La dernière Sainte-Dévote de Mgr Barsi
Après cinquante ans de sacerdoce, et vingt ans à la tête du diocèse de la Principauté, l’archevêque a dit “au revoir” à ses fidèles. Une journée singulière, suivie heure par heure
C’est ma dernière vraie messe. » Est-ce que Monseigneur Bernard Barsi se sentait bien hier matin ? «Serein» , a-t-il fini par dire. Mais aussitôt de rajouter : « J’appréhende un peu la troisième partie de la matinée au musée océanographique. » Après cinquante ans de sacerdoce et vingt ans à la tête du diocèse de Monaco, l’archevêque a du métier ! Il est même devenu « émérite », depuis la nomination par le Pape François, le 21 janvier, de Mgr Marie-Dominique David qui lui succédera officiellement le 8 mars. Alors Mgr Bernard Barsi savait, hier matin à l’archevêché, que la messe d’action de Grace donnée en la cathédrale devant le couple princier et quelque huit cents fidèles à l’occasion de la Sainte-Dévote, se déroulerait comme du papier à musique. Mais après la cérémonie religieuse et la procession des reliques de la patronne de Monaco dans les rues du Rocher, tous les regards se sont portés sur lui seul, lui pour qui le prince Albert II et le maire Georges Marsan ont prononcé un discours dans la salle de conférences du Musée océanographique. Des mots pour dire « au revoir ». (Lire page suivante)
Et pas d’adieux donc, puisqu’« un évêque n’est jamais retraité. Je n’ai plus de charge. Mais le travail est toujours là. »
« Vous encourager à progresser dans la foi »
Et en ces deux jours de Sainte-Dévote, les journées ont été denses. « Dimanche soir, nous avons fini un peu tard après le dîner. Une dizaine d’évêques et de vicaires ont dormi à l’archevêché tandis qu’habituellement, nous sommes trois. »
Mais Mgr Barsi, connu pour son caractère jovial et chaleureux, semble aimer recevoir tout ce monde en calotte de soie violette. « Messieurs les évêques français, accueillez les évêques italiens. Buongiorno ! » Quelques mots échangés, et l’heure de la messe approche : «Bon,eh bien écoutez, habillez-vous. » Dans la sacristie où sont alignées les chasubles rouges (couleur quand on célèbre une martyre), chacun enfile son aube, sa chasuble, sa croix épiscopale et sa mitre. Ferxel, chargé du protocole et de la communication et le vicaire général Guillaume Paris donnent les dernières explications logistiques. « On va se mettre en place. » L’archevêque émérite de Monaco accueille le couple princier, les hautes autorités et personnalités du pays et s’installe au coeur du choeur. Dans son homélie, il évoque le martyre de Sainte Dévote. Puis ses propos deviennent plus personnels. « Au terme de mes vingt années d’épiscopat à Monaco, je voudrais vous redire, une fois encore, quelques-unes des convictions qui m’ont animé. Je souhaite surtout vous encourager à progresser dans la foi. Frères et soeurs, mettons Jésus-Christ, le Fils de Dieu, au centre de nos vies. « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Ac 4,12). Jésus a les paroles de la vie éternelle. Il est notre rocher, notre force, notre joie. Avec lui, nous sommes inébranlables comme le fut sainte Dévote. » Dorénavant, l’histoire de Mgr Barsi est liée pour toujours à cette jeune martyre, patronne pour laquelle les Monégasques et amis de la Principauté, ont un attachement à la fois sincère et authentique.