Stanislas Guerini : « Faire gagner les idées de progrès »
Le délégué général de LREM défend une approche très pragmatique des élections municipales par son parti, qu’il espère voir obtenir 10 000 conseillers municipaux, tout en combattant le RN
Député de Paris, Stanislas Guerini est délégué général de La République en marche depuis le 1er décembre 2018. Il avait alors succédé à Christophe Castaner. Il s’efforce, aujourd’hui, de gérer, avec un souci revendiqué d’efficacité, une campagne municipale complexe pour son parti, qui part quasiment de zéro dans l’implantation locale. Le mouvement n’a pas encore arrêté son positionnement pour Nice, où un soutien au maire sortant Christian Estrosi semble toutefois, à mots couverts, largement tenir la corde.
Entre candidats LREM autonomes dans certaines communes et soutien à des maires en place (le plus souvent de droite) dans d’autres, votre stratégie municipale est assez illisible…
Je poursuis un but simple : faire gagner les idées progressistes, partout en France. Cela se traduit, pour les municipales, par deux objectifs politiques : le premier vise à démultiplier le nombre d’élus locaux LREM, en les faisant passer de à , pour implanter notre mouvement et agir plus efficacement. Le second est de consolider la majorité présidentielle, qui n’existe presque pas au niveau municipal. Et il y a beaucoup d’élus locaux progressistes qui ne nous ont pas encore rejoints avec lesquels nous bâtissons des rassemblements de projet. Quant au soutien plus fréquent que nous apportons à des maires de droite, il tient au fait que la carte des sortants comporte un peu plus de maires de droite que de gauche.
Quel est l’ADN d’un candidat marcheur aux municipales ?
Quelques engagements éthiques sont pour nous incontournables. Les candidats que nous soutenons ou investissons s’engagent par écrit sur une charte en dix points, touchant notamment à la probité et à la parité. Au-delà de ça, nous sommes partis sur le terrain voir les idées qui marchent un peu partout en France, pour bâtir un socle de trois cents propositions destinées à irriguer les projets de nos candidats. Elles dessinent le portrait de nos futurs maires : des maires engagés à mener une transition écologique concrète et non incantatoire, qui seront les garants des valeurs républicaines, de l’égalité, de la lutte contre les communautarismes comme de la sécurité au quotidien, de l’attractivité économique et du lien social. Des maires engagés également dans un changement de méthode, associant réellement les citoyens à leur gouvernance, par exemple à travers des comités « zéro dépense inutile ».
A Nice, deux élus marcheurs ont sollicité l’investiture LREM face au maire LR sortant Christian Estrosi. Qui allez-vous soutenir ?
Nous sommes engagés dans une discussion avec Christian Estrosi, dont chacun connaît les liens avec Emmanuel Macron et qui s’inscrit dans une attitude constructive par rapport à la majorité présidentielle. Cette discussion continue. La décision qui sera prise, avant la fin du mois, le sera en tout cas dans le respect de nos marcheurs, je pense en particulier au député Cédric Roussel.
Les choses doivent être claires de part et d’autre, c’est pourquoi j’assume de prendre mon temps pour arrêter une position sur laquelle nos marcheurs soient à l’aise pour se rassembler.
Est-il encore possible que vous investissiez Cédric Roussel ?
Quand on mène une discussion, on n’exclut aucune hypothèse.
A Menton, la députée Alexandra Valetta-Ardisson a renoncé à se présenter et il n’y a pour l’heure aucun candidat marcheur. Qui soutiendrez-vous donc ?
Menton est le type de ville où existe un risque de voir gagner le Front national (sic). Et dans ces villes-là, nous prendrons nos responsabilités. Soit en soutenant une personnalité extérieure à même de rassembler les forces progressistes, comme nous le faisons à Brignoles, soit en invitant les candidats à se rassembler derrière celui ou celle que nous avons investi, comme à Saint-Raphaël ou Saint-Maximin, soit en ne présentant pas de candidat au premier tour, ce qui est peut-être la décision que nous retiendrons à Menton ().
Ce qui signifierait, en clair, un soutien tacite au maire LR sortant Jean-Claude Guibal…
Dans un premier temps en tout cas, pour ne pas complexifier la situation locale et maximiser les chances de battre le FN, nous pourrions être conduits à ne pas présenter de candidat.
A Paris, la double candidature Griveaux - Villani fait désordre…
Pour moi, les choses sont très claires : il n’y a qu’un candidat investi par LREM, qui s’appelle Benjamin Griveaux et qui fait une bonne campagne, avec des propositions concrètes pour changer la vie des Parisiens. C’est, aujourd’hui, le candidat qui rassemble. Je regrette que Cédric Villani se soit lancé dans une aventure solitaire. Il va falloir qu’il choisisse : soit on est à LREM, soit on est en dehors. Sa liste va à l’encontre de son mouvement, qui l’a fait député, mais aussi du chef de l’Etat.
Le ministre de la Ville, Julien Denormandie, va se lancer dans une tournée pour « faire battre » le RN. Est-ce bien son rôle ?
C’est un propos reproduit par Le Figaro. Pour moi, il n’y a aucune ambiguïté : toutes les personnalités de la majorité, qu’elles soient ministre, député, élu local ou militant, mènent un combat qui sera toujours prioritaire contre le Front national. Mais la façon la plus efficace de le combattre est d’apporter des solutions, ce parti prospérant sur les crises. Et par son action, parce qu’il crée des logements, parce qu’il génère de la mobilité pour les jeunes, Julien Denormandie lutte déjà au quotidien contre le Front national.