Monaco-Matin

Z. Breitman : « Je préfère le tout public au jeune public »

En adaptant le texte de Serge Kribus, Thélonius et Lola, la metteuse en scène offre une création destinée à toutes les génération­s. Poésie et profondeur à Anthéa, dès demain soir, à Antibes

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Cucul la praline ? Il est persona non grata ! Pas question de tomber dans la mièvrerie sous prétexte de proposer une oeuvre à portée des plus jeunes : voici la philosophi­e défendue par Zabou Breitman. Mettant en scène le texte de Sergie Kribus, Thélonius et Lola ,elledévoil­e tout un univers tricoté de pelotes poétiques et réalistes. Une bulle coproduite par Anthéa à découvrir sur les planches du théâtre dès demain soir.

Quelle a été votre première rencontre avec le texte de Serge Kribus ?

Oh, c’était il y a une dizaine d’années. L’auteur m’avait faire lire le texte qui n’était pas encore édité. À cette période-là, je voulais le monter. Lorsque l’auteur la fait, j’ai abandonné l’idée. Et puis, le temps est passé et j’ai eu l’occasion de travailler avec la Maison de la Culture d’Amiens. Je voulais faire du spectacle tout public, je préfère cette appellatio­n au « jeune public ». Parce que le mieux c’est quand il y a tout le monde : de  à  ans. J’ai adapté pas mal de choses du texte original : Lola à  ans, là sur le plateau elle en a . Je connais bien les enfants, il fallait qu’elle soit plus jeune.

Ah oui ça va vite !

Les enfants évoluent beaucoup, mine de rien ça change tout ! Je me suis cassé la tête aussi pour la fin. Je tenais vraiment à ce qu’on ne soit pas dans du classique « enfantin ». Je voulais quelque chose de resserré, avec l’émotion et l’artistique au premier plan. En premier, lieu cela a été un vrai travail avec les acteurs. L’un joue un chien, l’autre une petite fille…

Il ne faut pas tomber dans la caricature du coup…

Surtout pas ! L’adaptation du texte joue beaucoup là-dedans. Et le jeu fait le reste : incarner une enfant de huit ans et demi, ce n’est pas jouer les débiles ! Ce qui va donner du réalisme c’est une façon d’être, c’est comporteme­ntal. Et c’est vrai que ce n’est pas forcément naturel à  ans de trouver immédiatem­ent la justesse. Mais on y est !

Ce travail de comédien demande de retrouver ce que l’on a perdu en grandissan­t ?

Non c’est plus compliqué que cela. Il faut observer les enfants. Le fait qu’elle n’ait pas  ans permet aussi d’avoir beaucoup plus d’innocence. parce qu’elle va traverser la France en camion avec un chien sans collier. Ce qui est intéressan­t c’est de travailler sur le savoir tacite des enfants, ils savent des choses qu’ils ne savent pas qu’ils savent. [rires] C’est vraiment chouette d’avoir des plus jeunes dans la salle qui, après avoir vu le spectacle avant, avec leur école par exemple, ramènent les parents, leurs proches. C’est aussi pour cela que je tenais à avoir des dates où l’on joue le soir.

Du coup les lectures sont différente­s !

Oui, les petits sont surexcités sur certains passages, les adultes rient à d’autres trucs. Et puis il y a aussi un rap. Un super rap roumain où les mômes deviennent hystérique­s. Parce que Charly Fournier chante vraiment bien. Il ne fallait pas tomber dans un truc ringard, à moitié assumé genre : « Yo yo je fais du rap ouais ». La chanson est vraiment top. Et il a aussi un autre morceau un peu plus entre Aznavour et Serge Lama… Voilà c’est un chien qui veut faire des trucs réalistes. Et à la fin, ceux qui connaissen­t le livre verront la différence : la chanson n’est pas la même. J’en ai réécrit une qui me correspond­ait mieux. Sarah Brannens chante extrêmemen­t bien aussi et elle a appris l’accordéon, il fallait en profiter ! C’est une performanc­e ce spectacle pour tous les deux qui dure une heure.

C’est intense !

C’est un objet rapide, rapide, serré, dense où l’on passe dans divers registres : tout n’est pas cousu de fil rose. C’est drôle parce que dans les moments dramatique­s ça ne moufte pas dans la salle ! Et c’est drôle bien évidemment. Mais cela va chercher plus loin. Personnell­ement, le côté « pouet pouet », ça ne me fait pas poiler.

Comment s’est réalisé le choix des deux comédiens ?

Charly je le connais bien, c’était évident pour lui. Mais pour Lola il a fallu une audition, énorme. Je voulais que la comédienne soit partante pour beaucoup de choses et capable aussi d’exister à côté de Charly qui est extraordin­aire. Et Sarah Brannens est parfaite. Tous les deux sont dingues, il y a une osmose et une véritable complicité entre eux, c’est un cast en or. Ça aussi ça fait partie de la réussite d’un spectacle. Bref, c’est un grand panard cette création !

 ?? (Photo archives Hélène Dos Santos) ??
(Photo archives Hélène Dos Santos)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco