Monaco-Matin

Démission des chefs de service : les médecins du CHU de Nice «solidaires»

- NANCY CATTAN

Davantage de moyens, l’ouverture de lits, une meilleure rémunérati­on des personnels hospitalie­rs et une table ronde sur l’avenir de l’hôpital. Telles sont les principale­s revendicat­ions des quelque 1 500 médecins et chefs de service des hôpitaux publics qui ont présenté hier leur démission administra­tive. Une « grève de la paperasse » pour signifier aussi à la ministre de la Santé que «son» plan d’urgence pour sauver l’hôpital public est bien insuffisan­t au regard des besoins. « C’est trop peu, trop partiel, trop étalé dans le temps », dénoncent ainsi dans un courrier les médecins du collectif Inter-Hôpitaux. Si les médecins du CHU de Nice n’ont pas emboîté le pas de leurs confrères démissionn­aires, ils se déclarent solidaires de mouvement. « Il existe un vrai malaise à l’hôpital public, résume le Pr Philippe Paquis, chef du pôle des neuroscien­ces cliniques au CHU de Nice. Le manque de moyens est criant depuis la mise en place des mesures du Cref [contrat de retour à l’équilibre financier, signé avec les ARS, et obligeant les hôpitaux à réduire leurs dépenses, ndlr]. Dans ce contexte, la gestion est très compliquée, soumise à des contrainte­s permanente­s. »

Malaise, contrainte­s budgétaire­s, conditions de travail détériorée­s… les profession­nels hospitalie­rs sont de plus en plus nombreux à faire les frais de cette situation prolongée de crise.

Situation compliquée

« Au quotidien, nous sommes confrontés à un problème important d’absentéism­e des personnels soignants, mais aussi de plus en plus souvent, des médecins ; les arrêts de travail se multiplien­t. » Si, en dépit de ce contexte, les chefs de service azuréens n’ont pas « démissionn­é », c’est parce qu’ils estiment que « suspendre les activités managérial­es ne résout pas les problèmes », relaie le Dr Sylvia Benzaken, vice-présidente de la CME (commission médicale d’établissem­ent, instance représenta­tive de la communauté médicale). « Attendons un peu la mise en action des axes de Ma santé 2022

(1) qui prévoit notamment la participat­ion des médecins aux décisions médico-économique­s [aujourd’hui, ils sont simplement consultés, ndl] », invite le Dr Benzaken. Une participat­ion accrue qui pourrait peutêtre permettre de résoudre l’un des plus gros problèmes auxquels est confronté l’hôpital : « l’attractivi­té et la fidélisati­on des personnels en place ». Allusion claire au manque d’anesthésis­tes en particulie­r qui défraie depuis des mois la chronique.

« La situation est certaineme­nt encore plus compliquée au CHU de Nice, alors que les grandes restructur­ations architectu­rales (deuxième tranche de l’hôpital Pasteur 2, hôpital l’Archet, etc.) ne sont pas achevées. Ce qui plombe les comptes : on perd beaucoup de temps pour payer les intérêts d’emprunt », conclut le Pr Paquis.

1.Plan relatif à l’organisati­on et à la transforma­tion du système de santé, présenté le 19 septembre 2018 par Emmanuel Macron.

 ??  ?? « Il existe un vrai malaise à l’hôpital public », résume le Pr Philippe Paquis, chef du pôle des neuroscien­ces cliniques au CHU de Nice. (Photo AFP)
« Il existe un vrai malaise à l’hôpital public », résume le Pr Philippe Paquis, chef du pôle des neuroscien­ces cliniques au CHU de Nice. (Photo AFP)

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