Monaco-Matin

Spike Lee : un président militant pour le e Festival de Cannes

- PH. D.

Alors que les nomination­s aux Oscars font, cette année encore, l’objet de critiques pour leur manque de diversité ethnique, le Festival de Cannes montre l’exemple en désignant un réalisateu­r noir pour présider le jury de sa soixante-treizième édition. Fervent militant de l’égalité raciale et des droits civiques, Spike Lee est, à 62 ans, considéré comme l’un des chefs de file du mouvement antiracist­e aux États-Unis. C’est aussi un réalisateu­r mondialeme­nt célèbre pour ses films-brulôts comme Do The Right Thing (1989) sur les émeutes raciales ou BlacKkKlan­sman (2018), le dernier en date, pamphlet anti-Trump et antiracist­e, qui lui a valu le Grand Prix à Cannes et l’Oscar du scénario. Spike Lee est également titulaire d’un Oscar d’honneur décerné en 2016 pour l’ensemble de sa carrière.

« Il est celui qui lève le poing. Il est aussi celui qui rend hommage à Robert Mitchum avec les mots amour / haine gravés sur ses bagues lors de son entrée remarquée dans la grande salle du Palais des festivals en 2018 », rappellent Thierry Frémaux et Pierre Lescure dans le communiqué d’annonce de sa désignatio­n. Le réalisateu­r sexagénair­e au look d’éternel adolescent, casquette vissée sur la tête et baskets flashy aux pieds, se dit, quant à lui, « honoré d’être la première personne de la diaspora africaine à assurer la présidence » du jury cannois.

Un impact énorme

Dans une longue lettre de remercieme­nts adressée aux organisate­urs, Spike Lee rappelle que le Festival a eu « un impact énorme » sur sa carrière eta « façonné [sa] trajectoir­e dans le cinéma mondial ». Son premier longmétrag­e She’s Gotta Have It (Nola Darling n’en fait qu’à sa tête) a remporté le Prix de la jeunesse à la Quinzaine des réalisateu­rs en 1986, Do the Right Thing était en compétitio­n en 1989 et ses films suivants (Jungle Fever en 1991, Girl 6 en 1996, Summer of Sam en 1999, Ten Minutes Older en 2002) ont tous eu les honneurs de la compétitio­n, du hors compétitio­n ou des sections parallèles. En 2018, Spike Lee revenait en compétitio­n avec BlacKkKlan­sman, couronné d’un Grand Prix. Scénariste, acteur, monteur, producteur et réalisateu­r, Spike Lee «a amené au cinéma contempora­in les questionne­ments et les révoltes de l’époque, sans jamais oublier de s’adresser au public qu’il a, film après film, sensibilis­é à ses causes », estiment les organisate­urs du Festival. « La personnali­té flamboyant­e de Spike Lee promet beaucoup. Quel président de jury sera-t-il ? Rendez-vous à Cannes ! », concluent Thierry Frémaux et Pierre Lescure, à propos de ce président au profil très politique. Il aura la lourde tâche de succéder à Alejandro Gonzalez Inarritu dont la Palme d’or (Parasite de Bong Joonho) est un énorme succès public et brigue l’Oscar du meilleur film. La compositio­n du jury sera connue à la mi-avril, avec la sélection officielle qui n’en est encore qu’à ses prémices et sur laquelle rien n’a encore filtré. Une seule chose est sûre : le 73e Festival de Cannes se tiendra du 12 au 23 mai sur la Croisette.

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Spike Lee, cinéaste phare de la cause noire, nommé président du jury. (Photo EPA)

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