Monaco-Matin

« Vaincre la réforme » : les enseignant­s n’en peuvent plus

Hier, à Menton, le lycée Curie et le collège Maurois se sont mis en grève pour protester contre la réforme des retraites. Une décision forte qui illustre le ras-le-bol des enseignant­s publics

- LOUIS BOUCHARD

Si on fait cette grève, c’est parce qu’on est au bout du rouleau ». Cette fois, ils n’en peuvent vraiment plus. Les professeur­s du lycée Pierre-et-Marie Curie et du collège André-Maurois (lire ci-dessous) se sont réunis, hier matin, pour manifester, notamment contre la réforme des retraites. Un rassemblem­ent qui s’inscrit dans le mouvement national, mais qui revêt aussi à Menton des revendicat­ions locales. « On manifeste contre la réforme des retraites bien sûr, car elle va nous priver de près de 30 % de nos revenus, mais aussi contre la réforme du Bac ! » s’exclame Julia Catanoso, enseignant­e en histoire-géo au lycée général. Porte-parole de ce mouvement de protestati­on, Julia est inquiète pour l’avenir de son établissem­ent : « La nouvelle version du Bac met les lycées en concurrenc­e, c’est une réforme injuste, élitiste et financière », affirmet-elle. Sous la clameur des élèves présents pour soutenir leurs professeur­s, une banderole « Vaincre la réforme » est brandie par tous les enseignant­s.

« La situation va s’accentuer »

Elle a beau sourire devant la solidarité affichée par ses collègues, Julia est particuliè­rement remontée contre l’Éducation nationale. « Nous n’avons plus les moyens de faire la grève » précise-t-elle, « malgré notre niveau d’étude, le gouverneme­nt nous ordonne de faire partie de la classe moyenne basse. » Les enseignant­s se rejoignent tous là-dessus, faire grève leur coûte cher, mais ils n’abdiqueron­t pas. « Si on doit continuer, on le fera » affirme Julia, soutenue par ses collègues. « Les choses doivent changer, sinon la situation va s’accentuer » regrette-t-elle. Car les enseignant­s mentonnais doivent aussi faire face à des problémati­ques locales, qui impactent leur vie profession­nelle et personnell­e. « Déjà, les loyers sont élevés dans la région » détaille Julia. « Et puis, la réforme va accroître les disparités entre lycées. » Une inquiétude fondée sur les douze spécialité­s (les élèves doivent en choisir trois dès la Première, N.D.L.R.) instituées par le ministre de l’Éducation nationale, dont certaines ne seront disponible­s que dans des établissem­ents spécifique­s. Les professeur­s redoutent que celles-ci ne soient accessible­s que dans des lycées dits « élitistes », creusant encore un peu plus les écarts entre périphérie­s et centres-villes. «Onasurtout peur pour nos élèves » insiste Julia, «on aimerait qu’ils soient tous sur un pied d’égalité, mais avec cette réforme, ça ne sera pas le cas ».

L’heure n’est donc pas à l’optimisme au lycée Curie, d’autant que les sujets pour les examens de février ne sont arrivés que très récemment. « On ne peut pas préparer nos élèves dans les meilleures conditions, eux qui sont déjà pénalisés par la réforme...» admet la professeur­e. Les enseignant­s sont formels, tout est fait dans la précipitat­ion.

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(Photo Louis Bouchard) Les professeur­s du lycée Curie ont protesté, hier matin, contre la réforme des retraites, mais aussi contre celle du bac.

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