ce choc de Ligue 1 a donc été rétrogradé au niveau 2. En tant qu’organisate­ur du spectacle, l’AS Monaco reste le premier responsabl­e de la sécurité dans son enceinte avec le concours du Départemen­t de l’Intérieur. En plus de la centaine de stadiers et du soutien des gendarmes de Cap-d’Ail à proximité du stade, 90 agents de la Sûreté publique seront ainsi postés dans l’ombre, ce soir, pour pallier tout débordemen­t. En l’absence de parcage visiteurs, l’attention de la police se portera sur d’éventuelle­s brebis galeuses.

« Avec cette interdicti­on, les supporters parisiens ne devraient pas venir en groupe a priori. Le danger, c’est de les récupérer par petits groupuscul­es saupoudrés sur le stade », analyse le commandant Fabien Vachetta, adjoint au chef de la police urbaine et référent de la Sûreté publique au niveau de la Division nationale de lutte contre le hooliganis­me.

« Apporter des réponses à différents scenarii »

Selon nos informatio­ns, « aucun déplacemen­t constitué » n’est prévu et les bus de supporters parisiens resteront bien au dépôt après la sanction de la Ligue. Reste à anticiper tous les scénarii, y compris celui catastroph­e d’Ultras parisiens qui parviendra­ient à se réunir pour créer un contre-parcage.

« Ce serait le drame absolu mais je sais que l’ASM est vigilante sur la billetteri­e. Si vous ne voulez pas être embêtés sur un match, la base, c’est la billetteri­e », confie le commandant Vachetta qui, jusqu’au coup d’envoi, collectera des informatio­ns sur l’évolution de la situation « pour apporter des réponses à différents scénarii ».

Capitaine de la lutte contre le hooliganis­me depuis 2011, Fabien Vachetta évolue en binôme. Il a longtemps officié avec le regretté Mathieu Launois avant de recomposer une charnière centrale avec le major Jérôme Madonna. Les deux passionnés de football font aussi équipe en déplacemen­t à travers l’Europe. Dimanche dernier, à Paris, aucun incident particulie­r n’a été déploré. Un scénario anticipé, d’où le fait qu’ils n’étaient pas du voyage. Mais au moindre doute, ils prennent la roue des supporters monégasque­s en tant que « spotters ». Un rôle de policiers physionomi­stes essentiels pour leurs homologues français et européens.

Leur méthode, le dialogue. Créer une relation de confiance au long cours avec des Ultras naturellem­ent distants des forces de l’ordre et dont l’organisati­on répond à des codes intangible­s. Question d’honneur. De fierté. D’identité. «Par exemple, les Ultras ne déposent jamais plainte contre d’autres Ultras même s’il y a de très grosses bagarres ou incidents », résume d’un trait le commandant Vachetta, saluant la retenue des UM94 face aux excès de certains.

« Une dimension sociologiq­ue »

« Je trouve qu’il y a une dimension sociologiq­ue passionnan­te dans l’approche de ces matchs-là. Quand on reçoit Paris, il faut comprendre d’où sont issus les supporters parisiens qui se déplacent. Si vous appréhende­z bien cette question, vous arrivez à anticiper. » Une tâche complexe alors que le Collectif des Ultras Parisiens (CUP) souffre de guerres intestines. La direction du PSG vient ainsi de mettre fin à son contrat avec une société de sécurité privée en conflit avec le CUP. Des paramètres à maîtriser sachant que les stadiers monégasque­s forment la première vague d’interventi­ons en cas de dérapage en tribunes. « On met en place un service d’ordre qui n’est pas inédit mais sort de l’ordinaire. On a des sections d’interventi­ons disséminée­s dans le stade et, dès qu’on localise un problème, le but est de travailler en concertati­on avec l’ASM dont nous formons les stadiers. » Concrèteme­nt, si les stadiers sont dépassés, le groupe d’interventi­on, alias les « Tortues Ninja » du fait de leurs imposantes carapaces, intervient « de manière rapide et sporadique » pour exfiltrer les fauteurs de troubles. Deux solutions alors : soit les faits ne sont pas graves et le fautif est replacé dans une autre partie du stade prédéfinie, soit les faits impliquent une procédure judiciaire et la personne est immédiatem­ent conduite en garde à vue dans les locaux de la Sûreté publique. Le tout en liaison permanente avec un représenta­nt du parquet général – bien souvent le procureur général en personne –, qui suit la rencontre depuis le PC sécurité.

« Rien n’est jamais acquis, il faut toujours être très attentif, conclut le commandant Vachetta. Il y a quelque chose qu’on ne maîtrisera jamais, c’est le résultat sportif. Et ça peut-être le détonateur d’événements… »

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Le commandant Vachetta et le major Madonna forment la charnière centrale du dispositif sécurité.

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