Monaco-Matin

Le « Louis XV » conserve ses trois étoiles

Entre sanctions d’étoilés (Chantecler, Oasis, Bacchanale­s...) et ouverture aux nouvelles adresses, le passage du guide Michelin sur la Côte d’Azur marque une vraie-fausse révolution

- JACQUES GANTIÉ

Le guide Michelin a rendu son verdict hier avec son lot de nouveaux étoilés, d’étoiles perdues et d’établissem­ents qui passent entre les gouttes.

Les gagnants

Dans les Alpes-Maritimes, le guide ouvre les yeux sur la bistronomi­e haut de gamme en étoilant Pure & V (Nice), son excellent chef, le Danois Mathias Silberbaue­r et Vanessa Massé, ardente avocate des vins nature. Bien vu et rafraîchis­sant. La nouvelle génération encore est récompensé­e avec l’étoile de La Flibuste-Martin’s, à Marina Baie des Anges (Villeneuve-Loubet) où le punch et le style d’Eugénie Béziat a payé.

Les perdants

Au-delà de ces bonnes nouvelles, le lot d’injustices et d’oublis est toujours aussi fourni dans une édition marquée par l’absence de nouveaux 2 étoiles dans le départemen­t. Une édition cinglante pour Le Chantecler (Hôtel Negresco), qui passe de deux à une étoile, où Virginie Basselot n’a pas démérité mais où l’estampille palace est bien lourde à porter. Une mauvaise nouvelle pour l’image de Nice. A Roubion, « L’Auberge Quintessen­ce » de Pauline et Christophe Billau perd le macaron obtenu l’an dernier. Jugement discutable pour une maison-courage qui a parié sur la gastronomi­e en altitude. Les fervents de cette adresse appréciero­nt ce qui est aussi une sanction pour le haut pays niçois. Sanctions encore pour L’Oasis à Mandelieu, qui perd son étoile, maison on ne peut plus « historique » où un sacré défi attend le nouveau chef Nicolas Decherchi (ex Paloma à Mougins, fermé par son propriétai­re tchèque). Celles perdues au Clos Saint-Pierre (Le Rouret) de Daniel Ettlinger, pourtant régulier, et à Bacchanale­s (Vence) du créatif Christophe Dufau s’ajoutent au chapitre « sale temps pour les étoilés », contrairem­ent à la perte et non sanction du regretté Cigalon (Valbonne), devenu le pétillant « Loulou Bleu ».

Dans le Var

Dans le Var, un deuxième macaron récompense la gastronomi­e limpide et la conduite bio d’Eric Canino et Nicolas Lopez à La Voile (La Réserve Ramatuelle), tandis que Yorann Vandriessc­he obtient le sien à L’Arbre au Soleil, sur le port du Lavandou .Unvrai talent du Nord dans la lumière du Sud que nous avions reconnu dans la chronique Saveurs de notre magazine #NOUS. Mais alors que le retrait demandé par Jérôme Masson (La Rastègue à Bormes-les-Mimosas) est acté et que La Bastide de Saint-Tropez perd l’étoile avec le départ de Philippe Colinet, les espoirs à deux macarons Sébastien

Sanjou au Relais des

Moines aux Arcs, Benjamin Collombat au Château de Berne à Flayosc - sont à nouveau déçus.

Etoile verte

Enfin, le guide s’ouvre au développem­ent durable en créant une étoile verte, attribuée, sur la Côte, à trois gardiens de talent, Mauro Collagreco (Le Mirazur à Menton), Bruno Cirino (L’Hostelleri­e Jérôme à La Turbie) qui vient d’ouvrir « Racines » à Nice, et JeanFranço­is Bérard (L’Hostelleri­e Bérard à La Cadièred’Azur dans le Var), et récompense les chefs pâtissiers de La Palme d’Or (Cannes) ,de la Villa Archange (Le Cannet) et du Château de Berne (Flayosc).

Kit de survie

Plus au large, que dire sur cette édition ? Hier juge suprême, aujourd’hui moins dominateur mais toujours nécessaire, le guide ajuste sa stratégie au temps des réseaux sociaux, du courant Fooding et de TripAdviso­r auxquels il s’est associé. Un kit de durée, voire de survie. Communicat­ion soigneusem­ent orchestrée, dégradatio­n post mortem du restaurant Paul Bocuse, les déclassés prévenus aux dernières heures et dévoilant eux-mêmes leur mauvaise fortune... c’est, aussi, le « nouveau Michelin ». Enfin, vit-on mieux avec ou sans étoile ? A quelques exceptions, pour les chefs, c’est incontesta­blement avec mais bien plus compliqué est d’imaginer une gastronomi­e de demain aux multiples visages et submergée de jugements. Et dans cette perspectiv­e, le guide rouge, papier ou numérique, restera-t-il la référence ?

 ??  ??
 ?? (Photo E.C.) ?? Le « Louis XV » d’Alain Ducasse conserve ses trois étoiles
(Photo E.C.) Le « Louis XV » d’Alain Ducasse conserve ses trois étoiles
 ??  ?? Développem­ent durable oblige, le Guide Michelin a également décerné une étoile verte à Mauro Collagreco (Le Mirazur à Menton). (Photo Dylan Meiffret)
Développem­ent durable oblige, le Guide Michelin a également décerné une étoile verte à Mauro Collagreco (Le Mirazur à Menton). (Photo Dylan Meiffret)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco