Sandrine, socio-esthéticienne, soigne les maux du corps
Quelles parties du corps sont impactées ?
Sandrine Verecque : Il y a la perte des cheveux, des cils et des sourcils. La peau, le principal vecteur avec l’extérieur, est aussi touchée. Une partie de l’épiderme s’appauvrit, s’affine et, de fait, est brûlée par les rayons UV surtout au niveau des ongles des mains et des pieds. Il faut protéger la matrice des ongles alors je suis là pour créer une sorte de pansement sur ceux-ci. De plus, je restructure les sourcils au crayon car je ne suis pas dermographe.
De fait, avec la maladie et le traitement, le rapport au corps change…
Pas de cheveux, ni de cils et sourcils. Leur féminité en prend un coup. Elles ne rejettent pas leur corps, elles doivent faire avec. Il faut s’accepter tel qu’on est, avec ce qu’on a, avec ce qu’il nous reste. L’essentiel est qu’elles se réconcilient avec leurs corps. Les massages prodigués ne se font pas qu’au niveau du visage mais aussi sur le corps. Je leur fais un drainage lymphatique qui leur procure un grand moment de détente. À la fin du massage, je leur englobe le crâne et opère un massage stimulant qui permet la pousse. Libre à elle de mettre une perruque ou non.
La perruque, une façon de se protéger ?
Oui, du regard des autres qui peut être intrusif.
Quel est le but de vos soins ?
Le bien-être. Il y a une douleur, émotive comme physique, qu’il faut faire oublier. Durant les soins, je ressens plus de douleur émotionnelle, laquelle est due à la dureté de cette bataille contre le cancer. Après, on n’est pas des soeurs, ni des miraculeuses de Lourdes. Mais il y a un bien-être procuré sur le moment.
Il y a aussi un dialogue…
Elles parlent beaucoup. De leurs préoccupations de mecs, des enfants. Elles sont plus pudiques à l’approche d’échéances cruciales. Je ressens les tensions musculaires, cette angoisse, comme s’il y avait une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Ces échéances sont inévitables. On ne peut rien y faire, à part les accompagner au mieux.