Démission des chefs de service : les médecins du CHU de Nice «solidaires»
Davantage de moyens, l’ouverture de lits, une meilleure rémunération des personnels hospitaliers et une table ronde sur l’avenir de l’hôpital. Telles sont les principales revendications des quelque 1 500 médecins et chefs de service des hôpitaux publics qui ont présenté hier leur démission administrative. Une « grève de la paperasse » pour signifier aussi à la ministre de la Santé que «son» plan d’urgence pour sauver l’hôpital public est bien insuffisant au regard des besoins. « C’est trop peu, trop partiel, trop étalé dans le temps », dénoncent ainsi dans un courrier les médecins du collectif Inter-Hôpitaux. Si les médecins du CHU de Nice n’ont pas emboîté le pas de leurs confrères démissionnaires, ils se déclarent solidaires de mouvement. « Il existe un vrai malaise à l’hôpital public, résume le Pr Philippe Paquis, chef du pôle des neurosciences cliniques au CHU de Nice. Le manque de moyens est criant depuis la mise en place des mesures du Cref [contrat de retour à l’équilibre financier, signé avec les ARS, et obligeant les hôpitaux à réduire leurs dépenses, ndlr]. Dans ce contexte, la gestion est très compliquée, soumise à des contraintes permanentes. »
Malaise, contraintes budgétaires, conditions de travail détériorées… les professionnels hospitaliers sont de plus en plus nombreux à faire les frais de cette situation prolongée de crise.
Situation compliquée
« Au quotidien, nous sommes confrontés à un problème important d’absentéisme des personnels soignants, mais aussi de plus en plus souvent, des médecins ; les arrêts de travail se multiplient. » Si, en dépit de ce contexte, les chefs de service azuréens n’ont pas « démissionné », c’est parce qu’ils estiment que « suspendre les activités managériales ne résout pas les problèmes », relaie le Dr Sylvia Benzaken, vice-présidente de la CME (commission médicale d’établissement, instance représentative de la communauté médicale). « Attendons un peu la mise en action des axes de Ma santé 2022
(1) qui prévoit notamment la participation des médecins aux décisions médico-économiques [aujourd’hui, ils sont simplement consultés, ndl] », invite le Dr Benzaken. Une participation accrue qui pourrait peutêtre permettre de résoudre l’un des plus gros problèmes auxquels est confronté l’hôpital : « l’attractivité et la fidélisation des personnels en place ». Allusion claire au manque d’anesthésistes en particulier qui défraie depuis des mois la chronique.
« La situation est certainement encore plus compliquée au CHU de Nice, alors que les grandes restructurations architecturales (deuxième tranche de l’hôpital Pasteur 2, hôpital l’Archet, etc.) ne sont pas achevées. Ce qui plombe les comptes : on perd beaucoup de temps pour payer les intérêts d’emprunt », conclut le Pr Paquis.
1.Plan relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé, présenté le 19 septembre 2018 par Emmanuel Macron.